À la CEDEAO de prendre ses responsabilités
Le régime du président Mohamed Bazoum est tombé comme une mangue trop mûre.
Les déclarations de principe de la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), de l’Union Africaine, de l’ONU, des Etats-Unis et de la Banque Mondiale n’auront servi à rien. Les mutins n’ont pas cédé aux trop molles pressions d’une communauté internationale peut-être lasse de voir ce même disque raillé souffler sur le Sahel.
Réconfortés par les cas du Mali, de la Guinée et du Burkina Faso où des militaires ont pris le pouvoir par les armes, en violation des principes du protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et les droits de l’homme, ces soldats nigériens enterrent trop facilement une expérience démocratique saluée par son exemplarité. Il y a à peine un mois, le président Mahamadou Issoufou, le prédécesseur de l’infortuné Mohamed Bazoum, était lauréat du prix Mo Ibrahim pour avoir quitté le pouvoir au bout de deux mandats sans chercher à tripatouiller la constitution comme le fit un certain Alpha Condé.
Il importe maintenant pour la communauté internationale de mettre fin à cet effet domino en revenant aux principes. La CEDEAO devrait s’en rendre compte : l’on ne négocie pas avec les putschistes. Face aux auteurs du coup d’Etat, l’on fixe un ultimatum et l’on défend le droit et la démocratie par tous les moyens. Autrement, Yaya Jaemmeh serait toujours là au déplaisir de la majorité des gambiens qui l’ont renvoyé par les urnes. A trop louvoyer avec la soldatesque, on encourage le populisme et on met toutes les expériences démocratiques en péril. La CEDEAO qui croyait avoir définitivement tourné cette page au début des années 2000 doit agir au plus vite. Il importe au président Bola Tinubu du Nigeria, porté à la tête de l’organisation ouest africaine il y a quelques semaines, de sonner le tocsin. Quant à l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA), elle doit désormais, en plus des fardeaux du Mali et du Burkina Faso, traîner un autre grand corps malade. Les détenteurs des Bons assimilables au Trésor (BAT) et des obligations (OAT) ne dormiront ce soir que d’un seul œil.