L’intégration régionale de l’Afrique réalisée à travers la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) est impérative pour la croissance économique et le développement du continent, déclare Joe Attah-Mensah, Conseiller principal en politique, à la Commission économique pour l’Afrique (CEA).
« De nombreux Africains aspirent, à ce que les 55 économies fragmentées du continent soient intégrées en une seule économie forte, robuste, diversifiée et résiliente », a déclaré M. Attah-Mensah, lors d’un séminaire d’adieu sur le thème, « L’Afrique s’intègre-t-elle ou se désintègre-t-elle ? Une réflexion sur les 20 dernières années et l’avenir ». Le séminaire était organisé par le personnel de la CEA pour marquer son départ à la retraite.
La ZLECAf est une zone de libre-échange lancée en 2019 par les pays africains afin de créer un marché continental unique avec une population d’environ 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné d’environ 3 400 milliards de dollars américains. Avec pour objectif de réaliser son plein exercice, la ZLECAf, qui a pour mandat d’éliminer les barrières commerciales, sera la plus grande zone de libre-échange au monde réunissant les 55 pays. À ce jour, il a été signé par 54 pays africains et ratifié par 47 d’entre eux. Tout au long de sa carrière à la CEA, M. Attah-Mensah est largement reconnu comme un défenseur passionné du programme d’intégration régionale.
Une Afrique intégrée est une Afrique prospère
Dans une présentation ponctuée de dictons et de déclarations des dirigeants fondateurs de l’Afrique, M. Attah-Mensah a souligné qu’une Afrique intégrée est sous-tendue par des infrastructures transfrontalières de premier ordre, une main-d’œuvre hautement éduquée, flexible et mobile ainsi qu’un capital financier très mobile. En outre, des installations sanitaires saines, la paix et la sécurité sont essentielles pour soutenir une Afrique intégrée.
M. Attah-Mensah a appelé à investir et à « renforcer les infrastructures des chaînes d’approvisionnement, comme les transports, les communications, les services publics et la technologie pour soutenir la ZLECAf ».
Supprimer les visas pour les Africains
« Abolissez les visas pour les Africains voyageant en Afrique », a déclaré M. Attah-Mensah, illustrant la délivrance de visas à l’arrivée comme « insuffisante » et a suggéré que les pays pourraient « partager des informations pour interdire les Africains qui présentent un risque pour la sécurité ».
Il a appelé les États membres à ratifier le Protocole au Traité instituant la Communauté économique africaine relatif à la libre circulation des personnes, au droit de résidence et au droit d’établissement, mettant en exergue le lien existant « entre la libre circulation des personnes et la croissance économique et la contribution de la libre circulation des personnes à la création d’un marché commun ».
Alors que le Protocole sur la libre circulation des personnes a été signé par un certain nombre d’États membres, seuls quatre l’ont ratifié. Certains États membres ont assoupli les restrictions de voyage en facilitant l’entrée sans visa pour les Africains voyageant sur le continent et en délivrant des visas à l’arrivée.
M. Attah-Mensah a également appelé les États membres à adopter l’Intelligence artificielle pour approfondir l’intégration régionale, notant que les applications émergentes d’apprentissage automatique et d’apprentissage artificiel promettent de remodeler les soins de santé, l’agriculture et la démocratie dans le monde en développement.
Abordant les questions d’infrastructures, il a souligné l’importance d’avoir une électricité fiable et abordable, soulignant la nécessité de « résoudre de toute urgence les coûts énergétiques constamment élevés, qui augmentent le coût de production et réduisent la compétitivité du commerce ».
La CEA en appui à l’intégration régionale
M. Attah-Mensah s’est également attardé sur le rôle d’appui de la CEA, à l’Organisation de l’unité africaine, maintenant l’Union africaine qui a été central notamment en matière de son programme d’intégration et a informé l’auditoire que la Conférence des ministres des finances de la CEA de 1963 à Khartoum, au Soudan, a donné naissance à la Banque africaine de développement ( BAD). En outre, la CEA a apporté son appui à la création de certaines Commissions économiques régionales.
Le Secrétaire exécutif par intérim de la CEA, Antonio Pedro, a félicité M. Attah-Mensah pour son « engagement et son rôle clé dans la promotion de l’intégration régionale en Afrique » et a reconnu sa contribution substantielle au travail de la CEA.
La Secrétaire exécutive adjointe et Économiste en chef, Hanan Morsy, a félicité M. Attah-Mensah pour sa passion, ses réalisations et son engagement envers le programme d’intégration régionale et lui a souhaité une retraite fructueuse.
Pour sa part, Robert Lisinge, Directeur par intérim de la Division du développement du secteur privé et des finances et collaborateur de longue date sur les questions d’infrastructures, a adressé ses remerciements au nom du personnel de la CEA.
Le séminaire était présidé par Said Adejumobi, Directeur de la Division de la planification stratégique, du contrôle et des résultats de la CEA. Plus de 300 dignitaires, collègues passés et présents, membres de la famille et amis ont assisté en ligne et en personne pour célébrer l’illustre carrière de Joseph Attah-Mensah et ses contributions à la CEA et au programme d’intégration régionale de l’Afrique. Parmi les orateurs figuraient l’ancien Secrétaire exécutif de la CEA, K.Y. Amoako ; l’ancien Vice-Président de l’UA, Erastus Mwencha ; le Haut Représentant de l’UA de l’Initiative « faire taire les armes », Mohammed Ibn Chambers ; l’Économiste, ancien Ministre des finances du Malawi et ancien Commissaire de l’UA aux affaires économiques, Maxwell Mkwezalamba ; l’Économiste et ancien Ministre des finances de la Tunisie, Hakim Ben Hammouda ; le Conseiller principal d’Albert Muchanga, Commissaire de l’UA pour le commerce et l’industrie, Jean-Bertrand Azapmo ; l’ancien Haut fonctionnaire de la BAD, Lamin Manneh ; et la Deuxième dame de la République du Ghana, Samira Bawumia, qui a parlé au nom du Vice-Président du Ghana, Mahamudu Bawumia. Étaient également présents l’ancien Commissaire de l’UA, Anthony Maruping, et l’ancien Secrétaire général du COMESA, Sindiso Ngwenya. Ayodele Odusola, le Représentant résident du PNUD en Afrique du Sud et Stephen Karingi, Directeur de la Division de l’intégration régionale et du commerce, à la CEA ont contribué à la présentation d’Attah-Mensah.
Décrit comme une « voix intrépide et parfois solitaire », Attah-Mensah prend sa retraite de la CEA après deux décennies de service dévoué à divers titres. Il a dirigé la planification organisationnelle des travaux notamment le rapport sur l’État de l’intégration régionale en Afrique et de nombreuses recherches axées sur les politiques. Auparavant, M. Attah-Mensah a travaillé pour la Banque centrale du Canada.
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