Une douche froide sur les “Bidenomics”
En 2011, la perte de la note AAA par les Etats-Unis avait fait sensation. Douze ans plus tard, la première économie mondiale se voit dégradée à AA + par Fitch Ratings à cause d’une “érosion de gouvernance” liée aux crises à répétition sur le plafond de la dette. L’agence avait placé la note sous surveillance en mai dernier.
Les protestations de la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, disant “je désapprouve fortement la décision de Fitch”, ne changeront à rien à l’opinion de ladite agence. Encore moins, les critiques du porte-parole de la Maison Blanche, qui dit désapprouver la décision de Fitch. “Cela défie la réalité de déclasser les Etats-Unis à un moment où le président Biden a assuré la reprise la plus forte de toutes les grandes économies du monde”.
“Il y a eu une détérioration constante des normes de gouvernance au cours des 20 dernières années, y compris en matière budgétaire et de dette, malgré l’accord de juin, soutenu par les deux partis, visant à suspendre le plafond de la dette jusqu’en janvier 2025.
L’administration du démocrate Joe Biden et l’opposition républicaine avaient trouvé in extremis début juin, un accord difficile pour relever le plafond de la dette et éviter un défaut de paiement des Etats-Unis. Au delà de l’intense bataille autour du plafond de la dette, Fitch relève la “détérioration budgétaire attendue au cours des trois prochaines années” ainsi qu’une “charge de la dette publique élevée et croissante”.
Pour le moins, cette dégradation est une douche froide sur les “Bidenomics”, la politique économique de Joe Biden faite d’incitations financières massives pour réindustrialiser le pays et l’engager dans la transition énergétique. Pour ses détracteurs, les Bidenomics, argument de campagne de l’actuel président en lice pour sa réélection, se font avec les géopoliticiens et non avec les économistes. Dans sa consistance, le programme économique de Joe Biden va du plan de relance de 1 900 milliards de dollars pour la relance post pandémie de Covid-19 aux 550 milliards de dollars pour la modernisation des infrastructures en passant aux 430 milliards de dollars destinés à la transition énergétique. A cela s’ajoute le “CHIPS Act” d’un montant de 280 milliards de dollars favorisant l’innovation technologique. Fort de 13 millions d’emplois créés se d’un taux de chômage historique de 4%, le président Biden a certainement des arguments à faire valoir face à un Donald Trump, favori selon les sondages mais confronté à des ennuis judiciaires.
Les USA perdent leur triple A (Fitch)
Albert Savana
Journaliste depuis 20 ans dans la presse économique africaine et auteur de plusieurs enquêtes et reportages. A couvert plusieurs sommets de l’Union Africaine, de la Commission économique africaine et de la Banque Africaine de Développement.
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