Par Aaron AKINOCHO.
L’agenda diplomatique du président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, était particulièrement chargé cet été. En juillet, après avoir reçu le président kényan William Ruto, il a rendu visite à son homologue rwandais Paul Kagame, puis a participé au sommet Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg. Le mois d’août s’ouvre par une visite au Brésil, suivie de la réception de la Première ministre italienne Georgia Meloni, et se clôturera par une invitation au sommet des BRICS à Johannesburg.
Juillet sous le signe de la diplomatie africaine
En juillet 2023, le président de la République du Congo Denis Sassou Nguesso (DSN) a multiplié les rencontres avec d’autres chefs d’État. Il a ainsi reçu, du 7 au 9 juillet, son homologue kényan William Ruto, à Brazzaville et à Oyo, dans le nord du pays. Le président kényan s’est fendu d’un discours remarqué devant le Parlement congolais : il y a insisté sur la lutte contre le changement climatique, la réduction de la dette des pays africains et la nécessité d’améliorer le commerce inter-africain. Cette visite a aussi permis la signature de 18 accords de coopération et mémorandums d’entente entre le Congo et le Kenya, sur de larges sujets – visas, tourisme, gestion durable des forêts, agriculture, mines, éducation, pétrole et gaz. « Ces accords ne seront pas des documents de tiroir : nous allons suivre leur exécution », a promis DSN.
Le président congolais s’est ensuite rendu au Rwanda, les 21 et 22 juillet 2023, pour y rencontrer son homologue Paul Kagame. La coopération économique fut au cœur de cette visite, notamment la question agricole, puisque les deux pays ont renforcé un accord signé à Oyo, en avril 2022, qui prévoit notamment l’attribution à des sociétés rwandaises de 12 000 hectares de terres agricoles de la République du Congo. Ce voyage a aussi permis de formaliser un accord d’exemption de visas pour les voyages entre les deux pays, afin de favoriser tourisme, échanges culturels, et économiques. Cette visite avait également une visée diplomatique, Denis Sassou Nguesso jouant un rôle de médiateur dans le conflit opposant le Rwanda et la République démocratique du Congo (RDC).
Dans un discours devant le Parlement rwandais, DSN a appelé à un développement économique résolument panafricain. « Aucun État ne peut, tout seul, faire face aux coûts onéreux des projets destinés à doter nos pays d’équipements et des voies de communication modernes, comme des infrastructures ferroviaires, aéroportuaires et énergétiques », a-t-il lancé. Il a plaidé pour atteindre « un niveau d’autonomie collective suffisante » pour assurer le « développement industriel du continent ». « Développer l’Afrique reste donc à notre portée. Mais, il nous faut œuvrer, chaque jour, à la consolidation de la paix », a-t-il conclu.
Denis Sassou Nguesso s’est ensuite envolé pour Saint-Pétersbourg, pour le second sommet Russie-Afrique, qui a réuni, les 27 et 28 juillet 2023, 49 délégations de pays africains, dont 17 chefs d’État, autour du président russe Vladimir Poutine. Après avoir pointé d’inattendues difficultés logistiques pour atteindre la Russie, le président de la République du Congo a pris la parole devant les autres délégations : il a insisté une nouvelle fois sur la nécessité de doter l’Afrique d’infrastructures nécessaires à son développement économique. Il a aussi appelé à la fin du conflit en Ukraine, en affirmant que, pour cela, « l’initiative africaine ne doit ni être négligée, ni être sous-estimée ».
Denis Sassou Nguesso a conclu le sommet par un acte à la forte portée symbolique. Comme Macky Sall (président du Sénégal), Umaro Sissoco Embalo (président de la Guinée-Bissau) et Azali Assoumani (président des Comores et de l’Union africaine), il a en effet refusé de participer à la traditionnelle photo des chefs de délégations, pour protester contre la présence de dirigeants de pays sanctionnés par l’Union africaine.
Août : BRICS et énergie
Le marathon diplomatique estival de DSN se prolonge par une visite officielle au Brésil, ces 8 et 9 août, au Sommet pour l’alliance de la forêt amazonienne, à l’invitation du président brésilien Lula da Silva. Les deux hommes s’étaient déjà entretenus durant le Sommet pour un nouveau pacte financier mondial, à Paris, fin juin 2023 : Lula veut faire de Denis Sassou Nguesso son principal appui pour sa reconquête économique et diplomatique de l’Afrique. Preuve de liens qui se resserrent entre les deux dirigeants, Lula s’est déjà engagé à participer au Sommet des trois bassins forestiers tropicaux de la planète et de la biodiversité, du 28 au 29 octobre 2023 à Brazzaville.
Denis Sassou Nguesso devrait ensuite recevoir, courant août à Brazzaville, la Première ministre italienne Georgia Meloni, pour une rencontre placée sous le signe de l’énergie. Au printemps 2022, le Congo avait en effet signé un accord avec le géant italien des hydrocarbures Eni pour lui fournir du gaz naturel liquéfié et réduire la dépendance italienne au gaz russe.
Denis Sassou Nguesso se rendra enfin du 22 au 24 août à Johannesburg, en tant qu’invité spécial du président sud-africain Cyril Ramaphosa pour un sommet des BRICS qui s’annonce historique. En effet, si Vladimir Poutine brillera par son absence, pour éviter aux autorités sud-africaines d’avoir potentiellement à l’arrêter, la réunion devrait être l’occasion pour l’alliance formée par le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud d’annoncer un spectaculaire élargissement. Les représentants de 71 pays ont été invités au « plus grand rassemblement de ces derniers temps de pays du Sud », selon les mots d’Anil Sooklal, représentant des BRICS pour l’Afrique du Sud.