«Depuis 2022, Paps permet à ses clients de se connecter à un réseau logistique dans 220 pays»
Après ses premiers pas au Sénégal, l’entreprise de logistique Paps a étendu ses activités en Côte d’Ivoire et au Bénin, et s’est fixée pour objectif d’accélérer sa croissance et devenir le plus grand service de distribution de proximité en Afrique de l’Ouest, et dans le monde. La structure fondée et dirigée par le Sénégalais Bamba Lo a pour entre autres ambition de révolutionner le secteur de la logistique en Afrique. Autant de défis dont parle ce dernier dans cet entretien exclusif avec Financial Afrik.
Propos receuillis par Domiique Mabika
Vous avez fondé, en 2016, Paps qui est devenue une entreprise de logistique de référence au Sénégal et dans la sous-région ouest africaine. Pouvez-vous revenir sur le parcours qui a mené à cette innovation ?
Le chemin vient d’une expérience précédente, qui est notre première entreprise qui était un centre d’appel qui avait pour vocation d’aider les entreprises à vendre et, en faisant cela, nous avons découvert qu’il y avait un problème de process : nous demandions aux clients de venir récupérer leurs produits en agence. Seulement, nous nous sommes rendu compte que, sur 100 abonnés, il y avait environ 10 personnes qui venaient finaliser la vente, et donc payer. C’est pourquoi nous avons décidé de commencer à livrer, avec 50 sociétés de la place. Mais nous avions remarqué qu’avec certaines, on était très satisfait tandis qu’avec d’autres, nous ne l’étions pas. Et, parfois, lorsque la base de données n’était pas ciblée, par exemple vers des zones plus éloignées, il nous était difficile d’y aller. Donc, au départ, nous avons décidé d’internaliser en achetant un scooter et en faisant la livraison, nous-mêmes. Par la suite, nous nous sommes rendu compte que le problème ne se situait pas au niveau de la livraison, mais plutôt au niveau de l’infrastructure. Ceci étant, une livraison au dernier kilomètre n’était pas chose facile, sans un suivi formel des livraisons. C’est ainsi que Paps naît en août 2016, avec une offre de services nationaux, puis de services internationaux. Maintenant, nous sommes positionnés sur toute la chaîne logistique du 1er au dernier kilomètre.
Peut-on alors dire que votre initiative est née du constat d’un problème concret ?
Oui, un problème concret et fondamental, parce que si le client ne peut pas se déplacer, il faut aller vers lui. Quel que soit le produit ou le service qui se vend à des réseaux de détaillants, la question reste la même : comment je fais pour aller vers le consommateur ?
Pouvez-vous, maintenant, revenir sur les use cases de Paps ? Comment intégrez-vous vos solutions aux chaînes de valeur de vos clients pour les aider à maintenir une bonne logistique et ce, de façon à s’exporter à l’international ?
Paps se situe dans deux schémas de flux logistique : import et export. En effet, nous nous positionnons comme facilitateurs dans les chaînes logistiques ; cela veut dire que nous offrons à nos clients des solutions qui leur permettront de vendre leurs produits rapidement, sans en vendre nous-mêmes. C’est le cas, par exemple, des entreprises qui exportent/importent des colis depuis plusieurs pays ou encore des plateformes qui facilitent la vente de meubles conçus par les artisans locaux (portes, tables, chaises, lits…). Nous récupérons le produit transformé et le livrons au client final en étant un interlocuteur unique sur la chaîne de logistique. Il en est de même, pour le secteur pharmaceutique, où nous ambitionnons d’approvisionner 70% des pharmacies, à qui nous proposerons également un service de stockage. Nous envisageons aussi d’aider des entrepreneurs ayant réussi à lancer leur produit au niveau local à s’internationaliser dans d’autres pays voisins, comme la Côte d’Ivoire ou le Bénin.
Vous avez noué, en 2022, un partenariat avec l’américain UPS. Quels en sont les enjeux ?
C’est un partenariat dont nous sommes extrêmement fiers, qui est né d’une conversation informelle, dans laquelle nous évoquions les atouts qu’une entreprise comme Amazon arrive en Afrique. Nous avons pensé que, pour cela, il faudrait changer de modèle en rendant disponibles les produits faits dans notre pays sur une plateforme, pour qu’ils soient accessibles au monde entier. Par exemple, un fabricant de confiture devrait être en mesure de livrer partout, nonobstant sa capacité de production.
Nous pensions, aussi, que la meilleure manière de réaliser cela serait de nouer un partenariat avec une société logistique partenaire d’Amazon que nous convaincrons de l’intérêt de venir en Afrique. Finalement, nous avons fait mieux en nous associant à UPS, après un mois et demi de due diligence.
Quelles sont les réalisations dont vous êtes le plus fier à la tête de Paps ?
Notre fierté s’apprécie mieux sur le plan symbolique que sur le plan économique ou financier, puisque nous étions très loin du centre-ville et avions zéro scooter lorsque nous commencions Paps, et, maintenant, nous travaillons avec le numéro 1 américain de la livraison qu’est UPS. Sa valeur ajoutée est que nous pouvons connecter nos clients à un réseau logistique dans 220 pays, où livrer et recevoir.
En tant que pionnier des livraisons passant par Internet, pensez-vous que ce modèle est durable et quelle est votre opinion concernant l’avenir de la Supply Chain au Sénégal et en Afrique ?
Ce modèle est durable, à notre avis, parce qu’il apporte de la valeur à plusieurs parties prenantes, et tant qu’il y a des rendez-vous sur de la valeur, nous pouvons parier dessus. En tout cas, sur nos Papsers, qui sont de vrais entrepreneurs, à la disposition de qui nous mettons un véhicule et du carburant, lorsqu’ils n’en ont pas, pour qu’ils fassent des livraisons, qu’ils créent de la valeur, et qu’ils gagnent mieux que s’ils étaient dans une autre société de logistique. Pour le client final, notre valeur ajoutée se trouve dans la qualité de la livraison, grâce à l’information recueillie sur la plateforme, parce que c’est le manque d’information qui fait la mauvaise qualité et non le caractère informel. Nos Papsers reçoivent aussi une formation sérieuse à leur arrivée dans l’entreprise, ainsi qu’un prêt remboursable sur plusieurs mois. Un exemple de notre avantage compétitif : nous avons couvert 29 destinations en 2022 sans avoir un seul véhicule propre à l’entreprise, étant présent dans 03 pays (Sénégal, Bénin, Côte-d’Ivoire). Ceci est la preuve que la technologie permet des gains importants, comme dans l’hébergement, où Airbnb enregistre les plus gros chiffres, ou Uber avec les taxis.
Qu’est-ce que vous conseillez aux jeunes Africains qui souhaitent se lancer et réussir, comme vous, dans l’entrepreneuriat en général et dans la Supply Chain en particulier ?
Même avec le meilleur business plan du monde, on découvre des choses sur le terrain. Le plus important est de se lancer dans un domaine qui nous passionne véritablement. Ensuite, il faut s’associer avec des gens de même valeur, qui ont du talent et qui partagent notre passion, pour grandir.