Essentielles au développement économique et social, les télécommunications n’en sont qu’à un stade encore peu avancé en Afrique. Le littoral est relativement bien connecté à internet grâce à des câbles sous-marins venus d’Europe, mais l’intérieur du continent n’est presque pas relié, faute d’investissements. Dans ces conditions, le réseau internet mobile apparaît comme la solution pour connecter le centre de l’Afrique, et de nombreuses entreprises, comme Orange, Telecel, Vodacom ou MTN, sont à l’œuvre pour développer les systèmes nécessaires.
Investissements massifs
Le marché des télécoms, par son importance pour l’économie et les interactions humaines, a fait de l’Afrique un véritable eldorado pour les entreprises du secteur. Des multinationales comme Orange ou Vodafone, qui dominent largement le marché africain, investissent des sommes astronomiques pour développer leur réseau, mais il faut également compter avec certains acteurs émergeants en pleine expansion.
Le développement du réseau ne s’évalue toutefois pas à l’échelle continentale, mais étatique, les grands opérateurs se battant pour décrocher des contrats dans tel ou tel Etat. Au Cameroun par exemple, les deux principaux acteurs se partageant le marché, le français Orange et le sud-africain MTN, vont conjointement investir 156 milliards de FCFA, soit 252 millions de dollars, pour l’extension de la couverture réseau et l’amélioration de la qualité de services des communications électroniques.
L’entreprise Vodacom, filiale africaine du géant britannique des télécommunications Vodafone, voit également les choses en grand, et prévoit d’investir pas moins de 27 millions de dollars pour développer son réseau du Cap-Oriental, en Afrique du Sud, au cours de l’année financière 2023-2024. Plus précisément, les fonds seront utilisés pour améliorer la capacité du réseau et continuer de déployer la technologie mobile de cinquième génération (5G). Mais Vodacom ne compte pas s’arrêter là, et prévoit d’investir 3,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, notamment pour accélérer la couverture des zones rurales. « Il n’est plus acceptable que les habitants des zones rurales assistent à la révolution de l’Internet depuis le bord de la route, ils doivent en faire partie et récolter les avantages économiques qui en découlent. Nous prenons les choses au sérieux lorsque nous disons que les zones rurales et les townships devraient avoir la même expérience du réseau que celle à laquelle sont habitués les habitants des zones urbaines », assure Zakhele Jiyane, directeur général de Vodacom pour la région du Cap-Oriental.
Un acteur particulièrement actif en Centrafrique, Telecel Group a considérablement investi ces dernières années pour étendre son réseau dans les zones non couvertes du pays, ainsi que dans les principales villes, dont Bangui. Un engagement fort, dans un pays en proie à une forte instabilité politique, sociale et économique. Telecel s’impose également au Ghana, où il a obtenu, en janvier dernier, l’accord du régulateur local pour le rachat de 70 % des parts de Vodafone Ghana, moyennant une accélération du déploiement de la 4G et l’introduction de solutions fintech innovantes. L’opérateur s’est en outre engagé à dépenser 500 millions de dollars sur une période de trois ans pourra financer le réseau de Vodafone au Ghana et à durablement réduire la fracture numérique dans le pays dans le cadre d’un partenariat stratégique avec Lynk, premier du genre sur le continent, que Telecel a aussi mis en œuvre en Centrafrique. A terme, Telecel aspire à une connectivité mobile totale sur ces deux pays.
Révéler les talents de demain
Les investissements à proprement parler concernent donc les infrastructures, mais les entreprises de télécommunications misent aussi sur l’homme, et sur l’avenir. En donnant accès à l’information à des millions de nouveaux talents, les entreprises ont à leur tour accès à toute une myriade d’employés potentiels, qu’il leur revient de révéler et de former. Pour ce faire, les compagnies, les fondations, et les organisations professionnelles organisent des événements ou des programmes pour donner à chacun sa chance de briller.
Parmi ces événements, de nombreux concours sont organisés pour récompenser telle ou telle qualité ; l’importance accordée au développement durable, l’esprit d’entrepreneuriat, l’innovation ; comme le Prix de l’entrepreneur social en Afrique et au Moyen-Orient (POESAM) remis chaque année par Orange. Ce concours récompense les projets innovants dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, et ayant un impact réel dans des secteurs tels que l’éducation, la santé, l’agriculture, ou répondant à des objectifs de développement durable.
L’entreprise africaine Telecel a, elle aussi, développé son propre programme de soutien destiné à identifier et promouvoir la prochaine génération d’ingénieurs et de startups africaines de la Tech. Baptisé Africa Startup Initiative Program (ASIP), l’initiative fait office de laboratoire d’innovation et d’incubateur, offrant aux personnes innovantes conseils, ressources et surtout opportunités d’investissement potentielles. Car le programme cible spécifiquement les startups axées sur la technologie mobile, qui pourraient notamment aider Telecel à développer le réseau de demain. Un cercle vertueux, en somme.