Par Me Ousseyni KANE, Directeur Général du Bureau Opérationnel de Suivi (BOS) du Plan Sénégal Émergent (PSE)
Avant le PSE, depuis plus de cinq décennies, le Sénégal a connu des taux de croissance économique proches du croît démographique. Ces contreperformances n’ont pas permis une réduction durable de la pauvreté. Depuis 2006, le sentier de croissance s’est infléchi avec l’essoufflement des moteurs traditionnels (BTP, télécommunications, services financiers), le faible dynamisme du secteur privé, la forte progression des dépenses publiques et la persistance du déficit du compte courant de la balance des paiements (7,9% du PIB).
La faiblesse de la croissance du PIB est expliquée en partie par les niveaux insuffisants de productivité, ceux des infrastructures de soutien à la production, les difficultés d’accès aux facteurs de production (eau, intrants de qualité), la vulnérabilité de l’agriculture face aux aléas climatiques, la faible structuration des chaînes de valeur agro-pastorales, les problèmes d’accès au foncier et à des financements adaptés, et des problèmes de gouvernance. La morosité de l’économie est également imputable aux retards dans la mise en œuvre des réformes dans les secteurs de l’énergie et de l’environnement des affaires, l’insuffisante capacité d’impulsion de l’État et des problèmes d’efficacité de la dépense publique ainsi que la résistance de certains acteurs au changement.
C’est dans ce contexte que le Plan Sénégal Émergent a été élaboré et lancé. Le Plan Sénégal Émergent (PSE) est une stratégie sur la période 2014-2035, adossée à une vision, celle d’un Sénégal émergent à l’horizon 2035 à travers trois axes stratégiques qui sont (i) la transformation structurelle de l’économique et de la croissance, (ii) le capital humain, protection sociale et développement durable et (iii) la gouvernance, institutions, paix et sécurité.
La mise en œuvre de ce plan vise à accélérer durablement la croissance, permettre une croissance inclusive, renforcer la résilience de l’économie sénégalaise en combinant plusieurs moteurs de croissance pérennes, rééquilibrer la balance commerciale, améliorer le niveau de rétention des richesses créées sur le territoire national, générer progressivement des emplois stables et formels et faire de la croissance un levier de développement social et humain.
Le PSE est bâtie autour de secteurs prioritaires ou « batailles clés » pour la transformation structurelle de notre économie et une croissance partagée. Il s’agit de développer i) le secteur agricole, l’élevage et les produits de la mer, ii) le secteur minier et les fertilisants ; iii) l’habitat social et l’écosystème de construction ; iv) les services (tourisme, économie numérique, santé, éducation…) ; v) moderniser l’économie sociale et solidaire ; vi) faire du Sénégal un hub logistique et industriel.
Dans le PSE, six conditions préalables, ou «fondements de l’émergence », doivent permettre de réaliser l’émergence : 1) La question de l’énergie devra être résolue afin de garantir un accès large et fiable à une énergie bon marché. 2) Le développement du capital humain, élément important de la productivité, doit permettre de satisfaire les exigences du marché du travail. 3) La base logistique et les infrastructures devront structurer un développement plus équilibré du territoire. 4) La diffusion et la mutation des technologies de l’information et de la communication permettront un effet d’entraînement important sur les autres secteurs de l’économie. 5) L’approfondissement du secteur financier permettra aux acteurs de saisir pleinement les opportunités de croissance. 6) Enfin, l’amélioration de l’environnement des affaires sera nécessaire.
Le PSE avait fixé six objectifs à atteindre d’ici 10 ans. Le Sénégal vise un taux de croissance moyen de 7-8 %, contre 3-4 % en 2014. Quatre nouveaux secteurs devront émerger : agriculture et agro-alimentaire ; habitat ; mines ; et tourisme. Les exportations devront être multipliées par trois. La création d’emplois formels passera de 250 000 à 600 000, et 3 millions de personnes supplémentaires bénéficieront d’un revenu discrétionnaire. Enfin, le produit intérieur brut (PIB) par habitant sera multiplié par 1.5.
Voilà, en résumé, la promesse faite aux sénégalais par son excellence le Président de la République Macky Sall au lancement du Plan Sénégal Émergent. En toute objectivité, de manière scientifique et documenté il s’agira de voir si cette promesse est tenue à mi-parcours avec un accent particulier pris sur les trois points mis en exergue dans l’article précité à savoir les infrastructures, le secteur primaire et le capital humain
Depuis le lancement du PSE, notre pays a connu le cycle de croissance fort et soutenu jamais réalisé depuis notre indépendance. Le classement de World Economics, qui fait autorité en matière de données statistiques, reconnait en effet le Sénégal comme pays à la croissance la plus régulière sur la décennie 2011-2021. Cette croissance projetée à 8% pour la première décennie de mise en œuvre du PSE a atteint une moyenne de 6,6% sur la période et n’a été ralenti que par la pandémie de la Covid. La résilience de notre pays face à cette crise sanitaire, sociale et économique sans précédent, avec un taux de croissance positive en 2020, alors toutes les économies du monde étaient en récession, témoigne de la solidité et de la viabilité du modèle économique. Pour l’année 2022 notre taux de croissance, s’est établi à 4,8 % et devrait atteindre un niveau sans précédent de près de 10% en 2023, avec le début d’exploitation de nos ressources pétrolières et gazières.
Plusieurs indicateurs pertinents démontrent à quel point le PSE a changé le visage du Sénégal, transformé ce pays, projeté dans une autre dimension et autorisé de nouvelles ambitions et perspectives.
– Notre taux de croissance est projeté à 10,6% en 2024 par le FMI
– Notre PIB est de 27,63 milliard USD en 2021 contre 15,46 milliards USD en 2012
– L’inflation moyenne sur la période de 2012 à 2021 est de 1,5% par an contre une moyenne de 2,7% sur la décennie d’avant PSE 2002 à 2011 ;
– Le Budget du Sénégal est passé de 2586 milliards CFA en 2012 à 6411,5 milliard en 2023 ;
– Le taux de couverture des dépenses publiques internes par les recettes internes est de 85% en 2022 contre 61% en 2011
– Notre PIB par Habitant a cru à 1609 USD en 2021 contre une moyenne de 1790 USD en Afrique Subsaharienne
– Notre aux d’espérance de vie est de 67,9% contre 57,3% en Afrique de l’ouest et 60,2% en Afrique subsaharienne ;
– La taux de mortalité infantile est 3% contre 6% en Afrique de l’ouest et 4,5 en Afrique
– La prévalence de la sous-alimentation dans la population totale est de 7,5% contre 19,1% en Afrique subsaharienne ;
– La taux de pauvreté a baissé de 5% et est le plus bas de l’Afrique de l’ouest
– Notre taux d’accès à l’électricité est de 68% contre une moyenne de 64% en Afrique Subsaharienne ( BM 2021)
– Notre taux d’accès à l’eau est de 85% contre 63% en Afrique Subsaharienne ( BM 2021)
– Notre taux d’accès aux services d’assainissement de base est de 57% contre 33% en Afrique Subsaharienne ( BM 2020)
– Notre taux d’abonnement téléphonique est de 118% contre 84% en Afrique Subsaharienne ( BM 2021)
– La part de la population utilisant quotidiennement l’Internet est de 58% contre 36% (BM 2021)
– En 2021, notre pays est classé 9éme sur 54 pays à l’indice Mo Ibrahim et 72eme sur 180 pays à l’indice Transparency en 2022
Tous les chercheurs économiques s’accordent depuis des décennies que l’un des principaux freins à la croissance reste la faiblesse des infrastructures dans les pays en développement si bien que nombre d’études sur le climat des affaires suggèrent fortement aux gouvernements de placer les infrastructures au sommet de leurs priorités. Selon la Banque mondiale, afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les pays les plus pauvres doivent consacrer au moins 9 % de leur PIB aux dépenses de construction, d’entretien et d’amélioration de leurs infrastructures. Le Président de la République a compris que Les investissements dans les infrastructures sont essentiels pour le développement économique et social de notre pays. Il s’agit d’abord à travers ces investissements d’améliorer la connectivité, de permette l’accès aux services de base tels que les soins de santé et l’éducation, attirer les investissements étrangers , réduire les coûts de production, améliorer la compétitivité, favoriser le développement régional et la création d’emplois. Il peut paraitre assez réducteur en évoquant les investissements sur les infrastructures de se limiter dans les citations au TER, à l’autoroute Ila Touba et au BRT bien que la pertinence de ces projets ne l’ombre d’aucun doute, tant ils caractérisent la puissance de la Vision du Président de la République de doter notre pays des moyens de transport aux standards internationaux de qualité, de confort et de sécurité, et qui font aujourd’hui la fierté de notre pays à travers le monde. En parlant des infrastructures, il faudra évoquer celles dans l’énergie qui ont permis à notre pays de passer d’une puissance installée de 570 MW en 2012 à plus de 1 787 MW en fin 2022 avec le développement des centrales électriques de grande capacité Mboro, Saint-Louis, Cap des biche, Malicounda et la stratégie «Gas-to-power» qui permettra d’alimenter ces centrales avec du gaz local. Il faudra souligner non seulement cette multiplication par près de quatre de notre capacité de production d’énergie mais aussi la diversification des sources nous permettant d’avoir aujourd’hui le taux de mixité énergétique le plus important de la sous-région. A cela s’ajoutent le nouveau Programme d’installation de 250 000 lampadaires solaires, et l’électrification de plus de 5000 villages à la fin de la phase 2 du PUDCE contre 1245 villages électrifiés au Sénégal en 2012. En parlant d’infrastructures, il faudra aussi évoquer celles de désenclavement et de connectivité favorisant une équité territoriale indispensable à un développement harmonieux de notre pays. Il s’agira de citer les Ponts Sénégambie, le pont Nelson Mandela Foundiougne et celui de Marsassoum, le Pont en cours de finition de Rosso, la Route de Daandé Maayo, les autoroutes du Centre et du Nord les axes routiers nationaux et régionaux, le Programme de Connectivité des Zones de Production Agricole et le Programme Spécial de Désenclavement, ce vaste chantier quinquennal qui a déjà démarré pour réaliser 2850 Km de routes, ainsi que des ouvrages d’art en milieu rural et urbain avec ses 50.000 emplois attendus. Il faudra y rajouter les projets d’équité territoriale mis en œuvre pat le PUDC, le PUMA et le PROMOVILLES.
En évoquant les infrastructures il faudra aussi saluer celles dans l’eau potable, l’eau pour le développement agricole et sylvo- pastorale et l’assainissement réalisés dans le cadre du PSE comme le KMS 3 qui a sécurisé l’accès à l’eau dans l’agglomération de Dakar pour plus de Vingt ans, le Projet d’alimentation en eau potable des îles de la Basse Casamance, l’usine de dessalement d’eau de mer des Mamelles d’une capacité de 300.000 m3 par jour, le projet d’exploitation des eaux de surface du bassin de Nanija Bolong, soit 46 millions de m3 par an, pour mettre en valeur 12.000 hectares et arrêter l’avancée des eaux salées, le Projet de Renforcement de la Résilience des Écosystèmes du Ferlo (le PREFERLO), d’un coût de 156 Milliards qui consiste à transférer 680 millions m3 par an du lac de Guiers vers la zone du Ferlo, sur un linéaire de 214 km, entre Keur Momar Sarr et Ranérou. En évoquant les infrastructures dans le cadre du PSE, il ne faudra pas oublier les Ports de Ziguinchor, de Foudiougne, de Bargny Sendou et Ndayane, les cinq aéroports régionaux, la finalisation de AIBD avec sa nouvelle passerelle interconnectée au TER, les cités Ministérielles, la Gare des Gros porteurs, le Centre d’exposition et le Marché d’intérêt National. Tout cela est loin d’être exhaustif pour démontrer que la vision du PSE, celle du Président Macky SALL s’inscrit dans une cohérence globale de doter notre pays de toutes les infrastructures indispensables à son décollage économique avec un marqueur fort d’équité territoriale, d’ouverture à nos voisins et de désenclavement continu des zones de production économiques. Ce ne sont pas des infrastructures d’apparat.
Le PSE a mis l’accent sur l’importance du secteur primaire dans notre stratégie d’émergence de notre pays. Cela est ressorti clairement dans les options prises dans le PSE. En effet sur les 27 projets phares du Plan Sénégal Émergent,concernent des projets du secteur primaire. C’est grâce à cette priorisation assumée du secteur agricole, à une volonté politique forte, que le secteur de l’agriculture a franchi un nouveau cap. Cette stratégie a permis de porter la croissance de notre pays et d’encaisser les chocs nés de la crise de la Covid 19 et d’éviter à notre pays d’entrer en situation de récession économique. Rien qu’entre 2019 et 2022, la valeur ajoutée du secteur agricole est passée de 780,4 milliards FCFA à 1 574,7 milliards FCFA en 2022, soit une croissance de 101,8%. Il est constant que depuis le lancement du PSE que le secteur primaire dans sa globalité a connu une croissance fulgurante. Pour l’agriculture cette évolution s’explique par la mise à la disposition des agriculteurs des intrants de qualité, ainsi que des matériels adaptés pour le renforcement de la productivité agricole.
Ainsi, en trois, ans, le budget de la campagne agricole a doublé, passant de 40 milliards de FCFA en 2019 à plus de 80 milliards en 2022, pour soutenir les producteurs en semences, engrais et matériels agricoles avant d’atteindre 100 milliards pour la campagne agricole 2023-2024. C’est un record. Plusieurs initiatives lancées dans le cadre du PSE ont donné des résultats remarquables : les Agropoles le PRACAS, LE PDIDAS, les DAC, les fermes Naatangué, le programme Maïs , etc…..Les productions agricoles sont estimées en 2022 à près de 3 663 690 tonnes, soit une hausse de 5% par rapport à la campagne agricole précédente et de 23% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. La valeur ajoutée du secteur agricole est passée de 780,4 milliards FCFA en 2019 à 1 574,7 milliards FCFA en 2022, soit une croissance de 101,8%. Elle a augmenté globalement de plus de 400% par rapport à 2012. Par rapport à la dernière campagne, une hausse de 5% de la production de céréales est notée, soit 3 663 690 tonnes dont 1 409 120 tonnes de riz, 1 097 033 tonnes de mil et 785 750 tonnes de maïs. De même, l’on signale une production de 420 000 tonnes d’oignon et 140 500 tonnes de pomme de terre. Pour le sous-secteur de l’élevage, près de 3000 génisses gestantes à haut potentiel laitier ont été importées et dont les achats ont été subventionnées par l’État du Sénégal à hauteur de 50%. La valeur ajoutée du secteur de l’élevage a enregistré une hausse de 2,4%, passant de 469,7 milliards de FCFA en 2020 à 481,1 milliards en 2021.
En effet, la production nationale de viande et d’abats a atteint un volume de 297 521 tonnes en 2021, soit une augmentation de 12 565 tonnes par rapport à 2020 et un taux de réalisation de 97% de la cible. Quant à la production nationale de lait, elle a également enregistré une augmentation de 4,8% entre 2020 et 2021, pour se situer à 280,6 millions de litres. La cible de production de 2021 a été quasiment atteinte avec un taux de réalisation de 99%. Pour le sous-secteur de l’aquaculture La production nationale est évaluée à 1 374 tonnes en 2021 contre 1 100 tonnes en 2020, soit une augmentation de 24,9%. Ce bon résultat s’explique par la création de 43 nouvelles fermes, l’acquisition de géniteurs et le renforcement de l’encadrement des infrastructures aquacoles (fermes et fabriques d’aliment de poisson). La valeur ajoutée du sous-secteur de la pêche a enregistré une diminution de 3%, passant de 139,6 milliards de FCFA en 2020 à 135,5 milliards en 2021.
Il est toutefois évident que dans les décennies à venir, le Sénégal devra relever des défis importants pour assurer sa sécurité alimentaire et améliorer le revenu de sa population en expansion et en urbanisation rapide. Il s’agira non seulement de produire plus mais aussi de produire mieux (en qualité et en diversité des produits) tout en ménageant les ressources naturelles. Les revenus du travail agricole et non agricole devront augmenter pour assurer la sécurité alimentaire, et sortir les populations vulnérables de la pauvreté. C’est pour cela que le Chef de l’État a lancé la stratégie nationale de souveraineté alimentaire dotée d’un budget de 5000 milliards pour une durée de cinq ans, de 2024 à 2029.
Le PSE a aussi réalisé des progrés importants dans le développement du capital humain durant ces dix années. Le développement du capital humain est la clé de voûte du PSE et un de ses 3 axes stratégiques. La transformation structurelle de notre économie passe forcément par des ressources humaines formées et hautement qualifiées. L’État du Sénégal a compris cela en créant 3 nouvelles universités depuis 2012 afin d’élargir l’offre de formation et la carte universitaire. Des réformes phares ont été engagées comme celle sur l’alignement de l’enseignement supérieur sur les besoins de l’économie, afin d’orienter les jeunes sénégalais vers les secteurs porteurs. L’entrepreneuriat et l’accompagnement des jeunes n’est pas en reste avec des initiatives comme le Programme sénégalais pour l’entreprenariat des jeunes (Psej), le 3Fpt et des outils d’accompagnement comme la Der/FJ et le Fongip qui contribuent fortement au financement des jeunes. Nous avons lancé la structuration du PSE Jeunesse, afin de rationaliser les modes d’intervention de l’État en direction des jeunes, et aussi pour permettre une meilleure prise en compte de leurs besoins dans la formation, l’accompagnement, le financement et l’insertion. L’État du Sénégal a entamé en 2013 une réforme du système de financement de la formation professionnelle et technique. Celle-ci a abouti à la création du Fonds pour le financement de la formation professionnelle et technique (3Fpt). Depuis 2016, c’est plus de 60.000 personnels d’entreprises et d’organisations professionnelles formés pour un montant de 11 milliards de FCFA, 87000 jeunes qui ont bénéficié de bourses de financements pour des formations pré-emploi pour un montant de 26 milliards de FCFA et plus de 380 projets en faveur des établissements professionnels et techniques pour financer la formation initiale et la formation continue avec 14 milliards investis. Cette dynamique a aussi permis de construire, de réhabiliter et d’équiper 21 centres de formation professionnelle.
A ce jour, nous avons développé des établissements comme les Isep (Instituts supérieurs d’enseignement professionnel) qui sont aujourd’hui au nombre de 5 et répartis entre Diamniadio, Thiès, Matam, Dagana et Bignona et qui contribuent fortement à la qualification technique et professionnelle de nos jeunes dans ces régions. L’objectif est de faire un maillage national avec toutes les régions du Sénégal couvertes. La prise en compte du Capital Humain dans le PSE se démontre avec 25% du budget national consacré à l’éducation nationale et la formation. Cette volonté politique exprimée dans le PSE a permis le renforcement de notre carte universitaire, le démarrage des classes préparatoires aux grandes écoles, du campus franco-sénégalais, la modernisation des équipements scientifiques des établissements scolaires, la mise en place des lycées d’excellence, la construction de milliers de logements universitaires et l’amélioration de la pension de retraite du personnel enseignant et de recherche. Dans le cadre du renforcement du maillage national 22 lycées et collèges seront érigés dans les régions de Dakar, Thiès, Kaolack, Kaffrine et Sédhiou et a été lancé ale Programme d’urgence de réhabilitation de plusieurs lycées historiques, notamment Blaise Diagne, Seydina Limamou Laye, Seydou Nourou Tall et John Fitzgerald Kennedy de Dakar ; El Hadji Malick Sy de Thiès ; El Hadj Oumar Foutyou Tall et Charles de Gaulle de Saint Louis ; Valdiodio Ndiaye de Kaolack et Djignabo de Ziguinchor. Le chef de l’État a décidé dernièrement d’allouer au système éducatif des daara 20% des fonds de dotation, afin de leur permettre de mieux jouer pleinement leur partition dans le développement de notre capital Humain
Dans la prise en compte du capital Humain, le PSE a donné toute sa mesure à la prise en charge de la santé de nos concitoyens. Cela s’est traduit par la construction d’hôpitaux aux standards internationaux de qualité et leur équipement notamment à Sédhiou, Kaffrine Kédougou, Touba et Agnam, et bientôt à Tivaouane, Ourossogui et Saint-Louis. Pareillement ont été engagé la construction de la polyclinique de l’hôpital Principal et la reconstruction complète de l’hôpital Aristide Le Dantec et celle du Centre national d’oncologie de Diamniadio pour le traitement du cancer. La dimension Santé dans le PSE, ce sont les dizaines de centre de dialyse, la couverture maladie universelle, la carte d’égalité des chances, le programme Sésame, la gratuité de la césarienne et des soins aux femmes enceintes et enfants de moins de cinq ans, la construction de la nouvelle pharmacie Nationale d’approvisionnement, la stratégie de développement de l’industrie pharmaceutique avec le projet Madiba de l’institut Pasteur et Pharmapolis entre autres développées. Le Plan Sénégal Émergent a déjà permis la mise en œuvre de plusieurs autres réformes dans le domaine social, notamment l’allocation de bourses de sécurité familiale aux ménages les plus modestes, la revalorisation des pensions de retraite, et l’amélioration des niveaux de revenu des travailleurs, entre autres. Et dans un contexte mondial particulièrement difficile, marqué par une hausse généralisée des prix, l’État a continué à s’engager pour la protection du pouvoir d’achat de nos citoyens avec l’augmentation quasi générale des salaires pour un montant de 236 milliards, la subvention des prix du carburant, du gaz et des denrées de première nécessité, le renoncement fiscal, et une opération de transfert de 43 milliards à plus de 543 000 ménages vulnérables sans compter le relèvement des bourses de sécurité famille
En conclusion cette première décennie a démontré clairement que le PSE est une réussite. Dix après, il est incontestable que la photographie du Sénégal en 2014 est différente de celle de 2023. Le PSE est une réussite à plusieurs égards. Un nombre plus important de nos compatriotes ont accès à l’électricité avec le triplement de notre production énergétique. De même, l’accès à l’eau est devenu une réalité pour beaucoup de nos concitoyens. Nonobstant le fait que plus de territoires sont désenclavés avec des milliers de kilomètres de pistes, de routes et d’autoroutes mises en service, et qu’aujourd’hui les sénégalais produisent et nourrissent leurs compatriotes avec les performances notées dans le secteur de l’agriculture, de l’élevage, de l’aquaculture. Toute cette stratégie s’est adossée dans l’équité sociale et territoriale avec les filets sociaux mis en œuvre, dans la santé, l’éducation, la protection sociale. Le bilan est largement positif et la dynamique sera poursuivie pour porter notre pays sur les rampes de l’émergence. L’économie sénégalaise a enregistré au cours de cette période une croissance moyenne de 6,5%, contre 3% en 2005-2013. L’objectif étant d’atteindre une croissance moyenne de 7%-8% en 2023. Dans le même temps, le revenu par habitant a également crû, de 20% par rapport à son niveau de 2012, soit 1 200 dollars (objectif de +50% d’ici 2023). Ainsi, cette première phase a permis de stimuler de nouveaux relais de croissance et a contribué à la consolidation du cadre macro-économique.
Bien que le Sénégal ait subi le choc sanitaire en 2020 à l’instar de l’ensemble des économies mondiales et ait connu un ralentissement de son activité économique, la croissance est tout de même restée en territoire positif, à 1,3%, avant de se redresser en 2021 à 6,1%. En 2022, l’économie a subi les conséquences du ralentissement mondial et de la guerre en Ukraine (inflation, perturbations des chaînes d’approvisionnement…), mais devrait se redresser sur le court terme pour dépasser les 8%. Le scénario du décollage vers l’émergence est réussie. Il nous faudra dans les dix années à venir, d’ici 2035, consolider les acquis, atteindre la vitesse de croisière et pour la destination finale « un Sénégal émergent, avec une société solidaire, dans un pays de droit »