Par Victor Politis, Président de ProjectCapital.nl
Pour les chefs d’entreprise, les forums d’investissement sont des plates-formes inestimables qui leur permettent d’obtenir des précisions auprès d’orateurs réputés, de nouer des contacts avec leurs pairs et, parfois, de présenter les détails préliminaires d’un projet à des investisseurs potentiels. Malheureusement, le potentiel de ces forums pour attirer des investissements reste largement inexploité, souvent en raison d’une préparation inadéquate.
Malgré ses réalisations louables, l’Africa Investment Forum, comme d’autres forums importants, a été confronté à des difficultés lorsqu’il a tenté de conclure des accords d’investissement pour des projets potentiels. Chinelo Anohu, Directeur Senior du Forum, tout en reconnaissant la disponibilité de capitaux provenant de sources nationales et internationales, a déclaré que cela était dû au fait que la préparation des projets constituait un obstacle important. Chinelo Anohu a également souligné que les aspects structurels et la gouvernance d’entreprise de certains projets les rendent souvent non investissables du point de vue des investisseurs potentiels.
Forts d’une expérience de 28 ans, mon équipe et moi-même sommes spécialisés dans le développement de grands projets complexes et dans la facilitation des investissements pour le compte de clients sélectionnés. Le premier grand succès de notre méthodologie a eu lieu dans l’ex-Union soviétique (URSS), en 1996. Nous avons sauvé une grande raffinerie lituanienne qui était au bord de la faillite.
Avant d’entrer en contact avec des investisseurs, nous avons constitué une équipe d’experts, réalisé une analyse de marché approfondie qui a démontré qu’il existait un vaste marché pour les produits de la raffinerie, pris en compte la plupart des risques susceptibles d’inquiéter les investisseurs, obtenu l’engagement des meilleurs assureurs et préparé une analyse financière solide mais prudente des performances attendues et du calendrier de remboursement. Le résultat a été retentissant : nous avons obtenu une émission innovante d’euro-obligations d’un montant de 119 millions d’euros, sans garantie de l’État. Il s’agissait d’une première dans l’Union soviétique.
Notre incursion en Afrique subsaharienne remonte à un forum qui s’est tenu à Bruxelles en 2004. En collaboration avec deux collègues, nous avons organisé un atelier intitulé « Développement et financement de projets : Obtenir des résultats ». Nous avons commencé par le Nigeria, avec l’ouverture d’un bureau à Lagos qui a joué un rôle déterminant dans de nombreuses réussites, notamment la transformation d’un projet de 75 millions de dollars, la première usine de canettes en aluminium d’Afrique subsaharienne, en une plaque tournante régionale pour les exportations.
Dans toute l’Afrique subsaharienne, de grandes opportunités existent dans de nombreux secteurs. Le principal défi réside toutefois dans la grave pénurie de projets impeccablement préparés.
L’Afrique subsaharienne a connu une croissance lente et persistante au cours des dernières années. Selon la Banque mondiale, cette situation est attribuée à divers facteurs tels que l’incertitude économique mondiale, les performances médiocres des principales économies, les taux d’inflation élevés et une décélération notable de la croissance des investissements. Plus précisément, la croissance des investissements dans la région a chuté de 6,8 % entre 2010 et 2013 à seulement 1,6 % en 2021, l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe connaissant des décélérations plus prononcées que l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. En conséquence, l’expansion économique de l’Afrique prévue pour 2023 est estimée à 3,8 %, soit une baisse par rapport aux 4,1 % de 2022, principalement en raison de la faiblesse des investissements et de la baisse des exportations.
En outre, le Forum mondial de l’investissement 2023 de la CNUCED révèle une réduction substantielle des flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique, qui ont diminué de près de moitié par rapport à l’année précédente. Plus précisément, les IDE sont passés d’un montant record de 80 milliards de dollars en 2021 à 45 milliards de dollars en 2022. Malgré ces défis, l’Afrique reste optimiste quant à ses perspectives.
Les investisseurs internationaux et nationaux s’intéressent aux projets qui répondent aux besoins réels du marché. Leurs exigences en matière d’information complète et de transparence sont strictes.
Malheureusement, un grand nombre de porteurs de projets pensent à tort qu’il suffit de faire part de leur enthousiasme et d’une étude de faisabilité préparée par leurs consultants pour obtenir un financement. Ce n’est tout simplement pas suffisant. Grâce à notre expérience approfondie du marché, il est évident que la concurrence croissante pour le financement de projets transcende les frontières géographiques, offrant des chances égales aux concurrents mondiaux.
Transformer une idée en un projet et, en fin de compte, en une entreprise durable est un processus de longue haleine. La priorité absolue doit être d’utiliser le capital d’amorçage, qui ne représente qu’un très faible pourcentage du coût estimé du projet, pour engager une équipe compétente qui possède une solide expérience dans les différents aspects de la préparation des projets et des négociations avec les investisseurs.