Par Magaye Gaye, Économiste International .
Le personnel bancaire est stressé
Comme suite à de multiples pressions exercées par les autorités monétaires, lesquelles répondent à des impératifs de lutte contre le blanchiment d’argent et le terrorisme, de plus plus plus d’ établissements bancaires notamment en Afrique durcissent parfois exagérément les conditions appliquées à la clientèle.
Une opération qui doit s’effectuer dans les 48 heures dans l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine(UEMOA) peut facilement aller à 5 jours.
J’ai été informé de cas préoccupants :
Le premier concerne un homme d’affaire qui obtient un prêt auprès d’une banque. Ce concours était censé être décaissé dans un délai de 15 jours (mise en place des garanties comprise ). Finalement, des exigences de compliance de la Banque (demande de KYC etc..) ont fait traîner le crédit qui n’a pas éte décaissé après 45 jours.
Le deuxième cas concerne un opérateur économique qui a reçu un virement intra- UEMOA et à qui sa banque demande de justifier l’origine des fonds. J’ai interrogé quelques banquiers sur ces sujets et l’explication qui m’a été donnée est que la commission bancaire demande de renforcer les procédures de vigilance.
Notre avis
Ce durcissement des procédures de compliance rentre certainement dans le cadre de la politique monétaire dont l’objectif est d’amener les banques à renforcer leur gouvernance et leurs ratios prudentiels. Le but ultime recherché est sans doute de preserver les équilibres fondamentaux du Franc CFA sans même se soucier du financement de l’économie. Ces procédures « corsées » sont de nature á saper la productivité des acteurs et, au delà, la compétitivité des économies.
Le personnel bancaire est stressé
Tout en étant rigoureux dans la lutte contre les fléaux mondiaux, l’Afrique doit bien négocier ces agendas, en évitant tout ce qui peut contrarier son économie. Pourquoi ne pas instituer un seul contrôle sur la justification d’un virement, au niveau de la banque du donneur d’ordre?
Par ailleurs, la définition des normes internationales devrait prendre en compte la spécificité des économies en développement. Un renforcement draconien des procédures de mise en conformité présente le risque d’amener les acteurs à chercher des solutions comme le mobile banking et la thésaurisation.
L’agenda que le monde occidental a réussi à imposer à l’humanité concerne la lutte contre le blanchiment et le terrorisme, la lutte contre l’émigration clandestine etc.
Dans le cadre d’une réflexion prospective, les stratèges africains devraient à leur tour circonscrire les menaces qui pèsent sur le Continent: la corruption des élites africaines, les ingérences politiques, des monnaies imposées et des processus d’intégration sabordés. Sans oublier les menaces de partition territoriale et géopolitique (RDC, Afrique blanche/ Afrique noire, Nigéria /Afrique de l’ouest etc.)
Magaye GAYE
Économiste International