La première édition du Forum du Patrimoine et de l’Investissement, organisée le 26 octobre 2023 à Dakar par le Groupe CGF Bourse et placée sous le Haut Patronage de Amadou BA, Premier Ministre du Sénégal, a tenu toutes ses promesses (voir les photos).
Les débats ont porté sur plusieurs aspects dont les financements innovants (finance islamique, finance verte, titrisation…), le rôle de la garantie dans la structuration d’un projet de financement, l’importance de la notation financière et l’apport des fonds. Dans son discours d’ouverture, le Premier Ministre a rappelé ce qu’il faut considérer comme le big bang du Sénégal sur le marché financier : « …notre première émission obligataire a été réalisée en 2005 par le consortium CGF Bourse et BICIBOURSE. Une émission qui a marqué le début d’une série de 19 opérations ayant permis de lever plus de 1 600 milliards de francs par syndication. »
Depuis, le marché financier régional n’a cessé de se développer. À date, les 8 États de l’Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) ont mobilisé 19 000 milliards de Franc CFA, comme l’explique Ripert BOSSOUKPE, Secrétaire Général de l’Autorité du marché financier (AMF-UEMOA), qui intervenait par vidéo.
L’enjeu, au moment où la BRVM franchissait 8 000 milliards de FCFA en septembre 2023 et alors que le marché affichait 300 milliards de FCFA d’actifs sous gestion et 19 000 milliards d’actifs sous conservation, était principalement le financement des entreprises en mobilisant de l’épargne et de l’investissement au niveau local et international. « L’Afrique est l’avenir du monde, au moins pour les 50 prochaines années », commente pour sa part Robert Daussun de LBO France, fonds de Private Equity, désormais actionnaire de référence de CGF Bourse. « Le choix du Sénégal s’est imposé naturellement, étant donné qu’il s’agit d’un « pays de stabilité et de responsabilité ».
Financiers, banquiers classiques, banquiers d’affaires, avocats et notaires ont passé en revue les aspects juridiques et fiscaux liés à la constitution d’un patrimoine, à l’ouverture du capital et à sa transmission. Les exemples de transmission de NMA Sanders et de CGF Bourse, deux entreprises ayant survécu à leurs fondateurs et continué de croître, ont servi de cas d’école dans un contexte africain où la question de la succession est souvent taboue. « Dans le monde, seuls 3% des entreprises sont transmises à la troisième génération », rappelle Edoh Kossi Amenounvé, le Directeur Général de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières d’Abidjan (BRVM), orateur principal d’un panel dont la synthèse serait utile aux entrepreneurs.
Au-delà des enjeux financiers, Lamine Bâ, Directeur Adjoint de l’Agence Nationale chargée de la Promotion de l’Investissement et des Grands Travaux (APIX-S.A.), met en avant des aspects extra-financiers liés à la culture et à la difficulté d’ouvrir son capital ou de l’introduire en Bourse. Franchir le pas n’est pas chose aisée, commente le DG de la BRVM, citant l’exemple des 14 PME labellisées par le programme Élite, aucune d’entre)elles n’étant encore introduite en Bourse.
S’agissant de l’accompagnement et du financement des entreprises par les banques, tout repose en définitive sur la gestion des risques, les banques étant encadrées par des ratios et la nécessité de contrôler le niveau des créances en souffrance, déclare en substance Sahid Yallou, Directeur Général d’Ecobank Sénégal. La gestion du risque reste donc fondamentale. Cette maîtrise du risque nécessaire chez les banques mais aussi chez les microfinances et leur pouvoir inclusif de “banque qui va chez le client” ( dixit Mamadou. Cissé de Baobab) peut passer par la notation, fonction réductrice de l’asymétrie de l’information (propos de Moro Kamara de GCR Raring West Africa) par la garantie ou, plutôt, par “la structuration” , terme utilisé par Mohamed Al Amine Dia, Directeur de la gestion des risques chez Fagace, qui insiste sur la nécessité de « bien structurer le projet départ ». Signalons que le marché financier est dans l’attente d’un nouveau cadre réglementaire pour le capital investissement. Gageons que cela drainera plus d’épargne et plus d’investissements vers des fonds comme le WIC Capital.