«D’ici peu nous allons ouvrir AFG Bank Côte d’Ivoire»
Le groupe AFG Holding poursuit son ascension rapide sur les façades de l’Atlantique et de l’Océan Indien. Afin d’en savoir un peu plus sur son modèle de développement et ses projections immédiates, nous nous sommes adressés à Roméo Bouba, Directeur Général Adjoint du groupe chargé du Pôle Finance. Cet expert-comptable camerounais qui auparavant a passé dix ans comme superviseur à la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC), puis Directeur financier à la Banque de Développement des États de l’Afrique Centrale (BDEAC), avant de revenir à la BEAC pour conduire le projet de passage de la Banque Centrale aux normes IFRS, a rejoint le groupe fondé par Dossongui Koné il y a deux ans. « Je suis heureux de participer à la stratégie d’un groupe aux ambitions panafricaines bien affichées », nous déclare-t-il 16 novembre 2023 en marge de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), événement phare organisé par nos confrères de Jeune Afrique Group et au cours duquel M. Bouba a pris part à une table ronde sur l’implémentation des normes de Bâle 3 en Afrique. Entretien.
A la lumière des derniers développements, que représente aujourd’hui AFG Holding dans le domaine de la banque et de l’assurance en Afrique ?
Le groupe AFG Holding est une entité forte d’une expérience de plus de 40 ans dans le secteur financier africain et qui a connu plusieurs mutations. Après avoir eu à développer les filiales « Banque Atlantique » en Afrique de l’Ouest et en Afrique Centrale, le groupe s’était mis en joint-venture avec un important groupe bancaire marocain dans la deuxième moitié des années 2010. A partir de l’année 2020, AFG Holding a recréé un nouveau périmètre bancaire avec la filiale Banque Atlantique Cameroun et les filiales issues du rachat de certaines filiales de BNP Paribas. Quand ce groupe français a opéré son recentrage en dehors de l’Afrique, nous avons racheté les filiales du Mali, du Gabon et des Comores. Depuis 2020, nous avonsdonc quatre filiales bancaires en activité et présentant un total bilan d’environ 2 000 milliards de Francs CFA. Le groupe poursuit une stratégie d’expansion sur trois pôlesgéographiques : Afrique de l’Ouest, Afrique Centrale et Océan Indien. Dans cette dernière zone, nous avons ouvert il y a un mois la filiale Madagascar, dénommée AFG Bank Madagascar. D’ici peu, nous allons ouvrir AFG Bank Côte d’Ivoire. Nous avons parallèlement opéré une stratégie de rebranding. Toutes les filiales porteront le nom « AFG Bank » suivi du nom de leur pays d’accueil.
Votre stratégie de développement privilégie l’acquisition ou la création en green field ?
Le groupe opère sa stratégie de croissance avec agilité, en green field et par acquisition en saisissant les opportunités qui se présentent. Vous remarquerez d’ailleurs que pendant que nous étions en train de préparer l’ouverturede notre banque en green field en Côte d’Ivoire, nous avons eu l’opportunité de racheter la Banque Populaire de Côte d’Ivoire (BPCI), une banque publique qui était en restructuration. Dès le début des activités de AFG Bank Côte d’Ivoire, nous allons intégrer la BPCI, ce qui va nous donner une taille critique sur un marché ivoirien très concurrentiel.
Concernant la BPCI, s’agit-il d’une absorption de l’actif et du passif ?
Je dirais que c’est une absorption partielle. Nous essayons de reprendre la partie qui nous intéresse le mieux, le fonds de commerce, le potentiel de dépôts et le réseau d’agences qui est très étendu.
A Maurice, on vous attendait sur l’acquisition d’Afrasia ? Qu’en est-il ?
L’opération a été retardée par des considérations réglementaires, l’accord ayant été conclu était sous réserve d’obtention de l’ensemble des autorisations réglementaires . En attendant, nous continuons notre processus de développement.
Quelles sont vos ambitions sur le pôle de l’assurance ?
Actuellement nous avons cinq compagnies d’assurance en activité, soit deux compagnies au Bénin (vie et non-vie), une compagnie au Mali (non-vie), une compagnie au Cameroun (non-vie) et une compagnie aux Comores (mixte). Nous avons une demande en cours à Madagascar et nous venons de conclure le rachat d’une compagnie d’assurance en en Côte d’Ivoire. Notre stratégie consiste à jouer les synergies entre la banque et l’assurance. Ici aussi, nous allons vers un rebranding, un changement d’identité visuelle et une nouvelle dénomination. Avant, l’appellation Atlantique Assurances va muter vers « AFG Assurances » pour éviter toute confusion avec les activités de nos partenaires.
Que retiendrez-vous de 2023 en termes de réalisations stratégiques ?
En dehors des développements évoqués précédemment, nous avons mis en place un nouveau core banking, plus digital et plus agile, tenant compte de l’harmonisation des procédures à l’échelle du groupe. Notre nouveau système d’information nous permet de développer la banque digitale selon les meilleurs standards et d’offrir une expérience client de qualité. Les différentes migrations se sont bien passées et la clientèle est satisfaite de l’amélioration de la qualité de service. Par ailleurs, nous avons finalisé la mise en place de AFG Holding, qui est une compagnie financière sous supervision de la commission bancaire de l’UMOA. Nous avons une soixantaine decollaborateurs basés à Abidjan, qui couvrent toutes les lignes de métier au service des filiales (Risques, audit, commercial, Finance, Gouvernance, conformité…).
Pour finir, quelles sont vos priorités pour 2024 ?
Il s’agira d’abord de faire démarrer les nouvelles filiales etde déployer notre nouvelle identité visuelle. En effet, 2024 sera l’année du rebranding, de la stabilisation de nos systèmes et outils technologiques, monétique, core banking, wallet, agency banking et aussi le renforcement de nos procédures contre la cybersécurité et le renforcement si nécessaire du capital de nos filiales pour se conformer en permanence aux exigences réglementaires et être ainsi en capacité de financer au mieux les économies africaines.