Transformation digitale, cybersécurité, l’apport du numérique à l’agriculture et à la sécurité alimentaire…, autant de sujets que Financial Afrik aborde avec Alpha Barry, CEO Afrique de Atos. Le dirigeant évoque, entre autres, l’apport de sa structure qui, dit-il, contribue à la transformation digitale en proposant des solutions aux entreprises et aux organisations publiques africaines.
Quel est l’état de la transformation digitale en Afrique ?
L’évaluation de l’état de la transformation digitale en Afrique est un sujet complexe, en raison de la diversité des régions qui composent le continent. Lorsque l’on examine l’état des infrastructures, je constate que la transformation digitale dépend en premier lieu des infrastructures existantes et notamment de l’accès à l’électricité. En l’absence d’électricité fiable, la mise en place d’un réseau internet performant devient un défi majeur. Dans les pays d’Afrique du Nord, la majorité des pays sont déjà électrifiés à plus de 90 %, tandis que dans les pays d’Afrique subsaharienne, la situation varie considérablement, et près de la moitié de la population n’a toujours pas accès à l’électricité ni aux réseaux internet nécessaires aux transactions numériques. Cependant, il existe des aspects positifs, notamment les investissements massifs réalisés par les opérateurs télécoms. Ces investissements permettent d’offrir des solutions d’électrification plus légères, comme l’utilisation de batteries notamment dans les régions où l’électricité est instable. La croissance du nombre d’utilisateurs d’Internet en Afrique au cours des dernières décennies est significative. L’Afrique subsaharienne enregistre la plus forte croissance du taux de pénétration mondiale d’Internet, passant de 1% en 2000 à 30% en 2022 (rien que sur la période 2019 – 2021, l’utilisation d’Internet a bondi de 23%). Néanmoins, des disparités persistent, et il reste un travail considérable à accomplir pour créer et moderniser les infrastructures, en particulier en Afrique centrale et de l’Ouest.
Comment Atos contribue à cette transformation ?
Atos contribue en proposant des solutions complètes aux entreprises et aux organisations publiques africaines. Nous couvrons l’ensemble du spectre des technologies de l’information, de la conception des systèmes informatiques à l’intégration de logiciels tels que SAP et d’autres, en passant par la cybersécurité pour garantir la protection des données. Notre particularité réside dans notre capacité à offrir des solutions 360°, contrairement à d’autres entreprises qui se concentrent sur des segments spécifiques de cette activité. Pour réussir cette transformation, nous avons choisi de privilégier la formation et le recrutement de talents locaux : aujourd’hui nous sommes fiers de dire que 99% des employés d’Atos en Afrique sont des africains, tous postes confondus. Par ailleurs, nous mettons en œuvre une stratégie dite d’innovation inversée afin que l’Afrique exprime tout son potentiel technologique : par exemple, nous coopérons avec de nombreuses start-ups et entreprises locales pour le développement et le déploiement d’innovations technologiques destinées à l’Afrique, mais qui pourraient également être exportées vers les pays développés. Sur ce point, je rajoute qu’Atos en Afrique contribue également au développement d’un mécanisme d’offshoring des ressources qui présente un double avantage pour le continent : retenir les talents sur le continent en participant à la création d’emplois locaux, tout en contribuant en partie au retour de la diaspora et en lui offrant la possibilité de s’impliquer dans la construction de l’écosystème numérique du continent.
Comment Atos aborde la question de la cybersécurité ?
La cybersécurité est une préoccupation majeure en Afrique, et Atos dispose d’un département spécialisé dans ce domaine. Nous proposons des solutions basées sur le cloud, ce qui signifie que nous n’avons pas besoin de déployer une équipe importante chez le client pour surveiller les menaces contre leurs systèmes d’information. Tout se fait à distance grâce à des solutions éprouvées. Nous effectuons des audits de sécurité pour identifier les vulnérabilités, une étape cruciale pour protéger les données sensibles. Notre équipe de cybersécurité en Afrique, notamment au Sénégal et au Maroc, accompagne les clients dans la mise en place de solutions de cybersécurité efficaces.
Au cours du récent forum Voice of Africa✱, il a été beaucoup question d’agriculture et de sécurité alimentaire. Que peut apporter le numérique à cette problématique fondamentale pour le développement de l’Afrique ?
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, le numérique peut jouer un rôle essentiel dans le développement du continent. Par exemple, chez Atos, à Madagascar, nous avons développé il y a quelques années une plateforme permettant de mettre en relation les agriculteurs producteurs du riz avec les acheteurs potentiels. Cette plateforme est accessible via un téléphone portable, ce qui facilite la recherche d’acheteurs pour les agriculteurs et résout le problème de la distribution des produits agricoles. Elle garantit également la sécurité des paiements grâce à des solutions de paiement mobile. Bien que cette plateforme soit encore à l’état de prototype, elle illustre parfaitement comment le numérique peut améliorer la chaîne d’approvisionnement entre les producteurs et les grossistes.
Notes:
✱Le Forum « The Voice of Africa » s’est tenu du 10 au 14 octobre 2023 à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir, à 70 km de la ville de Marrakech (Maroc). . Cet événement tenu orchestré en marge des Assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale et du FMI a réuni des dirigeants, des scientifiques, économistes et experts autour des enjeux de la sécurité alimentaire, du développement durable et de l’entrepreneuriat.