« Au Sénégal, le potentiel de collecte de la Zakat s’élève à environ 500 milliards de Franc CFA par an », déclare Abdoulaye Lam, président directeur général du Cabinet GLOBAL ISLAMIC FINANCE & TRANSACTIONS (GIFT) Consulting, organisateur du 5 au 7 décembre 2023 de la Conférence internationale sur l’institutionnalisation de la Zakat. Ce forum qui réunit des experts et acteurs de la finance à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD 2) se concentre sur les aspects multidimensionnels de la zakat, troisième pilier de l’islam, et son rôle dans le développement socioéconomique.
La rencontre est l’occasion de passer en revue le cadre réglementaire en vigueur au Sénégal. « Par exemple, peu de gens savent que les contributions données par les personnes physiques et morales dans le cadre de la Zakat viennent en déduction de la base imposable de l’impôt sur le revenu », rappelle M. Lam qui dresse un comparatif avec la Malaisie, pays leader en finance islamique où ladite déduction est appliquée directement sur le montant de l’impôt à payer.
Au Sénégal, il y a deux fonds de la Zakat sont actifs mais ne sont pas déployés sur l’étendue du territoire. De même, la traçabilité des fonds collectés laisse à désirer, rappelle M. Lam qui insiste sur le rôle de l’Etat pour accompagner l’institutionnalisation de la Zakat. L’expert en finance islamique salue les avancées réalisées et notamment la mise en place de la Haute Autorité du Waqf (HAW), une structure administrative indépendante rattachée à la Primature avec pour missions principales de développer, administrer les waqf publics et d’assurer le contrôle ainsi que la supervision des autres types de waqf.
L’institutionnalisation du waqf à travers la création de la Haute Autorité du Waqf constitue un fait majeur dans l’appropriation des instruments de l’économie islamique par le Sénégal.
Pour rappel, la Zakât Al Maal est l’aumône obligatoire versée annuellement en vertu des règles de solidarité de l’Islam et reversée aux nécessiteux. Tous les ans, tout musulman dont la richesse dépasse le Nissâb, doit s’acquitter de 2,5 % du montant total de ses avoirs sur une année lunaire ou bien 2,579 % si l’on se base sur l’année solaire.