«Il faut que les ressources mobilisées en Afrique arrêtent de sortir du continent»
C’est une nouvelle figure du paysage financier africain à laquelle il va sans doute falloir s’habituer. La franco-sénégalaise Ramatoulaye Goudiaby, Directrice de l’Africa Financial Industry Summit-AFIS au sein du groupe Jeune Afrique Média depuis juillet 2022, se rêve en nouveau porte-étendard d’un secteur financier africain « innovant », « résilient » et « de classe mondiale ». C’était d’ailleurs le thème de la dernière édition de la conférence, co-organisée avec IFC, qui rassemble chaque année la fine fleur de l’industrie financière continentale : « Construire une industrie financière africaine de classe mondiale, une opportunité estimée à 1500 milliards de dollars ».
Durant deux jours, les 15 et 16 novembre dernier, à Lomé, l’ancienne Analyste financier, Gestionnaire de crédit et de fonds passé tour à tour pendant 16 ans par Engie, Société Générale, First Bank of Nigeria, ou AXA, a fait plancher gouverneurs de banque centrale, grands dirigeants de banques, de compagnies d’assurance, de fintech et ministres des Finances, autour de ce thème plus qu’ambitieux. Avec ce mantra qu’elle répète à qui veut l’entendre : AFIS is not a talk-show ! Car non contente de les faire dialoguer et trouver ensemble des solutions face aux défis de l’industrie, cette enseignante vacataire en ingénierie financière veut faire bouger les lignes. Et le timing semble bon selon elle : « il faut tirer parti de cette situation macro-économique difficile au lieu d’attendre que l’orage passe, car l’Afrique est la nouvelle frontière ». Nous devons continuer à mobiliser les ressources locales, approfondir les marchés de capitaux tirer parti des innovations technologiques, augmenter nos niveaux de pénétration financière et réfléchir à des solutions qui nous mènerons non seulement vers la transition mais surtout vers la disruption à laquelle nous aspirons tous«
L’édition 2022 a ainsi pu s’enorgueillir d’avoir été le réceptacle des premières discussions initié par Mike Ogbalu, CEO de PAPSS, entre banquiers centraux et banques commerciales pour développer le système de paiement panafricain dont l’enjeu est crucial dans le cadre du succès de la Zlecaf. Quant à l’édition 2023, elle a notamment été le théâtre de la signature du plus grand mécanisme de garantie jamais signé en Afrique subsaharienne entre Africa Guarantee Fund et Ecobank Transnational Incorporated, pour un montant de 200 millions d’USD et en faveur du financement des entreprises dirigées par des femmes et les projets verts.
Mais cette financière originaire de la Casamance, n’a pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Elle souhaite désormais faire d’AFIS un « véritable catalyseur pour l’industrie financière africaine et offrir à travers elle une plateforme d’interaction permanente pour les acteurs du secteur ».
Aussi ambitieuse pour sa conférence que pour son continent, Ramatoulaye Goudiaby plaide aujourd’hui pour « l’expansion du nombre de groupes bancaires africains opérant à l’échelle régionale ou continentale » qu’elle souhaite voir « tirer parti des opportunités créées par le départ des grandes banques internationales » et « atteindre une taille critique pour rivaliser à l’échelle internationale ». Tout un programme.