Selon plusieurs sources relayées mardi 2 janvier par le média Zman Yisrael, « Israël négocierait avec le Congo pour accueillir des Palestiniens de la bande de Gaza ». L’information a fait un tollé dans la sphère internationale. Pour mieux cerner cette situation, nous avons voulu aller dans les détails pour décoder cette annonce en interrogeant des responsables de la politique africaine de l’Etat Hébreu. Décryptage.
Par Rodrigue Fenelon Massala, grand reporter.
L’information qui a fuité dans les milieux diplomatiques et sécuritaires Israéliens serait un ballon d’essai, une diversion créée par Israël en réaction au refus des Etats Arabes, en l’occurrence le Qatar, la Jordanie, l’Égypte…d’accueillir les populations de la bande de Gaza. La sonde serait aussi destinée aux pays occidentaux considérés comme « complaisants » à l’égard de la Palestine en général et du Hamas en particulier. Le mouvement islamiste créé en 1987 et soutenu en sous main par des réseaux d’influence israéliens et arabes pour contrer l’OLP et le Fatah de Yasser Arafat semble s’être largement affranchi de ses géniteurs au profit de ses bailleurs du Qatar et de l’Iran.
Tel Aviv demanderait à ces généreux bailleurs d’accueillir les éventuels réfugiés dans une vision ultra-sécuritaire préconisant de transformer une bonne partie des terres agricoles de la bande de Gaza en zone tampon. La demande aurait été adressée au Qatar, à l’Iran mais aussi à l’Allemagne, à la France et à la Belgique. Tous ces pays ont opposé une fin de non recevoir indiquant que les palestiniens ne doivent pas quitter leurs terres. Mais il semble que l’idée qui prospère au sein du cabinet Netanyahou est loin d’être abandonnée. Face au refus des pays cités, Tel Aviv s’est tournée vers des pays africains, le média Zman Yisrael citant le Congo. Mais lequel ? Tant du côté de Brazzaville que de Kinshasa, les sources sont formelles: il n’y a pas eu de contacts à ce propos.
Contactés par nos soins, les acteurs diplomatiques israéliens qui couvrent l’Afrique Centrale à partir de Luanda sont restés aux abonnés absents. Plus à l’aise avec l’information, notre source au sein du cabinet du premier ministre israélien parle d’une « diversion faite exprès pour ramener les pays impliqués dans la résolution de la crise à explorer les moyens de résoudre la crise humanitaire touchant les populations de Gaza considérées comme « des complices du Hamas » par l’aile dure du gouvernement. Aussi, la question de l’avenir des populations de Gaza s’érige en un nouveau casse-tête pour la communauté internationale restée ferme dans son refus catégorique à envisager une telle éventualité.
Les combats sont loin d’être terminés dans la bande de Gaza, mais déjà, plusieurs décideurs et analystes s’interrogent sur l’avenir de ce territoire palestinien et, surtout, sur l’influence, voire le contrôle, que tenteront d’y exercer divers acteurs étatiques et politiques de divers horizons. D’entrée de jeu, il sied de noter que plusieurs experts qui se sont penchés sur la question se disent préoccupés par l’absence de stratégie de sortie d’Israël. Selon Stephen Stetter, professeur de politique internationale à l’Université de la Bundeswehr à Munich, Israël « ne sait pas combien de temps l’offensive durera et quelle en sera l’issue ». Pour Andrew Latham, professeur de relations internationales et de théorie politique au Macalester College de Saint Paul au Minnesota, Israël est davantage préoccupé par sa riposte à l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre que par sa stratégie à long terme pour Gaza.
Cependant Israël n’hésitera pas, selon nos sources, à dicter sa solution sur l’avenir de Gaza. Tout compte fait, une chose est certaine, disent plusieurs spécialistes de la région : il ne faut pas créer un vide du pouvoir dans la bande de Gaza. Ce vide pourrait être exploité par des anarchistes et des islamistes radicaux, comme l’a fait le groupe armé État islamique en Irak, en Syrie, en Afghanistan et dans la région du Sahel. La solution de la déportation des palestiniens de Gaza mijotée dans les cercles de décision israéliens aurait du mal à être admise par l’ONU, Washington et Paris car elle est contraire au droit international. C’est une pilule que même les États-Unis ne pourront avaler tant elle est amère. Pour sûr, à la lumière de nos informations, une hypothétique destination des gazaouis n’a pas pour nom un des deux Congo, encore moins un autre pays africain. A valeur d’aujourd’hui.