« Ne nous demandez pas de faire en 60 jours, en 100 jours, en 365 jours ou même en 24 mois ce qui n’a pas été fait en 14 ans ! » Ces propos émanant d’un membre du Gouvernement de la Transition, illustrent bien les défis auxquels le Gabon est confronté actuellement. Mais comme le rappelle constamment le Général Brice Oligui NGUEMA, Président de la Transition, le pays ne manque pas d’atouts.
Considéré comme un petit pays à l’échelle de l’Afrique, et peuplé d’un peu moins de 2,5 millions d’habitants, le Gabon est l’un des quatre pays les plus riches d’Afrique en termes de PIB par habitant, ce qui n’a pas empêché qu’entre 2020 et 2023, la dette de ce pays a été multipliée par 7, passant de 400 milliards de francs CFA à plus de 3 000 milliards de Francs CFA, témoignant, selon cet analyste, “de la déprédation et de la mauvaise gestion dont le pays a été victime ces dernières années”.
Dès son arrivée au pouvoir, le Président Brice Oligui NGUEMA s’est attelé à remettre de l’ordre dans les finances publiques à travers trois axes principaux : restaurer la confiance des bailleurs publics en accélérant le remboursement de la dette, engager un programme de gestion saine de l’Etat pour dégager les marges de manœuvre nécessaires au déploiement d’infrastructures indispensables et instaurer plus de justice et de transparence dans les dépenses publiques.
Résultat, moins d’un mois après sa prestation de serment, il a rassuré les bailleurs de fonds internationaux en remboursant rapidement 31,2 milliards de francs CFA, et en s’engageant à rembourser pas moins de 836,5 milliards de Francs CFA de dette extérieure en 2024. Ce fut chose faite en 4 mois.
Cette annonce, étayée par les actes, a mis en évidence la résolution du Chef de l’État à agir et à restaurer pleinement la confiance des bailleurs en ce qui concerne la crédibilité de la signature de l’Etat gabonais.
Mais la partie n’est pas pour autant gagnée, car s’il apparait que les réformes menées et les décisions prises vont dans le bon sens, il reste encore beaucoup à faire.
Le pari du Président de la Transition ne sera réellement gagné que lorsqu’il aura réussi à faire revenir les investisseurs au Gabon, et c’est justement ce à quoi il déploie toute son énergie au gré de ses différents déplacements internationaux.
Il est vrai que le Gabon qui se distingue par sa diversification économique, avec des secteurs clés tels que l’exploitation pétrolière, le bois, le manganèse et le tourisme a de quoi séduire. Son engagement envers la durabilité et la préservation de l’environnement est également à même d’attirer les investisseurs sensibles aux enjeux environnementaux.
Il faut noter que le Gouvernement de Transition prévoit également de mettre en place des incitations fiscales et des réformes structurelles visant à stimuler les investissements et à promouvoir l’innovation, tout en gardant à l’esprit que les investissements doivent aussi bénéficier aux entreprises gabonaises et pas seulement aux grandes compagnies étrangères.
C’est pourquoi le Général Oligui Nguema a décidé d’instaurer une mesure de « préférence nationale », réservant les marchés publics inférieurs ou égaux à 150 millions de Francs CFA aux entreprises gabonaises tout en demandant parallèlement, la création d’une banque de développement qui aura pour objectif de soutenir l’entreprenariat des jeunes et qui soit capable d’accompagner efficacement les PME et les PMI dans les 9 provinces.
C’est ce difficile équilibre que le Chef de l’Etat tente d’obtenir en créant par la réforme, un climat favorable aux affaires basé sur des relations « gagnant-gagnant ».
Pour y arriver, il faut assainir durablement l’économie gabonaise, ce qui suppose également d’assurer une plus grande transparence démocratique pour éviter toute dérive.
Dès lors, travaillant avec toutes les forces vives de la Nation, le Gouvernement de la Transition s’est aussi attaché à revaloriser les dotations allouées à la presse aussi bien en termes financier (subvention) que matériel (don de matériel roulant), et a procédé à la revalorisation de la rémunération des auxiliaires de l’Etat que sont les Chefs de village, de regroupement ou de canton, afin de leur permettre de se consacrer pleinement à l’exercice de leur mission.
Ces mesures visant à mieux dépenser l’argent de l’Etat sont à mettre en parallèle avec celles dont les objectifs sont de réduire son train de vie, comme le fait pour le Général Oligui Nguema de renoncer à son salaire de Président de la Transition, le fait de réduire l’effectif des membres du Gouvernement, et enfin, le fait de réduire le nombre et le salaire des Parlementaires.
Plus récemment, des annonces importantes ont également été faites par le Chef de l’État lors de son discours à la Nation, que ce soit dans le domaine énergétique ou celui des transports.
En ce qui concerne les transports, si l’amélioration des réseaux routiers, tant attendue par la population, s’est rapidement concrétisée avec la reprise des travaux de voierie dans les grandes villes dont plus de 421 km de routes ont été revêtus en bitume, en béton bitumineux et en pavés, la surprise est venue du secteur aérien avec l’annonce par le Président de sa volonté de créer une nouvelle compagnie aérienne nationale, mais aussi celle de la construction d’un nouvel aéroport, sans parler des travaux d’extension et de mise aux normes de toutes les pistes aéroportuaires de l’intérieur du pays.
La remise à niveau de ces infrastructures permettra d’améliorer la circulation des personnes, des biens et des marchandises, donnant de fait, un coup de fouet à l’économie.
Pour ce qui est de l’énergie, si la préoccupation principale du Chef de l’Etat est de faire en sorte que la population puisse avoir accès à une énergie bon marché en demandant au Ministère du pétrole et du gaz que le prix du gaz soit revu à la baisse dès le 1er janvier 2024, c’est une autre décision stratégique dans ce domaine qui a fait grand bruit.
En effet, dans le but d’augmenter les recettes de l’État, le Président de la Transition a annoncé qu’il allait faire valoir les droits de préemption de l’État pour le rachat de la société pétrolière Assala, ce qui aura pour conséquence de faire de « Gabon Oil Company » un des acteurs majeurs du secteur pétrolier dans la sous-région.
Accueillies plutôt positivement par la population, ces décisions auront certainement un impact considérable sur l’économie gabonaise et sur la vie des citoyens.
Alors, même si l’on comprend aisément que redresser l’économie gabonaise est une tâche complexe qui nécessite l’engagement de tous pour le bien-être de chacun, nul doute que cela ne se fera pas en un jour ou en 24 mois… Mais remettre le pays sur les rails, fixer des règles communes lisibles, équitables et cohérentes, restaurer la confiance : cela semble une exigence accessible qui permettra aux Gabonais de bénéficier enfin des atouts de leur pays !
Pour le moment, l’engagement du Président de la Transition à faire face à ses multiples défis semble total, mais peut-être est-il encore un peu tôt pour savoir s’il remportera son pari.