Si le deal du siècle réussit, toute l’activité jusque-là Offshore de Assala bascule dans l’Onshore, catapultant le PIB du Gabon et le secteur bancaire local et régional.
Lorsque Brice-Clotaire Oligui Nguéma, président de la Transition du Gabon, a pris les rênes du pouvoir, à la fin août 2023, une transaction majeure était en cours de finalisation. Cette transaction concernait le passage de relais des activités gabonaises de l’américain Carlyle au groupe français Maurel & Prom, englobant notamment des champs pétroliers, le terminal pétrolier de Gamba et les oléoducs qui y sont raccordés, pour un montant avoisinant les 730 millions de dollars (450 milliards de FCFA).
Face à cette situation, l’État gabonais a pris la décision audacieuse d’exercer son droit de préemption sur les ambitions de Maurel & Prom qui rêvait de doubler Total au Gabon.
Ce droit de péremption conférait au Gabon la possibilité de s’approprier des actifs stratégiques qui étaient jusque-là offshores. En mettant la main sur Assala, le Gabon intégrait l’ensemble des activités de la société au bénéfice du PIB du pays, des banques locales, des assurances et d’un écosystème qui ne captait qu’une infime part de l’activité pétrolière.
Cependant, l’exercice de ce droit requérait un investissement conséquent d’environ 700 milliards de FCFA, un montant supérieur à celui de la transaction initiale entre Carlyle et Maurel & Prom.
Cette démarche, bien que coûteuse, s’inscrivait dans une vision stratégique à long terme. Assala Energy, acquise par Carlyle en 2017 suite à son rachat à Shell, joue un rôle crucial dans le secteur pétrolier gabonais avec une production de 45 000 barils par jour. Les réserves de cette entreprise, estimées pour tenir une décennie, seraient largement sous-évaluées selon certaines sources, ce qui souligne le potentiel de rentabilité de cet investissement pour l’État gabonais.
La manière dont le Gabon envisage de financer cet achat monumental suscite également un vif intérêt. Plutôt que de recourir à un endettement traditionnel, diverses stratégies de financement innovantes sont à l’étude. Parmi elles, l’émission de certificats basés sur la production actuelle et future d’Assala se distingue comme une option particulièrement attractive. Cette méthode permettrait au Gabon de mobiliser les fonds nécessaires sans alourdir son endettement, en capitalisant sur les actifs pétroliers eux-mêmes. Pourquoi ne pas garder Maurel & Prom dans le deal en renversant les rôles. Plutôt que d’être chef de file, le groupe français serait une partenaire stratégique (20%) apportant la caution technique à un État actionnaire, seul maître à bord.
Le rachat d’Assala par l’État gabonais, sous l’égide de Brice-Clotaire Oliggui Nguéma, représente ainsi un pari stratégique de grande envergure. Il démontre une volonté de sécuriser des ressources nationales et de s’affranchir de certains acteurs internationaux dans la gestion des ressources pétrolières. Cet acte pourrait marquer un tournant dans la manière dont les États africains gèrent leurs ressources naturelles, privilégiant la souveraineté nationale et la recherche d’autonomie financière à la bonne vieille rente de naguère.
Ce rachat passerait par de la créativité financière et de la stratégie économique. Il ne s’agit pas seulement de le souhaiter . Il faudra le concrétiser et les banques locales et africaines associées à des groupements régionaux et africains peuvent apporter l’expertise et le réseau international. En clair, il s’agit d’un pari fou mais qui va catapulter le PIB du Gabon et le hisser au niveau des pays pétroliers du Golfe. L’inspiration du Général devrait faire tâche d’huile dans un Golfe de Guinée où la production de pétrole est largement offshore, passant par une chaîne de valeur financière qui du préfinancement fourni par le trader, à la domiciliation des flux issus de la vente et aux banques impliquées échappent aux législations locales.