Par SERGE KOUAMELAN, Directeur Exécutif APBEFCI.
Commençons en partageant des données irréfutables tant sur le renforcement des fonds propres que sur la recapitalisation. Précisément, les fonds propres constituent l’ensemble des ressources financières passives non distribuées d’une entreprise. Ils correspondent à l’ensemble des ressources de la société et reflètent sa valeur financière. Il s’agit des fonds apportés par les associés ou actionnaires lors de la création de la société auxquels se sont ajoutés les fonds générés par son activité.
Ainsi, le renforcement des fonds propres est l’une des façons de développer une entreprise comme de consolider sa structure financière. La décision de renforcer peut provenir d’un besoin d’augmenter la trésorerie sans recourir à un financement, toujours coûteux, pour ne pas dire handicapant. Ce renforcement sert aussi à financer une nouvelle activité, lancer un nouveau projet ou encore, et ce n’est pas des moindres, à témoigner de la solvabilité de l’entreprise, comme à rassurer les créanciers sur sa capacité de remboursement.
La conséquence d’un renforcement des fonds propres se traduit par une augmentation de capital, voire à l’acceptation d’un nouvel associé.
En ce qui concerne la recapitalisation, elle intervient justement en cas de faiblesse des fonds, lorsque l’entreprise est, particulièrement, exposée aux aléas conjoncturels ; comme ce fut le cas, lors de la période de la Covid-19. Ainsi, la recapitalisation boursière est une des voies, parmi d’autres, de renforcement des fonds propres.
Pour ce qui est de la capacité de financement, on parle de capacité de financement si le solde est positif, et de besoin de financement, s’il est négatif. Nous pouvons donc nous accorder sur le fait que la capacité de financement est le solde du compte de capital.
Ces éléments étant posés, réfléchissons à la solution envisagée pour l’UEMOA.
L’Union économique et monétaire ouest africain (UEMOA) qui tient à muscler le capital des banques ouest-africaines a décidé, en Décembre 2023, de le hisser à 20 milliards F CFA, minimum, dans un délai de 3 ans.
Cette décision s’explique et se justifie par une volonté de renforcer la résilience du secteur bancaire, face à une incertitude économique grandissante et à répondre aux besoins croissants de financement auxquels font face les pays de l’Union.
Une première conséquence, sera, vraisemblablement, un effet de fusions-acquisitions voire d’absorptions par une circonstance créant une dynamique d’apports des actionnaires.
Par ailleurs, les objectifs de l’UEMOA qui sont, entre autres, de renforcer la compétitivité des activités économiques et financières des Etats membres dans le cadre d’un marché ouvert et concurrentiel et d’un environnement juridique rationalisé et harmonisé, une attention aux besoins et attentes des personnes physiques et morales devrait en être stimulée.
Cependant, ne serait-il pas judicieux que l’UEMOA ose un peu plus en profitant des disponibilités dans les établissements financiers et banques pour recapitaliser et accroitre les capacités de financement ? Car, si l’on veut que les banques sortent de la logique de constituer des encaisses oisives et profiter d’une situation de rente, amenons-les à prendre le risque de financer les activités économiques et continuer d’opérer les réformes nécessaires en vue d’irriguer l’activité économique.
Ce sera bénéfique pour remettre à flot les entreprises, les particuliers et les ménages.