Le rapport IIAG 2023 intitulé « Le pouvoir des données au service de la gouvernance : combler les lacunes en matière de données pour accélérer la transformation de l’Afrique », publié par la Fondation Mo Ibrahim, met en lumière la relation cruciale entre l’accès à des données de qualité et une gouvernance efficace en Afrique.
Ce rapport, basé sur les données de l’IIAG 2022, montre une corrélation significative entre la qualité des données statistiques et l’efficacité de la gouvernance dans les pays africains de 2012 à 2021. Malgré cette importance avérée, l’Afrique souffre d’une pénurie flagrante de données essentielles, notamment dans l’enregistrement des naissances, des décès et les recensements de population. En effet, dans 14 pays africains, le dernier recensement remonte à avant 2010, et seulement 3 pays africains disposent d’un système d’enregistrement des décès couvrant au moins 90% des cas.
Ce déficit de données a des implications directes sur la gouvernance et le développement, entravant la capacité des gouvernements à élaborer des politiques publiques efficaces. Par exemple, seuls 5 pays africains disposent de données récentes sur la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté international, un enjeu crucial alors que l’Objectif de Développement Durable (ODD) 1 vise l’éradication de l’extrême pauvreté d’ici 2030.
Le rapport souligne également des lacunes dans des domaines essentiels tels que la santé, l’économie informelle, l’environnement, ou encore les violences faites aux femmes. Ces insuffisances sont exacerbées par le sous-financement chronique des systèmes statistiques, qui ne reçoivent que 0,34% de l’aide publique au développement (APD), avec une baisse notable en Afrique entre 2018 et 2021.
Pour renforcer l’impact des données et accélérer le développement sur le continent, le rapport propose plusieurs pistes. Parmi celles-ci, l’indépendance des instituts nationaux de statistique, l’utilisation de sources de données alternatives comme celles issues de la société civile et du secteur privé, et l’exploitation de technologies nouvelles comme l’intelligence artificielle.
Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation, a souligné l’urgence d’agir pour combler le manque de données en Afrique, en affirmant que « Sans données, nous avançons à l’aveuglette ». Selon lui, les données sont indispensables pour atteindre les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine et des ODD des Nations Unies.
Le rapport a été présenté lors d’un événement à Accra, coorganisé avec Afrobaromètre, partenaire de la Fondation dans la collecte de données d’opinion sur le continent. Cette collaboration souligne l’importance de la voix des citoyens dans l’élaboration des politiques publiques en Afrique.