Par Balla Moussa Keita, ambassadeur itinérant de FA.
Dans un tournoi où les prédictions se sont avérées aussi volatiles que l’esprit du football lui-même, la Côte d’Ivoire a gravé son nom dans l’histoire contre le Nigeria, l’une de ses bêtes noires. Nous assistons bien au troisième miracle ivoirien.
Partie de loin, très loin, l’équipe nationale a réécrit le script d’une compétition qui semblait les condamner dès le départ. Qui, en effet, aurait misé sur les Éléphants après leurs débuts chancelants face au Nigeria, leur cinglante défaite face à la Guinée Équatoriale et la démission d’un entraineur dépassé? Mais le football, dans sa beauté imprévisible, a offert une scène pour une des résurgences les plus épiques de l’histoire de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN).
Cette CAN, riche en émotions et en rebondissements, a témoigné d’une Côte d’Ivoire renaissante, transcendant les attentes et les pronostics. Des scénarios dignes d’un film hollywoodien se sont enchaînés, laissant les spectateurs en haleine, captivés par l’incroyable élan de solidarité et de détermination d’une équipe décidée à se surpasser. Dans une ambiance festive, ponctuée de chants et de danses, les Éléphants ont progressé, portés par un esprit « Coup de Marteau » inébranlable.
Le parcours jusqu’au triomphe ne fut pas exempt d’obstacles. Le Sénégal, champion en titre, fut vaincu aux huitièmes de finale dans un suspense insoutenable, illustrant la chance et la résilience d’une équipe destinée à marquer les esprits. Contre le Mali, c’est dans les derniers souffles d’un match électrique que l’égalisation est venue, un moment de grâce pure qui a pavé la voie vers la victoire en prolongations. La demi-finale contre la RDC a vu l’émergence d’un héros, Sébastien Haller, dont le talent froid a brillé par son génie et son coup de patte décisif propulsant la Côte d’Ivoire vers la finale.
Et quelle finale ce fut ! Face au Nigeria pétri de suffisance, dans un Stade olympique d’Ébimpé plein comme un œuf, vibrant d’unité et d’espoir, la Côte d’Ivoire a su saisir son destin pour décrocher cette troisième étoile tant convoitée après avoir su survivre au purgatoire. Une victoire qui n’est pas seulement sportive, mais aussi symbolique, reflétant la résilience et la renaissance d’une nation tout entière.
Sous les yeux bienveillants de son président Alassane Ouattara et devant les téléspectateurs de 170 pays où cette CAN était retransmise, la Côte d’Ivoire s’est affirmée non seulement comme une puissance footballistique, mais aussi comme une solide deuxième économie de l’Afrique de l’Ouest avec un peuple passé maître dans l’art de la dérision. N’est-ce pas là le secret de la résilience de ce peuple qui, autrefois, en pleine crise, inventa le Zouglou en remède contre les politiques ?
Cette victoire est un hymne à l’unité, à la force collective et à l’esprit ivoirien.
La CAN 2023 restera gravée dans les mémoires comme l’un des tournois les plus mémorables de l’histoire, non seulement pour les scénarios improbables qu’elle a offerts mais aussi pour avoir été le théâtre du triomphe spectaculaire de la Côte d’Ivoire en termes d’organisation et de maîtrise. Ce fut des retrouvailles africaines dans le cousinage, les larmes et les pleurs dans une ambiance panafricaine. Pourvu que ça dure.