De nouvelles ressources permettront à l’État ivoirien de réaliser des avancées notables dans son ambition climatique, à savoir, la réduction de 30,41 % ses émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030, traduisant, dans le même temps, un vote de confiance en faveur des initiatives de réforme mises en œuvre sous la présidence d’Alassane Ouattara. Une série de réformes dont le rythme s’est accéléré ces dernières années, face à une menace climatique grandissante.
Annoncé pour la première fois en mars 2023, à la suite d’une mission du FMI à Abidjan, le conseil d’administration de cette institution internationale est désormais prêt à approuver un financement de 1,3 milliard de dollars en faveur de la Côte d’Ivoire. Destiné à la lutte contre le changement climatique, ce financement s’inscrit dans le cadre de la nouvelle Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD) du FMI. « Les discussions pour un nouvel accord financier dans le cadre de la FRD pour soutenir le programme de réformes des autorités en matière d’adaptation et d’atténuation climatiques ont été très productives », ont déclaré les services du FMI, à l’issue d’une mission virtuelle, conduite par Olaf Unteroberdoerster. Cet accord, prévu pour une durée de deux ans, de 2024 à 2026, est actuellement en attente de validation par le conseil d’administration de l’institution, qui prévoit de se réunir pour finaliser sa décision « dans les semaines à venir », d’après les détails fournis par le FMI dans son communiqué. La FRD, qui permet à l’institution de Bretton Woods d’octroyer des prêts de plus longue durée avec un remboursement différé – une échéance de 20 ans et une période de grâce de 10½ ans – s’adresse aux pays engagés dans des réformes structurelles pour réduire les risques liés au changement climatique et aux pandémies menaçant leur stabilité macroéconomique.
Si ce financement est approuvé, la Côte d’Ivoire deviendrait le troisième pays africain à bénéficier de la FRD, après le Rwanda, qui a déjà obtenu deux tranches de financement de ce fonds — la plus récente en 2023, s’élevant à 319 millions de dollars — et le Bénin, qui a reçu un financement de 200 millions de dollars en décembre dernier. Le nouveau financement viendrait ainsi renforcer un engagement conséquent de 3,5 milliards de dollars déjà en cours d’exécution dans le cadre d’un programme de 40 mois, assorti du mécanisme élargi de crédit (MEC) et de la facilité élargie de crédit (FEC), dont la deuxième mission d’évaluation est sur le point d’être bouclée.
Renforcement des capacités face au changement climatique
D’après les détails fournis par les équipes du FMI, le programme FRD conclu avec les autorités ivoiriennes cible le renforcement de la capacité d’adaptation du pays au changement climatique. Il est articulé autour d’une série de réformes destinées à répondre aux défis climatiques incluant : l’intégration des considérations climatiques dans la gestion des finances publiques, l’amélioration de la gouvernance en matière de politiques climatiques, la diminution de la vulnérabilité du secteur agricole face aux changements climatiques, l’augmentation des investissements dans les projets verts et durables, la réduction des risques liés aux inondations et à l’érosion côtière, ainsi que la diminution des émissions de gaz à effet de serre.
Mobilisation active et en série
Confrontée aux effets néfastes du dérèglement, la Côte d’Ivoire doit riposter rapidement pour inverser la tendance. Selon la Banque mondiale, le coût de l’action climatique pour la Côte d’Ivoire s’élèverait à 22 milliards de dollars, tandis que l’inaction pourrait réduire le PIB réel du pays de 13 % d’ici à 2050, empêchant 1,63 million de personnes d’échapper à la pauvreté. Le rapport de la Banque mondiale sur le climat et le développement en Côte d’Ivoire met en lumière l’urgence climatique dans le pays, où des hausses de température, des conditions météorologiques instables et la montée des eaux menacent déjà des secteurs vitaux comme l’énergie et le cacao, pilier de l’économie ivoirienne. Près de 80 % des entreprises du pays constatent des impacts négatifs sur leurs revenus, coûts et investissements, soulignant la nécessité d’une action climatique rapide. En réponse, Abidjan intensifie ses efforts et mobilise des ressources conséquentes. Dès janvier, un financement durable de 533 millions d’euros a été sécurisé auprès de Standard Chartered Bank, avec l’appui de la Banque Africaine de Développement, dans le cadre du Plan National de Développement 2021-2025 de la Côte d’Ivoire. Ces fonds, que le gouvernement d’Alassane Ouattara destine au développement durable, financeront des projets sociaux et environnementaux, notamment dans l’éducation, la santé, les énergies renouvelables, la gestion des eaux usées et la lutte contre la pollution.