Directeur de développement et porte-parole du Groupement du Patronat Francophone (GPF), premier réseau d’affaires francophones dans le monde avec 20 millions de PME, TPE, ETI et start-ups dans les 88 pays francophones, Stéphane Tiki est certainement l’un des hommes les plus influents dans le monde franco-africain des affaires. Ce n’est pas un hasard que l’ancien président américain, Barack Obama, le rencontre ce 13 mars à Paris, en marge du “Power earth summit”.
“Lauréat de l’Institut Choiseul sur les éditions 2020-2021, 2022, 2023 , il est aujourd’hui aussi connu dans les affaires que l’était Obama en 2004 dans le monde du social”. Étrange destin que celui de cet immigré camerounais qui a débarqué dans l’Hexagone en 2005 avec l’ambition inoxydable de “devenir quelqu’un d’impactant ”. Ça bouillonnait dans la tête de l’adolescent de 17 ans qu’il était ».
Diplômé en économie d’entreprises , il sera élu Président des jeunes de Union pour un mouvement populaire (UMP), parti de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy. “J’ai été Président des jeunes de l’UMP, le plus jeune membre du bureau politique de l’UMP”, raconte-t-il.
“Je rêve ma vie et je vis mes rêves !”, répond-t-il à Financial Afrik, en situant sa motivation dans un engagement à créer de la valeur pour les PME africaines. Pour Stéphane Tiki, la francophonie doit évoluer vers l’économie et permettre à l’Afrique de bâtir des ponts avec sa diaspora, avec tous ceux qui souhaitent investir en Afrique et de capter pleinement le potentiel de cet espace qui représente 20% du commerce mondial. “L’ Afrique n’a pas besoin d’être aidée. L’Afrique a du talent, l’Afrique a du potentiel. L’Afrique est le continent d’aujourd’hui et demain . Elle a besoin de formation, de business et d’économie », lance-t-il. Et d’inviter le secteur privé africain à être plus offensif en sur l’axe Nord-Sud et aussi sur le Sud Sud.
Le Groupement du Patronat Francophone (GPF) est un réseau qui existe depuis 1987 avec comme sacerdoce de connecter l’offre et la demande en faisant de la francophonie économique entre les 88 pays qui ont la langue de Molière en usage. Dans un contexte de montée du nationalisme dans l’espace public, Stéphane Tiki pense que la réponse doit être pragmatique, c’est à dire économique. “Nous croyons au faire ensemble dans tous ces pays parce que je reste persuadé que faire ensemble, bâtir ensemble et construire ensemble c’est faire l’un avec l’autre dans un objectif commun. Peu importe notre origine, notre religion et notre race si on se base sur un projet commun, si on a envie de travailler ensemble avec des objectifs communs afin de connecter entre les entreprises entre elles et les entreprises et les gouvernements”.
Loin de céder au radicalisme de l’époque qui, comme le déplorait Albert Camus, appelle à choisir entre le père et la mère, à s’amputer une partie de soi-même, le directeur du GPF revendique plutôt la double appartenance. “je suis profondément amoureux de la France et de l’Afrique parce que ce sont mes deux cultures. Je suis profondément amoureux du Cameroun, c’est le pays dans lequel je suis né et où j’ai grandi pendant 17 ans et je suis profondément amoureux de la France, le pays dans lequel je me suis construit avec mes expériences professionnelles et accompli mes rêves. Je suis très fier d’aimer la France et fier d’aimer le continent africain dans lequel il y a énormément de ressources et de créer un pont économique entre ces deux continents avec l’ambition d’améliorer l’image de la France en Afrique et l’image de l’Afrique en France ”.
Ses références en politique sont directement tirées de son expérience. “Un homme qui m’a beaucoup inspiré dans ma vie, c’est Nicolas Sarkozy et son slogan « ensemble tout devient possible! “ Comme l’auteur de “Le temps des combats” le confessait dans son livre à succès, Stéphane le dit avec force. “Tout ce que j’ai réussi à obtenir, je me suis battu pour l’obtenir, on ne m’a rien donné”. Et de s’adresser aux jeunes africains avec emphase. “C’est vraiment à force de travail, en traversant les moments difficiles où il faut tenir bon, ne rien lâcher et faire preuve de force de conviction qu’on atteint ses objectifs”.
A 36 ans, son histoire se lit encore dans l’avenir et ses goûts dans ceux d’une génération passionnée de sport . “J’adore la musique, l’opéra, le sport, tous les sports. Je rate rarement un match de foot ou de basket parce que c’est une vrai passion…Je suis un passionné de compétition !”. Mais sa vraie passion est le travail, l’engagement social et la lutte contre les inégalités. Le travail est ma passion ,je ne compte pas les heures. et même le week-end, je vais sur le terrain avec les associations auprès des jeunes pour donner, partager et les accompagner. J’aime beaucoup ce que je fais !
Profondément engagé dans la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, il ne se voit pas ailleurs que dans une société où la liberté, l’égalité des chances et la méritocratie sont garanties. “Or ces conditions ne sont jamais acquises définitivement. D’où la nécessité de l’engagement citoyen”. S’il fallait designer une personnalité qui symbolise toutes ces valeurs de travail et d’abnégation, ce sera Kylian Mbappé, une star de foot originaire aussi du Cameroun , qui symbolise l’espoir et le rêve pour beaucoup de jeunes. “Parti de Bondy, il est aujourd’hui le meilleur joueur du PSG, de l’équipe de France, un des meilleurs du monde “. Et de s’adresser encore aux jeunes de la diaspora et du continent avec le gestuel de l’orateur parfait, habitué à la harangue : “Allez au bout de vos rêves et tentez les choses, OSER ! Les américains disent il n’y a aucune limite ..Allez chercher le soleil car il faut viser le soleil..C’est votre moment..”.
Dans ces mots sincères, se profile un peu d’Obama et un peu de Martin Luther King . “N’écoutez jamais ce que les gens vous disent et faites ce que vous avez à l’intérieur de vous-même”, lance-t-il encore à une foule d’interlocuteurs imaginaires qui va au delà des 88 pays membres de l’OIF. Son rêve, changer la société afin qu’on ne regarde plus tel ou untel parce que c’est un homme ou une femme, ou un noir ou un blanc. “Avant toute chose, la compétence ! Qu’on arrête de parler du genre, du sexe, de la religion et de la couleur de peau. Si on arrive à faire cela, la société va respirer un peu plus !” Honoré récemment à Tunis par le Conseil international des femmes entrepreneures, le patron de Chaba Consulting Group espère convaincre Barack Obama à faire encore plus pour l’Afrique.