Chronologie d’un champ gazier potentiel
Mercredi dernier 27 mars 2024, le conseil des ministres a autorisé le ministre du Pétrole, des Mines et de l’Énergie, Nani Ould Chrougha, à signer un contrat d’exploration-production pour le développement du champ gazier Banda avec le consortium d’entreprises Taqa Arabia et Go Gas Holding .
Basée au Caire et forte de plus de 25 ans d’expérience, TAQA Arabia est le principal fournisseur d’énergie et de services publics en Égypte, répondant aux besoins énergétiques quotidiens de plus de 1,8 million de clients. Taqa est spécialisé dans la distribution alors que Go Gas, de nationalité émiratie, dispose d’une expérience avérée dans le volet upstream.
Cette décision si elle se confirmait, consacre le choix du tandem égyptien contre l’option de l’indien Essar, contrôlé par le russe Roseneft ou encore le Consortium Austro-Canadien comprenant la firme autrichienne PMLucas, la firme canadienne Enerflex (géant mondial du Gas processing), la firme d’investissement Hefestos Capital, la firme Subsea7 (spécialiste de l’ingénierie gazière sous-marine), la firme Archirodon (spécialiste EPC) et Siemens Energy, l’autre géant mondial de l’énergie.
Ce groupement était en négociations avancées avec la Société Mauritanienne des Hydrocarbures (SMH) comme le démontre un MOU signé en octobre 2023. Selon des médias mauritaniens, le consortium proposait de signer la DFI (Décision Finale d’Investissement) au bout de 6 mois et de se fonder sur un calendrier d’exécution de 24 mois pour le développement intégré du champ Banda avec la construction d’un gazoduc offshore/onshore de 75 km, la conversion de la centrale existante de 180MW et la construction d’une nouvelle centrale gas-to-power de 120MW, pour un investissement d’aux environs 900 millions USD. Cette proposition du Consortium Austro-Canadien n’a pas été présentée en conseil des ministres, selon des sources bien informées, laissant entendre qu’il n’y avait que l’offre des égyptiens postulant pour le développer Banda.
Pour sûr, le ministère du pétrole, des mines et de l’énergie n’a divulgué aucune information sur les modalités et les critères de sélection de ce consortium, à savoir le délai de signature de la DFI (Décision Finale d’Investissement), le calendrier d’exécution proposé, encore moins le plan de développement et le coût estimé du projet ; sans parler des avantages commerciaux et fiscaux dont bénéficieraient la Mauritanie.
A noter que le champ gazier dd Banda a accusé beaucoup de retard, paralysé depuis dix ans dans un ballotage entre la britannique Tullow Oil et l’américaine New Fortress Energy. Gageons cette fois-ci, qu’il ne s’agit pas d’un faux départ, la Mauritanie demeurant en quête d’un développeur gas-to-power ayant des conditions techniques et financières suffisantes pour relever le challenge.
Chronologie
- 2002 : Découverte du champ de gaz naturel Banda dans le bassin côtier mauritanien par la société australienne Woodside Energy. Le potentiel du champ est estimé à 1,2 TCF.
- 2003 : Woodside Energy cède ses droits sur le champ de Banda à la société malaisienne Petronas, qui à son tour, les cède à Tullow Oil en 2011.
- Début 2012 : Tullow Oil commence son projet de production d’électricité à partir du gaz naturel du champ de Banda, avec un coût estimé à 450 millions de dollars, soutenu par un engagement de 200 millions de dollars de la Banque mondiale.
- Fin 2014 : Création de la SPEG (société pour la production de l’électricité à partir du gaz) pour superviser le projet.
- 2016 : Année prévue pour le démarrage de l’exploitation du champ de Banda par Tullow Oil, lequel se retire finalement du projet sans explications, marquant un échec avant même le début de l’exploitation.
- 2016: Le Mali annonce officiellement son retrait du projet suite à la détérioration de la situation politique et sécuritaire, contribuant aux difficultés du projet.
- 2016 : Découverte du champ de Grand Tortue Ahmeyim (GTA) partagé entre la Mauritanie et le Sénégal, éclipsant l’intérêt pour le champ de Banda.
- Fin 2021 : Signature d’un mémorandum d’entente entre le ministère de l’Énergie mauritanien et la société américaine New Fortress Energy pour le développement et l’exploitation du champ Banda à partir de 2024.
- 2022 : Réalisation d’une nouvelle étude de faisabilité par New Fortress Energy, en partenariat avec un bureau d’études britanniques.
- 2023. La société américaine de gaz naturel liquéfié New Fortress Energy et son partenaire mexicain Pemex quittent le projet.
- 2024. Le 27 mars, un consortium égyptien conduit par Taqa Arabia est retenu. Enfin le bout du tunnel ?