La République démocratique du Congo dispose d’un potentiel agricole à même de nourrir un être humain sur quatre. Paradoxalement, le pays, dont l’économie est dépendante du secteur minier, ne parvient pas à nourrir sa propre population. Couplée à des réformes nécessaires, l’implication du secteur privé dans le développement agricole permettrait de faire de l’agriculture l’un des « piliers de notre prospérité », veut croire l’homme d’affaires George Forrest, à la tête de l’un des principaux groupes du pays.
« Le secteur minier n’est pas éternel, notre perspective dans l’agriculture, si ». Prononcée à l’occasion d’un forum consacré, en octobre dernier, au développement de l’agriculture en République démocratique du Congo (RDC), la phrase est signée Nicolas Kazadi, le ministre des Finances de cet immense pays d’Afrique centrale, vaste comme quatre fois la France. Organisé dans sa capitale Kinshasa pendant deux jours, le Forum AgriBusiness réunissait, sous l’égide du gouvernement congolais et de la Banque africaine de développement (BAD), une centaine de participants originaires d’une vingtaine de pays. Comptant sur la présence de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), l’évènement avait, notamment, pour objectif de stimuler l’investissement du secteur privé dans les chaînes de valeur agricole.
La RDC se réforme pour devenir « le grenier de l’Afrique »
Car le potentiel agricole de la RDC est exceptionnel mais, pour l’heure, largement sous-exploité. « Avec ses 80 millions d’hectares de terres arables, ses quatre millions d’hectares de terres irrigables, sa diversité climatique permettant une exploitation agricole toute l’année, ses 7 à 8 % d’eau douce exploitable du monde, ses pâturages d’environ 125 millions d’hectares ayant une capacité de charge de 40 millions de têtes de gros bétail, l’importance de sa population, notamment jeune et féminine, la RDC a les moyens (…) d’être le grenier de l’Afrique, l’épicentre de l’industrie agricole continentale et également un vivier de prospérité », a détaillé lors du forum d’octobre dernier Solomane Koné, directeur adjoint de la BAD pour la RDC.
Des ressources naturelles qui ne bénéficient pourtant qu’insuffisamment à la population de la RDC elle-même, 27 millions de Congolais — sur une centaine de millions d’habitants — vivant en situation d’insécurité alimentaire. Si le secteur emploie 70 % de la population et contribue à hauteur de 20 % au PIB congolais, l’économie du pays demeure excessivement dépendante de l’extraction minière et la RDC continue d’importer plus de la moitié des denrées alimentaires nécessaires. De même, plus de 50 millions d’hectares de terres arables, sur un total de 80 millions, ne sont toujours pas cultivés et les rendements agricoles demeurent très faibles. Autrement dit, « la part de notre secteur agricole dans le (PIB) est faible (et) ne répond pas aux besoins de la demande intérieure. Ce qui nous oblige à importer massivement notre nourriture », relevait lors du forum d’octobre Leny Ilondo, le vice-président de la FEC, qui voit là « une forme de scandale et un cercle vicieux ».
En RDC, de nombreuses réformes sont donc sur les rails afin de libérer, enfin, le potentiel agricole du pays. Comme le reconnaît Nicolas Kazadi, « relever le défi de l’agriculture repose sur trois piliers : les infrastructures, la gouvernance — l’environnement des affaires — et enfin, la question de la culture entrepreneuriale des locaux d’abord, puis l’attractivité pour les étrangers ». Un message décliné par l’ANAPI, l’Agence nationale pour la promotion des investissements, qui encourage les entrepreneurs locaux à se lancer dans l’aventure agricole ; cette politique volontariste a d’ores et déjà permis, à travers un programme d’accompagnement commercial et financier, l’éclosion de plusieurs incubateurs et sites de cultures vivrières à travers le pays. Enfin, la BAD vient d’accorder un prêt de 118 millions de dollars afin d’accélérer la transformation du secteur agricole congolais et d’encourager les investissements privés et étrangers.
George Forrest, via la société GoCongo, veut tirer pleinement parti du « trésor vert » congolais
Un nouveau souffle sur lequel compte bien surfer George Forrest, un entrepreneur à la tête de l’une des entreprises les plus dynamiques de RDC, Groupe Forrest International (GFI). Né au Congo, l’homme d’affaires a d’abord misé sur le BTP et l’énergie, avant de se diversifier, à titre privé, vers l’agriculture. Avec actuellement environ 1 million d’hectares de terres arables à son actif, l’entrepreneur s’est lancé, voici une quinzaine d’années, dans l’élevage bovin. Non sans succès, sa filiale GoCongo affichant désormais quelque 56 000 têtes de bétail et caracolant en tête des entreprises congolaises à même de faire atteindre l’indépendance alimentaire au pays. Et George Forrest de dire sa conviction selon laquelle « un avenir où l’agriculture brille plus que l’exploitation minière en RDC n’est pas seulement possible, mais inévitable ».
« Imaginez », poursuit l’entrepreneur, « un pays où nos vastes étendues de terres arables, capables de nourrir un quart de la population mondiale, sont pleinement valorisées ». Pour mieux tirer parti de ce qu’il qualifie lui-même de « trésor vert », George Forrest est persuadé que « la clé (du) changement réside dans une synergie puissante entre la vision audacieuse des entrepreneurs du secteur privé et un engagement politique sans faille ». « À travers GoCongo, nous avons investi dans cette croyance », lance encore l’homme d’affaires, qui ambitionne « d’écrire un nouveau chapitre pour la RDC. Un chapitre où l’agriculture devient le pilier de notre prospérité. (…) Un avenir où chaque grain semé est un pas de plus vers notre réussite collective ». Bonjour