Par Losseni Togossy Diarrassouba, Chercheur associé à l’IQAI, Consultant en droit, énergie et développement durable, auteur de : « Les aspects juridiques de la transition énergétique».
L’ouvrier mérite son salaire dit-on ! Celui qui sème est bien en droit de récolter. Doubaï a pratiqué l’ensemencement des nuages et le 17 Avril 2024, elle a reçu l’équivalent de deux ans de pluie. 3.5 millions de personnes et leurs biens en souffrent et je n’ose parler des conséquences économiques. Quelle bien mauvaise moisson !
Je suis évidemment triste et compatissant pour eux. C’est une véritable tragédie et j’espère vivement que Dieu les aide à surmonter cette lourde épreuve.
Cela dit, les conséquences du cloud seeding sur la ville de Dubaï nous interpelle. C’est encore l’opportunité de mettre en lumière la complexité et les enjeux entourant la modification du temps, une pratique qui continue d’éveiller l’intérêt et les préoccupations à l’échelle mondiale.
En effet, la modification du temps, également connue sous le nom de modification du climat, renvoie à la manipulation ou à la stimulation délibérée de certains aspects du climat terrestre dans le but de produire des effets bénéfiques spécifiques. Cette pratique peut impliquer diverses techniques visant à influencer les conditions météorologiques et climatiques, notamment les précipitations, les températures et les phénomènes météorologiques extrêmes.
Une des méthodes les plus couramment utilisées pour modifier le temps est la modification des nuages. Cette technique implique l’introduction de petites particules dans l’atmosphère pour influencer la formation des nuages et des précipitations. Les particules peuvent agir comme des noyaux de condensation autour desquels la vapeur d’eau se condense, favorisant la formation de nuages et potentiellement augmentant les précipitations.
Une autre approche consiste à utiliser la technique de semis des nuages (cloud seeding), dans laquelle des particules telles que des cristaux de glace ou des sels sont dispersées dans les nuages pour stimuler la formation de précipitations. Cette méthode est souvent utilisée pour augmenter les précipitations dans les zones arides ou pour réduire les risques de sécheresse. Cette dernière est fréquemment pratiquée dans les Emirats arabes unies et aux Etats Unies d’Amérique.
Le National Center of Meteorology des Émirats arabes unis a déclaré à CNBC qu’il n’avait entrepris aucune opération d’ensemencement de nuages pendant la tempête. Mais cette déclaration semble dans le même temps en contradiction avec un rapport de Bloomberg News selon lequel la géo-ingénierie a intensifié les précipitations. Nous voici dans l’impasse comme toujours. Des scientifiques attendent de voir une démonstration par A+B que la géo-ingénierie a été un facteur déterminant dans ce qui est arrivé. Autrement dit, sans preuve scientifiques, le débat n’a pas lieu d’être.
Pour ce que la vie m’a donné d’observer, c’est que les preuves scientifiques des aspects négatifs des inventons et révolutions scientifiques arrivent malheureusement tardivement ; les exemples en la matière sont légion. Faut-il le redire, la science sans conscience n’as pas de sens. (L’idée est la suivante : il faut bien contrôler la science avec un peu plus de conscience). Nos modes de production et de consommations ne sont pas soutenables. Il faut bien ralentir et le faire alors qu’il est encore possible.
La modification du temps continuera de susciter des débats sur ses avantages et ses inconvénients potentiels. Alors que certains voient cette pratique comme un outil précieux pour lutter contre la sécheresse, améliorer les cultures agricoles et répondre aux besoins en eau, d’autres s’inquiètent des effets secondaires imprévus et des risques pour l’environnement. Des préoccupations concernant l’impact de cette pratique sur les écosystèmes, la santé humaine et la stabilité du climat à long terme sont souvent soulevées
Malgré ces controverses, la recherche sur la modification du temps doit se poursuivre pour mieux comprendre les implications scientifiques, environnementales et éthiques de ces pratiques. La tragédie de Doubaï invite à conduire à l’avenir des études approfondies et de peser attentivement les avantages et les risques des projets de modification du temps à grande échelle avant de les mettre en œuvre. Aussi, me semble, il faut penser à adopter une approche réglementaire et réfléchie de ces pratiques pour minimiser les risques éventuels sur le climat et les populations locales.