De notre Envoyé spécial à Nassau, Bahamas.
Les 31èmes assemblées annuelles de la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) se sont ouvertes le 12 juin 2024 à Nassau, Bahamas, avec un discours de bienvenue de John A Rolle, gouverneur de la Banque centrale du pays hôte. Prenant la parole à son tour, Denys Denya, vice-président d’Afreximbank, a insisté sur la nécessité d’une alliance solide entre les régions du « Global Africa », terme englobant le continent, les Caraïbes et la diaspora.
Pamela Coke Hamilton, directrice de l’International Trade Center (ITC), organe de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), a rappelé que le potentiel d’échanges entre l’Afrique et les Caraïbes est estimé à 1,8 milliard de dollars d’ici 2028. « Actuellement, seulement 3% des échanges des Caraïbes sont avec l’Afrique », a-t-elle déclaré, en appelant à intensifier les échanges dans les services, le transport, les minéraux, les métaux, le bois, le caoutchouc, les emballages, etc. Pamela Coke Hamilton a également plaidé pour un accord de libre-échange avec les Caraïbes, ajoutant : « Si on a pu le faire avec l’Europe, pourquoi pas avec l’Afrique ? »
L’événement, qui coïncide avec la troisième édition du Forum d’échange et d’investissement afro-caribéen (ACTIF), réunit 24 chefs d’État actuels et anciens, symbolisant un pont entre l’Afrique et les Caraïbes à travers l’histoire et les océans.
Demondialisation ou remondialisation ?
Intitulé « Owning Our Destiny: Economic Prosperity on the Platform of Global Africa », la rencontre explore des thèmes cruciaux à l’intersection du développement économique, de la coopération et de la résilience dans un monde en déglobalisation. Sous la direction de son président, le professeur Benedict Oramah, Afreximbank témoigne de son engagement pour le développement économique et la prospérité partagée entre l’Afrique, la diaspora et les Caraïbes.
Des figures éminentes comme le Dr Roger W. Ferguson (photo), ancien vice-président de la Réserve fédérale des États-Unis (et premier africain américain à ce poste) prennent part à la conférence. «Je parlerais plutôt de ré/mondialisation plutôt que de la dé-mondialisation », dira Dr Ferguson, livrant un aperçu précis du contexte économique mondial.
L’interêt d’Afreximbank pour la région découle d’une vision stratégique. « C’est un voyage qui a commencé en 2008 avec la décision de faire de la diaspora la sixième région du continent », a rappelé le président de la banque panafricaine basée au Caire. Le premier sommet entre l’Afrique et la Communauté des Caraïbes (CARICOM) s’est tenu en 2021. Pour rappel, Afreximbank a ouvert son premier bureau dans la région aux Barbades et compte bientôt ouvrir un Centre de la diaspora africaine à New York.
Des discussions autour d’un accord de libre échange Afrique Caraïbe
La seconde journée de ces assemblées sera marquée par des discussions sur un potentiel accord de libre-échange Afrique -Caraïbe, visant l’autodétermination économique. Des sessions plénières mettront en avant des collaborations stratégiques entre les leaders africains et caribéens pour mobiliser le financement du développement et intégrer les infrastructures industrielles et commerciales.
La conférence se concentrera également sur les jeunes, l’innovation et les créatifs comme fondements du progrès économique. Un panel explorera les opportunités d’investissement Afri-Caraïbe, avec un accent sur les secteurs créatifs et culturels comme moteurs de croissance économique.
Cet événement représente un pas stratégique vers la consolidation d’une plateforme économique panafricaine et pan-caribéenne, visant à renforcer les alliances économiques et culturelles. Les discussions et les accords envisagés pourraient définir les contours de la coopération Sud-Sud dans les années à venir, positionnant ainsi l’Afrique et les Caraïbes comme des acteurs plus affirmés sur la scène mondiale.