En 2023, les Africains ont perdu 56,3 millions d’euros à cause des demandes de visa Schengen refusées, un montant représentant l’équivalent de 225 voitures Ferrari 488 GTB offertes aux autorités européennes sans contrepartie de libre circulation, regrette le site marocain Hespress. Cette somme colossale, issue des 704.000 dossiers non remboursables, révèle une dynamique alarmante de disparités et de restrictions qui affecte principalement les Africains, qui représentent 43% des refus mondiaux des demandes de visa Schengen pour non-Européens.
La discrimination est criante, notamment envers les Algériens et les Marocains, les deux nationalités les plus impactées. Les Algériens ont vu 166.260 de leurs demandes rejetées, soit 35,07% de toutes leurs requêtes, tandis que les Marocains ont subi 136.367 refus, soit 8,3% du total des demandes en 2023. Les frais associés à ces démarches représentent plus d’un tiers du salaire moyen en Algérie, soulignant une perte économique significative pour les individus et les communautés.
La situation est aggravée par le rôle des intermédiaires illégaux qui exploitent la demande élevée pour des rendez-vous de visa, demandant jusqu’à 500 euros pour une réservation. Cette manne financière illégale et non réglementée échappe à tout contrôle et ajoute une couche supplémentaire d’injustice au processus.
Au-delà des Algériens et des Marocains, d’autres nations africaines subissent également des taux de refus élevés, avec des pertes allant de 1 million à 3,7 millions d’euros pour des pays comme l’Égypte, la Nigeria, et la Tunisie. Ce phénomène n’est pas juste une question de chiffres, mais une réelle entrave à la mobilité et un frein aux opportunités pour ces populations.
Face à ces inégalités, il est temps pour l’Union Africaine de réagir et de proposer une alternative symbolique mais puissante : le visa « Addis Abeba ». Ce visa, inspiré du modèle Schengen, ne serait pas un outil pour restreindre la circulation des personnes et des biens mais un moyen de montrer aux pays occidentaux la discrimination subie par leurs voisins africains et de les inciter à s’engager pour des règles de mobilité équitables et égalitaires.
L’introduction d’un tel visa par l’Union Africaine pourrait non seulement attirer l’attention sur ces disparités mais aussi pousser à une réflexion globale sur les politiques de visa et leurs impacts. Il est temps de reconnaître que la libre circulation des personnes doit être un droit partagé équitablement, respectant la dignité et les aspirations de tous, au-delà des frontières économiques et géographiques.
Dans l’esprit du libéralisme, ouvrons les portes à une mobilité équitable. L’Union Africaine a ici une occasion en or de prendre les devants pour réformer les normes internationales de déplacement et de visa. Un tel geste serait un pas vers un monde où les droits de l’homme et la justice sociale guident les lois de la mobilité internationale.