Des chefs d’État, des ministres, des responsables gouvernementaux et des capitaines d’industrie de renom figuraient parmi les plus de deux mille délégués participant à la première journée des 31e Assemblées annuelles de la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), qui se tiennent à Nassau, aux Bahamas, du 12 au 15 juin. Le thème de ces assemblées annuelles s’intitule : « Owning our Destiny: Economic Prosperity on the Platform of Global Africa » (S’approprier notre destin : La prospérité économique sur la plate-forme de l’Afrique mondiale). Lors de la première journée, les participants ont appelé au renforcement des liens entre l’Afrique et les Caraïbes, la sixième région de l’Union africaine. Ces rencontres sont considérées comme cruciales pour les décideurs économiques d’Afrique et des Caraïbes et sont couvertes par les médias africains, caribéens et internationaux.
Dans son allocution de bienvenue, M. John Rolle, Gouverneur de la Banque centrale des Bahamas, a encouragé les participants à tirer parti des opportunités d’apprentissage, de partage et de mise en réseau. Il a souligné que les Caraïbes pourraient bénéficier d’une meilleure connaissance du système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) de l’Afrique. M.John Rolle est convaincu qu’avec le soutien d’Afreximbank, les banques centrales de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) peuvent s’efforcer de reproduire ce système.
M. Rolle a poursuivi en ces termes : « Un projet réussi dans les Caraïbes pourrait nous permettre d’atteindre les objectifs déjà fixés pour un système de paiement international qui, même au niveau du commerce de détail, est plus intégré, plus rapide et nettement moins cher pour le consommateur moyen. Le perfectionnement du système multilatéral de paiements et de règlements transfrontaliers pourrait également nous aider à préserver l’utilisation des précieuses réserves internationales, en particulier si nous développons le commerce intrarégional ».
En tenant compte des liens de plus en plus étroits entre l’Afrique et les Caraïbes et du mouvement vers une Afrique globale unissant les Africains, leur diaspora et leurs descendants dans le monde entier, l’événement de trois jours se déroule aux Bahamas en même temps que le 3e Forum Afrique-Caraïbes sur le commerce et l’investissement (ACTIF).
Dans son intervention, M. Denys Denya, premier Vice-président exécutif d’Afreximbank, a déclaré que l’AAM et l’ACTIF2024 représentent un rendez-vous de tous les Africains dans le contexte de l’Afrique mondiale et que les deux événements contribueront à définir la vision et les aspirations communes de la région des Caraïbes et de l’Afrique.
« Pour un continent doté d’une telle abondance en ressources naturelles, la quête du développement durable est un combat perpétuel. Le niveau de développement dans la région des Caraïbes, s’il n’est pas homogène, n’est pas tout à fait étranger à ce récit. C’est dans ce contexte de privation et de marginalisation soutenues que nous cherchons à unifier nos forces dans le cadre de l’Afrique globale pour un avenir meilleur. Au sein de notre unité, nous avons le nombre, nous avons la voix pour siéger à la table au moment des prises de décisions. Nous sommes une force viable pour peser sur les décisions mondiales ».
Mme Pamela Coke-Hamilton, Directrice exécutive du Centre du commerce international, a souligné l’important potentiel commercial entre l’Afrique et les Caraïbes, qui devrait atteindre 1,8 million de dollars US par an d’ici 2028. Selon elle, il est temps d’envisager l’établissement d’une zone de libre-échange entre l’Afrique et les Caraïbes. « Les accords commerciaux sont un moyen de faire tomber les barrières et d’ouvrir de nouvelles perspectives », a déclaré Mme Coke-Hamilton.
À l’issue de la cérémonie d’ouverture, les délégués ont participé à une session sur le thème « Renforcer la résilience à l’ère de la mondialisation », au cours de laquelle M. Roger W. Ferguson, ancien Vice-président de la Réserve fédérale, a prononcé un discours liminaire. Dr Ferguson, premier Afro-Américain à occuper ce poste, a souligné l’importance de développer des systèmes diversifiés et flexibles pour répondre aux défis, en mettant en évidence les risques de rigidité face aux chocs.
Au cours de la première session plénière, qui se penchait sur la transformation économique dans un monde en proie à des crises multiples, le Président et directeur général associé du SouthBridge Group et ancien Président du Groupe de la Banque africaine de développement, Dr Donald P. Kaberuka, a souligné l’importance pour les pays d’apprendre à gérer les crises plutôt que de les traiter comme des cas isolés. Jeffery Sachs, Maître de conférences en économie à l’Institut international d’études sociales (ISS) de l’Université Erasmus de Rotterdam, a indiqué que face à la forte concurrence internationale, l’Afrique doit s’unir. Il a déclaré : « On ne peut pas fonctionner dans ce monde comme un petit pays. Même les petits pays qui réussissent font partie d’une entité mondiale quelconque. Et l’Afrique est trop grande pour faire partie d’une entité mondiale quelconque, en dehors d’elle-même. L’Afrique doit être un pilier fondamental de la scène mondiale ».
Au cours de la deuxième session plénière précédant le déjeuner, M. Ken Ofori Attah, Conseiller économique du Président du Ghana, M. Hassan Abdalla, Gouverneur de la Banque centrale d’Égypte, et M. Chad Blackman, Ministre des Affaires Economiques et des Investissements de la Barbade, ont discuté des meilleures pratiques pour faire face aux crises macroéconomiques, en soulignant l’importance de la crédibilité et de l’accès à de meilleures options de financement.
Lors de la première journée jour, Viola Davis, actrice et cofondatrice de JVL Media, a signé un protocole d’intention avec Afreximbank et le Fonds de développement des exportations afin de créer une chaîne de valeur pour le développement du cinéma africain. Après la cérémonie de signature, elle a insisté sur le pouvoir de la narration pour remodeler le récit africain. Mme Viola Davis a fait remarquer que la perception dominante de la pauvreté et de la souffrance est perpétuée à dessein pour justifier les mauvais traitements infligés par les oppresseurs, et qu’il est donc important que les Africains s’approprient leur récit.
Après le déjeuner, les délégués ont pris part à trois séances plénières sur les thèmes suivants : « Stimuler la transformation économique dans l’Afrique mondiale : Le rôle des nouveaux géants afro-caribéens », « Faire fonctionner l’Accord de libre-échange continental africain pour l’Afrique mondiale » et « Utiliser la transformation industrielle pour construire des ponts : La vision de l’Afrique mondiale et l’expérience du groupe Dangote ».
L’allocution de M. Babajide Olusola Sanwo-Olu, Gouverneur de l’État de Lagos a clôturé cette première journée. Il a exhorté les Africains à adopter l’agenda mondial de l’Afrique, à se voir comme ils peuvent et doivent être, et à faire cap sur l’avenir avec la détermination d’écrire leurs propres histoires de succès telles que la Zone de libre-échange continentale africaine.
L’AAM et l’ACTIF s’attachent à relever les défis qui affectent les économies africaines et caribéennes, à promouvoir la croissance et à accélérer les flux commerciaux et d’investissement en Afrique et avec la diaspora.