Le PIB selon les 3 optiques
Nous savons que, dans une économie moderne, il y a 3 méthodes pour calculer le PIB :
– le PIB selon l’optique de la production
– le PIB selon l’optique du revenu et
– le PIB selon l’optique de la demande ou de la dépense.
Pour mieux comprendre ces différentes approches, nous allons partir des données de l’économie du Sahel. Dans ce pays fictif, il y a 3 branches que sont l’Agriculture, l’Industrie et les Services*. Pour l’année 2023, les valeurs ajoutées brutes (VAB) crées sont de 100 pour l’Agriculture, 150 pour l’industrie et 200 pour les Services. La TVA totale encaissée par l’Etat est de 40. Les subventions sur les produits versées par l’Etat sont de 20. Les impôts sur la production (patente) sont de 20 et les droits de douane de 10. Les données sont milliards de Francs.
1. Le PIB dans l’optique de la production est égal à :
Somme VAB + TVA + D. douane – Subventions sur les produits
PIB = (100 + 150 + 200) + 40 + 10 – 20 = 490
On sait qu’au Sahel les salaires sont de 350 et la somme des excédents bruts d’exploitation est de 90. Ce qui donne :
2. *PIB dans l’optique du revenu = Salaires + Excédent Brut d’Exploitation + TVA + impôts sur la production (patente) + D. douane – Subventions sur les produits.
PIB = 350 + 90 + 40 + 20 + 10 – 20 = 490
Le PIB dans l’optique du revenu permet de voir que la répartition primaire de la richesse créée se fait entre les travailleurs (350), les propriétaires de l’entreprise (90) et l’Etat (50).
Il se fera une répartition secondaire du revenu qui consistera à prélever sur les revenus issus de la répartition primaire des montants plus ou moins élevés afin de financer des revenus qui ne sont pas issus des activités de production (indemnités de chômage, assurance maladie par exemple). Et l’Etat, par le biais des impôts sur le revenu, va s’accaparer, au bout du compte, d’une part du PIB plus grande que celle dont il avait bénéficié lors de la répartition primaire.
Par ailleurs, la consommation finale au Sahel (C) est de 360,l’investissement (I) de150, les les exportations (X) de 30 et lesimportations (M) de 50. D’où :
3. PIB dans l’optique de la demande ou de la dépense** =
PIB = C + I + X – M = 360 + 150 + 30 – 50 = 490
Le PIB dans l’optique de la demande ou de la dépense nous montre comment, dans une économie ouverte, l’équilibre entre l’offre et la demande de biens et services est réalisé.
Ainsi au Sahel l’offre de biens et services est de : PIB + Importations = 490 + 50 = 540.
La demande de biens et services est de : C + I + X = 360 + 150 + 30 = 540. Il y a donc bel et bien un équilibre entre l’offre et la demande de biens services.
Avec ces optiques, on comprend que le PIB se présente sous trois formes qui entretiennent des relations dialectiques. Tout changement dans une des formes se répercute de façon itérative à l’ensemble de la production, des revenus et de la demande. Les effets sont systémiques.
* Dans la définition exhaustive on y comptabilise le revenu mixte et les subventions d’exploitation.
**Pour simplifier nous considérons que les dépenses publiques sont dans C+I.
Notice du Pr Amath Ndiaye: Le grand public a besoin de connaître certaines notions de base de l’économie. Cela facilitera la compréhension des problèmes économiques et contribuera, nous l’espérons, à la « convergence » d’idées sur les politiques économiques. Nous ne sommes pas des donneurs de leçons. Nous pensons en toute modestie que nous devons nous rendre utiles comme tout le monde en partageant du peu que nous savons.
A propos du Pr Amath Ndiaye
Prof. Amath Ndiaye est un éminent économiste sénégalais, titulaire d’un Doctorat d’État en Sciences Économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2001) et d’un Doctorat de 3e cycle en Économie du Développement de l’Université de Grenoble, France (1987). Depuis 1987, il enseigne à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Expert reconnu, il a collaboré avec des institutions prestigieuses telles que la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, et le FMI, se spécialisant notamment dans les domaines des taux de change, de la croissance économique, et du développement institutionnel. Il a également contribué à la mise en place de la Banque Centrale Africaine sous l’égide de l’Union Africaine. Prof. Ndiaye est l’auteur de nombreuses publications influentes, notamment sur les régimes de change et la croissance économique en Afrique de l’Ouest. Trilingue, il maîtrise le wolof, le français et l’anglais.