Par Pr Amath Ndiaye, FASEG-UCAD .
Le PIB est la composante principale de la richesse créée dans un pays, au cours d’une année. Cependant, les étrangers résidents et non-résidents contribuent à la formation du PIB et en tirent des revenus. Ces revenus sont totalement ou partiellement versés à leurs pays d’origine ou au Reste du Monde. Ces revenus sont constitués de profits et d’intérêts issus des investissements ainsi que de salaires. A ne pas confondre ces salaires avec les transferts de fonds des migrants. Ainsi, le Produit National Brut (PNB) ou Revenu National Brut (RNB) n’est rien d’autre que le PIB auquel on ajoute et déduit ces revenus des facteurs de production (investissements et travail).
PNB = PIB + revenus des facteurs en provenance de l’extérieur − revenus des facteurs versés à l’extérieur.
Reprenons notre exemple du pays Sahel. Dans ce pays fictif, il y a 3 branches que sont l’Agriculture, l’Industrie et les Services*. Pour l’année 2023, les valeurs ajoutées brutes (VAB) crées sont de 100 pour l’Agriculture, 150 pour l’industrie et 200 pour les Services. La TVA totale encaissée par l’Etat est de 40. Les subventions sur les produits versées par l’Etat sont de 20 et les droits de douane de 10. Les données sont milliards de Francs. Ainsi, Le PIB dans l’optique de la production est égal à :
Somme VAB + TVA + D. douane – Subventions sur les produits
PIB = (100 + 150 + 200) + 40 + 10 – 20 = 480
Par ailleurs, Sahel a reçu du reste du monde des salaires de 5, des intérêts de 3 et des profits de 7. Il a versé au reste du monde des salaires de 10, des intérêts de la dette extérieure de 8 et des profits de 12. Calculons le Produit National Brut du Sahel :
PNB = PIB + revenus des facteurs reçus – revenus des facteurs versés =
PNB = 480 + (5 + 3 +7) – (10 + 8 + 12) = 465
Ainsi, le PNB permet à un pays de mesurer sa capacité à générer des revenus primaires- revenus des investissements et du travail- dans et hors du territoire national. Mais il faut aller au-delà du PNB pour connaitre le Revenu National Disponible(RND). En effet, le RND est le revenu dont un pays dispose pour sa consommation finale et ses investissements. Ainsi,
RND = PNB + transferts reçus du Reste du Monde – Transferts versés au Reste du Monde.
Les transferts sont constitués des envois de fonds des migrants, des aides diverses et autres transferts.
Reprenons l’exemple de Sahel. Il a reçu de sa diaspora des transferts de 20 ainsi que des aides de l’Union européenne et de la Chine de 15. Les étrangers résidant au Sahel ont transféré dans leurs pays d’origine 5.
Ainsi, le Revenu National Disponible de Sahel sera de :
RND = PNB + Transferts reçus – Transferts versés
RND = 465 + (20 + 15) – (5) = 495.
En conclusion Sahel a un produit intérieur brut (PIB) de 480 ; c’est une richesse créée par tous ceux qui y ont résidé, qu’ils soient des nationaux ou des étrangers. En tenant compte des revenus primaires et secondaires, envoyés et reçus entre Sahel et le Reste du Monde, Sahel se retrouve avec un Revenu National Disponible de 495 destiné à satisfaire ses besoins de consommation finale et d’investissement.
Le Revenu National disponible (RND) dans la plupart des Pays en développement, comme le Sénégal, ne suffit pas à couvrir les dépenses de consommation finale et d’investissement. Ce qui se traduit par un besoin de financement vis-à-vis du Reste du Monde : endettement extérieur et investissement direct étranger.
Notice du Pr Amath Ndiaye:
Le grand public a besoin de connaître certaines notions de base de l’économie. Cela facilitera la compréhension des problèmes économiques et contribuera, nous l’espérons, à la « convergence » d’idées sur les politiques économiques. Nous ne sommes pas des donneurs de leçons. Nous pensons en toute modestie que nous devons nous rendre utiles comme tout le monde en partageant du peu que nous savons.
A propos de Pr Amath Ndiaye
Prof. Amath Ndiaye est un éminent économiste sénégalais, titulaire d’un Doctorat d’État en Sciences Économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2001) et d’un Doctorat de 3e cycle en Économie du Développement de l’Université de Grenoble, France (1987). Depuis 1987, il enseigne à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Expert reconnu, il a collaboré avec des institutions prestigieuses telles que la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, et le FMI, se spécialisant notamment dans les domaines des taux de change, de la croissance économique, et du développement institutionnel. Il était expert-membre du comité de pilotage de la Commission de l’Union Africaine pour la Création de la Banque Centrale Africaine.. Prof. Ndiaye est l’auteur de nombreuses publications influentes, notamment sur les régimes de change et la croissance économique en Afrique de l’Ouest. Trilingue, il maîtrise le wolof, le français et l’anglais.
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*Pour simplifier nous considérons que la VAB des Administrations publiques est comprise dans les Services.