Les rideaux sont tombés, ce jeudi 25 juillet, sur le Forum International des Compétences (FIC) organisé à Nouakchott (Mauritanie) par le cabinet Vizeho Consulting et le journal Financial Afrik. Cette rencontre de deux jours a permis aux centaines de jeunes mauritaniens se trouvant dans l’antichambre de la vie active d’être édifiés sur les opportunités qui s’offrent à eux dans un marché du travail en pleine mutation ; un marché qui s’oriente de plus en plus vers l’entreprenariat digital et les métiers d’avenir basés sur l’innovation et les nouvelles technologies.
Des panels enrichissants et des parcours inspirants
Le forum, avec l’animation de panels sur des sujets allant de l’entreprenariat digital, à la microfinance, l’inclusion financière à la reconversion professionnelle et aux métiers d’avenir, était aussi l’occasion d’échanges fructueux entre jeunes locaux et ceux de la diaspora dont le déploiement des parcours inspirants et l’expertise acquise dans un environnement plus favorable, aura été d’un apport appréciable pour les jeunes pousses locales.
Parmi les parcours des startups exposés durant le forum, l’on cite, entre autres, celui de la startup Broke And Abroad dirigée par Mariam Ndiaye. La jeune femme a expliqué dans son intervention comment l’on peut réussir en tant qu’entrepreneur digital et créer une activité rentable et impactante. Sa startup, qui propose des voyages avec un budget jugé réaliste, arrive à lever dans un temps record un million d’euros auprès des investisseurs.
Pour sa part, Dr Thierno Diallo, CEO du Cabinet Force et partenaire du centre de formation KEVAAT-Mauritanie, a mis en lumière les avantages de l’entreprenariat social et solidaire sous l’ère du numérique. Issu de la diaspora et résidant au Grand-Duché du Luxembourg, le panéliste a expliqué que le concept de l’économie sociale et solidaire s’impose à l’Afrique car adapté à la réalité des pays du continent.
Et M. Diallo de souligner qu’à l’ère du numérique, cette économie s’est beaucoup développée. Non sans parler de l’innovation sociale avec le numérique qui a permis la création de beaucoup de plateformes d’échanges, avec un développement des groupes d’échanges et de solidarité. Cette économie sociale et solidaire a été favorisée par les financements participatifs, a noté Dr Diallo.
« Souveraineté technologique »
Des expériences au niveau local ont été aussi exposées. C’est le cas de Mohamed Hmeimed dont la startup, Next Technology, a le vent en poupe et travaille avec les banques en leur proposant des solutions clés-en-mains pour le payement digital.
Ainsi, a expliqué M. Mohamed, grâce à des outils adéquats, il est possible d’ouvrir tout un pan de l’économie. En effet, ajoute-t-il, le payement digital est aujourd’hui un outil central qu’il conviendrait cependant d’adapter au contexte local. Il va falloir aussi, ajoute le CEO de Next Technology, relever les défis de la sécurité, même si sur ce plan, assure-t-il, des pas importants ont été franchis.
Et le patron de Next Technology de conclure que l’année 2025 sera l’année du digital en Mauritanie. Il a souligné la nécessité de prendre en compte la souveraineté technologique.
A la question de savoir comment les jeunes pourraient avoir les financements nécessaires pour monter leurs startups, des recommandations ont été faites au cours du panel sur les métiers d’avenir et la reconversion professionnelle.
Quid des défis
A ce sujet, Dr Néné Kane, ancienne ministre mauritanienne des Affaires sociales, de l’Enfance et de la Famille, a expliqué « le schéma à suivre », laquelle respecte la chaîne suivante : sensibilisation-formation-financement.
L’ex-ministre a préconisé la création d’une banque destinée au financement des jeunes. Pour elle, il faut simplifier l’approche du financement pour permettre aux jeunes d’y accéder sans obstacles.
Intervenant dans le même cadre pour aborder la question de la jeunesse et les défis de l’entreprenariat local, Dr Ahmedou Enahoui, CEO de Ms Consulting, a affirmé que l’entreprenariat n’est pas « le tapis rouge ». Selon les statistiques, soutient-il 70% des sociétés créées ne dépassent pas 6 ans d’existence.
« Ce n’est pas suffisant, regrette-t-il, d’être inscrit au registre commercial et d’avoir un capital pour réussir. Il y a un problème de curricula de formation, d’inadaptation entre la formation et l’emploi car ce qui est enseigné dans les universités n’a souvent rien à voir avec les réalités du terrain ».
Autres défis, l’absence de financements et l’environnement de la concurrence. Et sur ce dernier point, Dr Enahoui souhaite une discrimination positive en faveur des startups. « Certains appels d’offres doivent être réservés exclusivement aux startups », lance-t-il.
Autre donnée importante à ne pas négliger selon le Dr Enahoui, l’importance que les startups devraient accorder aux développeurs car dit-il, les nouveaux métiers sont tournés vers la digitalisation.
Passerelle
A noter que l’apport des Mauritaniens de la diaspora aura été d’un apport décisif pour la réussite de ce forum. Leur présence a d’ailleurs a été saluée par M. Alexandre Garcia, ambassadeur de France en Mauritanie, qui, dans un mot prononcé à l’ouverture du forum, s’était réjoui que le forum soit une initiative à laquelle les Mauritaniens de France ont contribué.
Et pour Esma Kane, ambassadrice officielle du forum, cette manifestation a mis en exergue l’importance de l’entreprenariat et permet de contribuer à un développement inclusif au niveau de la Mauritanie. Et Esma d’ajouter que ce forum ouvre des perspectives importantes. C’est une passerelle pour la diaspora et une opportunité pour elle de participer au développement de la Mauritanie, a-t-elle conclu.