La croissance économique est une augmentation de la production de biens et de services économiques au cours d’une période donnée par rapport à une période précédente. Généralement, on la mesure par l’augmentation du PIB. Elle contribue donc à l’amélioration du bien-être social de la population.
Le bien-être social est multidimensionnel. Il englobe les aspects économiques, matériels, environnementaux, culturels, etc. Ainsi, l’augmentation du revenu par tête peut être considérée comme une contribution au bien-être économique, lequel est une composante du bien-être social.
Mesure du revenu par tête
Le revenu par tête est un revenu moyen qui mesure le rapport entre le revenu national et le nombre d’habitants. Nous allons centrer notre analyse sur le PIB par tête, étant donné que le PIB est la composante essentielle du revenu national. Si nous considérons que le PIB croit à un taux de g et la population à un taux de n ; il y a donc trois scénarii possibles :
1. Si le PIB croit au même taux que la population, g = n, alors la croissance économique, c’est-à-dire l’augmentation de la richesse, n’améliorera pas le bien être de la population, toutes choses égales par ailleurs.
Illustration :
Situation initiale : Année 2022
PIB réel | 15 000 milliards CFA |
Population | 15 000 000 hbts |
PIB par tête | 1 millions CFA |
Année 2023 g = 5% et n= 5%
PIB réel | 15 750 milliards CFA |
Population | 15 750 000 hbts |
PIB par tête | 1 millions CFA |
Bien que l’économie ait connu un taux de croissance de 5%, le bien-être économique est resté à un niveau stable de 1000 000 CFA.
2. Si le taux de croissance du PIB est inférieur au taux de croissance de la population, g < n, alors le PIB par tête baissera et s’ensuivra une baisse du bien-être économique de la population, comme c’est illustré ci-dessous.
Année 2023 g = 5% et n = 6 %
PIB réel | 15 750 milliards CFA |
Population | 1 5 900 000 hbts |
PIB par tête | 990 566 CFA |
3. Le seul cas où la croissance économique contribue à l’amélioration du bien-être économique est celui dans lequel le taux de croissance du PIB est supérieur au taux de croissance démographique ; quand g ˃ n.
Année 2023 g = 5% et n = 3%
PIB réel | 15 750 milliards CFA |
Population | 15 450 000 hbts |
PIB par tête | 1 019 417 CFA |
Une croissance forte et inclusive
Dans ce scénario 3 où le taux de croissance démographique est plus faible que le taux de croissance économique, il faut que l’augmentation de la production soit assez forte pour absorber les nouveaux demandeurs d’emplois. En effet, le progrès technique, l’augmentation de la productivité du travail, les heures supplémentaires de travail et les augmentations de salaire demandées par les travailleurs sont autant de facteurs qui peuvent, dans le court terme, réduire la demande de nouveaux travailleurs par les entreprises.
Tous ces facteurs, que nous venons d’évoquer, permettent de comprendre pourquoi, dans un pays comme le Sénégal, le chômage reste élevé bien qu’il y ait eu de petites améliorations. En effet, le PIB par tête y a enregistré des taux de croissance positifs de 3,76% en 2021, 1,18% en 2020 et 1,09% en 2023. Ces bonnes performances se sont traduites par une baisse du taux de chômage de 27,9% en 2021 à 23,2% en 2024, soit une baisse 4 ,7 points de pourcentage (ANSD 2021 et 2024).
Le chômage massif des jeunes que connaissent les économies africaines ne pourra amorcer une tendance baissière durable que si les taux de croissance annuel moyens du PIB par tête restent durablement au-dessus du seuil minimal de 5%.
L’Afrique a besoin, plus que tout autre continent, d’une croissance inclusive fondée sur l’idée que le développement économique et social doit toucher toutes les couches de la population et leur profiter. Il lui faut une croissance rapide pour réduire la pauvreté de façon substantielle et lutter contre l’émigration clandestine. Cependant, pour que cette croissance soit durable, elle doit être assise dans tous les secteurs et être inclusive quant à son impact sur la société au sens large. La croissance inclusive fait donc référence au rythme et aux sources de croissance, et doit créer des opportunités pour la main-d’œuvre des secteurs à revenus faible, moyen et élevé de l’économie. Cette approche privilégie l’emploi productif, plutôt que la répartition secondaire des revenus, pour accroître les revenus des groupes exclus.
A propos de Pr Amath Ndiaye
Prof. Amath Ndiaye est un éminent économiste sénégalais, titulaire d’un Doctorat d’État en Sciences Économiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (2001) et d’un Doctorat de 3e cycle en Économie du Développement de l’Université de Grenoble, France (1987). Depuis 1987, il enseigne à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Expert reconnu, il a collaboré avec des institutions prestigieuses telles que la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, et le FMI, se spécialisant notamment dans les domaines des taux de change, de la croissance économique, et du développement institutionnel. Il était expert-membre du comité de pilotage de la Commission de l’Union Africaine pour la Création de la Banque Centrale Africaine.. Prof. Ndiaye est l’auteur de nombreuses publications influentes, notamment sur les régimes de change et la croissance économique en Afrique de l’Ouest. Trilingue, il maîtrise le wolof, le français et l’anglais.