« Nous avons besoin de temps, mais nous réussirons ». En 2013, le président ivoirien Alassane Ouattara faisait le pari de l’Union nationale. Plus d’une décennie plus tard, la Côte d’Ivoire sort victorieuse d’une Coupe d’Afrique des Nations organisée à domicile et est parvenue à sécuriser les frontières nord de son territoire. Surtout, le pays d’Afrique de l’Ouest a ouvert son économie à l’international, renforçant ses liens avec ses partenaires historiques et ne ménageant pas ses efforts pour en trouver de nouveaux, en faisant preuve d’un sens commercial et d’un doigté diplomatique uniques dans la région.
Une relation “étroite” avec la France
Les relations entre la Côte d’Ivoire et la France, qualifiées par le président Alassane Ouattara de « particulièrement étroites et historiques », se renforcent avec un accent marqué sur les investissements français, notamment dans les infrastructures. En avril 2024, Ouattara a salué la « consolidation des excellentes relations » bilatérales, illustrées par le projet emblématique du métro d’Abidjan, lancé en 2017 avec un consortium d’entreprises françaises, dont Bouygues et Alstom, pour un montant de 1,77 milliard d’euros. Prévu pour entrer en service en 2029, ce métro, qui pourra transporter jusqu’à 500 000 passagers par jour, représente le plus grand projet ivoirien des cinquante dernières années et témoigne de l’engagement de la France à soutenir le développement économique et social de Côte d’Ivoire.
Une diplomatie d’équilibriste positive pour l’économie ivoirienne
Le président Ouattara a démontré toute son habileté diplomatique depuis son accession au pouvoir en 2011, naviguant entre les intérêts divergents des grandes puissances mondiales. Il a su renforcer les liens économiques avec la Chine, reconnaissant sa position sur Taiwan, tout en maintenant une alliance solide avec les États-Unis, notamment en condamnant l’invasion russe de l’Ukraine. Cette approche équilibrée a permis à la Côte d’Ivoire de diversifier ses partenariats internationaux et d’affirmer son autonomie sur la scène mondiale, tout en préservant ses relations historiques avec l’Occident.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, 16% des importations ivoiriennes proviennent de Chine. La montée en puissance de Pékin est indéniable. Le géant asiatique, devenu premier partenaire commercial d’Abidjan, laisse son empreinte sur des projets d’envergure. L’extension du port d’Abidjan et le stade olympique d’Ebimpé, fleurons de l’infrastructure ivoirienne, portent la signature d’entreprises chinoises. Pourtant, le président Alassane Ouattara refuse de mettre tous ses œufs dans le même panier. Stratège, il cultive parallèlement des liens étroits avec Washington. Cette diplomatie d’équilibriste vise à préserver la marge de manœuvre d’Abidjan sur l’échiquier international.
Un renforcement des relations commerciales avec les États-Unis
En effet, les liens commerciaux entre la Côte d’Ivoire et les États-Unis connaissent une dynamique sans précédent, marquée par une croissance significative des échanges bilatéraux qui ont atteint 1,55 milliard de dollars en 2023. Cette progression s’inscrit dans le cadre d’une coopération économique renforcée, illustrée par la signature récente d’accords stratégiques. L’année 2024 a vu deux initiatives majeures : la signature le 11 juillet d’un protocole d’accord entre le ministre ivoirien du Commerce et le secrétaire du département du Commerce américain, visant à stimuler l’investissement et le commerce, ainsi que l’ouverture du premier Bureau du Service commercial américain en Afrique francophone en Côte d’Ivoire. De belles avancées qui s’ajoutent au mémorandum conclu en 2022 avec l’Eximbank américaine, d’une valeur de 500 millions de dollars, pour faciliter les investissements des entreprises américaines en Côte d’Ivoire.
La Côte d’Ivoire, désireuse d’attirer les investisseurs américains, maintient par ailleurs son Service de Promotion Économique aux États-Unis. Cette collaboration s’étend désormais à des secteurs clés comme les infrastructures, l’énergie, l’agriculture, l’industrie et l’économie numérique, bénéficiant de programmes américains tels que l’AGOA et le MCC. Ces initiatives conjointes dessinent un avenir prometteur pour les relations économiques ivoiro-américaines, ouvrant de nouvelles perspectives pour les entreprises des deux nations dans un contexte de renforcement continu des liens diplomatiques et commerciaux.
Un pays résolument tourné vers l’international, qui diversifie ses partenaires commerciaux
Hormis les géants américains et chinois, la Côte d’Ivoire joue la carte de la diversification commerciale. En 2023, les Pays-Bas se sont hissés au rang de premier client, avec des échanges atteignant 2,3 milliards d’euros, rivalisant avec le Mali. Plus à l’Est, le Vietnam émerge comme un partenaire clé, notamment pour sécuriser l’approvisionnement en riz. Alors que la Côte d’Ivoire consomme un million de tonnes de riz par an pour des besoins estimés à deux millions de tonnes, ce partenariat vise à combler ce déficit alimentaire. En s’ouvrant à des partenaires aussi divers que les Pays-Bas, l’Inde et le Vietnam, Abidjan démontre sa volonté de s’ancrer dans un réseau commercial mondial, renforçant ainsi sa résilience économique et son autonomie alimentaire.
La Côte d’Ivoire se transforme en un carrefour d’opportunités où chaque investissement étranger se traduit par des avancées concrètes pour sa population. Le métro d’Abidjan, par exemple, promet de révolutionner la mobilité urbaine, facilitant les déplacements quotidiens de millions d’Ivoiriens. Les partenariats avec des pays comme le Vietnam assurent la sécurité alimentaire en comblant le déficit en riz, tandis que les investissements américains et chinois dynamisent les secteurs clés de l’économie, créant ainsi des emplois et stimulant l’innovation. En diversifiant ses alliances et en capitalisant sur ses atouts, la Côte d’Ivoire ne se contente pas de croître économiquement ; elle construit un avenir où les bénéfices du développement se ressentent dans chaque foyer, améliorant ainsi la vie de ses citoyens.