En Afrique, les Industries Culturelles et Créatives (ICC) sont riches de jeunes talents aux productions de qualité. La conversion de ce savoir-faire en un moteur de croissance économique demeure un défi pour un continent qui ne pèse que 5% des 2,25 milliards de dollars générés annuellement au niveau mondial par le secteur. Le frein majeur à la pleine valorisation de ce potentiel réside dans l’absence d’acteurs locaux professionnels, aptes à structurer l’industrie, à déceler de nouveaux marchés porteurs et à impulser un véritable dynamisme économique au sein des ICC.
Un challenge qu’aspire à relever le SIMA (Salon des Industries Musicales d’Afrique francophone) et son programme de formation Boost By SIMA . Lancé ce 6 septembre sur les bords de la lagune Ebrié par l’entrepreneur culturel engagé, Mamby Diomandé, en collaboration avec l’Ambassade de France, Orange Digital Center, le Centre National de la Musique, et l’Institut Français de Côte d’Ivoire, le programme Boost by SIMA, entend enclencher un changement de paradigme. “Ce moment marque une étape cruciale dans notre engagement pour le développement de notre industrie culturelle et créative. Le programme Boost by SIMA est bien plus qu’une simple formation, c’est un véritable outil, une plateforme d’opportunités. Les participants seront plongés dans un environnement d’apprentissage intensif axé sur les domaines clés des industries musicales” , a souligné Mamby Diomande, fondateur du premier Salon des Industries Musicales D’Afrique Francophone.
En effet, en novembre 2022, cet ancien directeur d’Universal Africa lançait le Salon des Industries Musicales d’Afrique francophone (SIMA) pour aborder la professionnalisation des acteurs locaux dans l’industrie musicale et sensibiliser sur les enjeux de la digitalisation, avec un objectif de structuration et de renforcement des capacités dans le secteur musical africain. “Boost by SIMA est la réalisation d’un des engagements que nous avions pris à cette première édition du SIMA” mentionne-t-il. L’événement avait vu la participation de grands noms de l’industrie notamment le leader du groupe Magic System, Asalfo, l’administrateur d’Universal Music Africa, Franck Kacou, le CEO & Founder Trace Group, Philo Maya Muesa, directeur général du label Bomayé Musik en copropriété avec Youssoupha.
Formateurs d’expériences
D’une durée de 20 jours répartie sur 3 mois, cette formation certifiante a en ligne de mire de préparer 22 pensionnaires à affronter les défis et opportunités de l’industrie musicale. Dans les rangs des formateurs figurent des grands noms du secteur à l’instar de Diba Diallo, Manager de Didi B, Pit Baccardi, artiste Producteur- chef d’entreprise, Charline Fret, Manager de Suspect 95. D’autres profils rompus aux arcanes de thématiques stratégiques tels que Fowndi EDOUKOU ,Directeur du Digital chez Universal Music Africa, Benjamin DEMELEMESTER, International Project Manager au Centre national de la musique français et Serge AKPATOU, Directeur Général Adjoint du Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA) partageront également leurs expertises au cours de ce programme afin de former ‘’une nouvelle génération d’entrepreneurs culturels’’.
Un besoin crucial
Selon les chiffres du rapport 2023 de Fédération internationale de l’industrie phonographique, l’Afrique a à son actif 24,7% des revenus musicaux mondiaux. Le continent enregistre une croissance de 24,5% des streamings payants à l’échelle internationale. Le peloton de tête qui dicte le tempo et qui tire le continent vers le haut au hit-parade de la musique mondiale est composé à en croire la publication, du Nigeria et de l’Afrique du Sud. En effet, au pays de Burna Boy, d’Ayra Star, de Tiwa Sawage ou encore de Davido , l’industrie musicale et cinématographique a contribué à 82% des 5 milliards de dollars générés par le secteur du divertissement dans le pays le plus peuplé d’Afrique.
Globalement, ces retombées économiques qui indiquent l’hégémonie de l’amapiano, de l’afrobeats et de ses artistes vedettes sur la musique de l’afrique subsaharienne à l’échelle mondiale sont la partie visible de l’iceberg. La Ministre de la Culture et de la Francophonie, Françoise Remarck a par ailleurs affiché les ambitions de la Côte d’Ivoire et les défis à relever pour impulser une croissance économique dans le secteur. << La Côte d’Ivoire aspire à devenir le Hub des Industries Culturelles et Créatives en Afrique, cela se traduit notamment par la présence de la Culture comme l’un des piliers principaux du Plan National de Développement 2021-2025. Notre jeunesse est innovante, créative, dynamique et notre responsabilité est de lui créer des opportunités.>>
Un tremplin pour la jeunesse Africaine
Estimé à 4% du PIB de la Côte d’Ivoire, le secteur des ICC majoritairement informel emploie 8% d’une population composée de 77% de jeunes âgés de moins de 35 ans. Dans ce contexte, structurer et professionnaliser l’écosystème créera un cercle vertueux, en particulier pour cette frange de la population, en offrant des choix stratégiques et opérationnels qui garantiront des retombées économiques importantes. Une volonté qui se manifeste à la fois à travers le SIMA et le programme Boost by SIMA, lequel inclut 8 modules abordant des thèmes essentiels tels que : l’importance du manager dans la progression d’un artiste, l’internationalisation d’un projet, ou le développement de la production de concerts et du booking.
La duplication du programme Boost by SIMA dans d’autres pays de la sous-région est déjà à l’ordre du jour. Pour Laurent Bonneau, Chef du service de coopération et d’action culturelle de l’Ambassade de France – partenaire du projet-, cette effervescence est la preuve des effets bénéfiques du partenariat public-privé en faveur d’une industrie culturelle et créative mieux durable et pérenne.