Le banquier d’affaires international Hervé Assah Matsika est l’invité de la huitième édition de Mon Heure d’Afrique. Ce numéro a pour thème « Migrations africaines : chance ou fléau ? », une question d’actualité brûlante radioscopiée par l’auteur de « Lumineuse Afrique » (Editions Harmattan, 2022).
Pour cette nouvelle édition de Mon Heure d’Afrique (MHA8), les reportages ont été réalisés au Sénégal, un pays ouvert sur l’Atlantique où sont examinés les bienfaits pour les populations de ces migrations, malgré les morts en mer parmi les candidats à l’émigration clandestine. Le Sénégal est également un pays d’accueil à l’instar du Niger qui, -du fait de sa position géographique au cœur du Sahel-, est devenu l’une des principales routes vers la Libye et l’Italie. Sans compter les populations déplacées que le Niger accueille de plus en plus à cause des attaques terroristes dans les régionslimitrophes avec le Mali et le Burkina Faso. Le reportage tourné à la frontière avec l’Algérie montre la triste condition qui est faite aux migrants subsahariens, refoulés manu militari vers le Niger sans aucune concertation au niveau des organisations panafricaines.
L’Afrique du Sud, enfin, où l’ostracisation des migrants issus des pays voisins, -le Zimbabwe notamment-, n’est pas sans rappeler le durcissement des politiques migratoires en Europe ou aux Etats-Unis. Lors des élections du 29 mai dernier perdues par le Congrès national africain (ANC), -un tournant historique pour la nation arc en ciel-, la question des migrants était d’ailleurs au cœur des débats.
Rappelant que l’essentiel des migrations africaines se fait à l’intérieur du continent noir et non pas vers l’Occident, Hervé Assah Matsika insiste sur la nécessité de prendre l’exacte mesures de ce que représentent les migrations africaines dans les mouvements de population de par le monde. « Au total, pas plus de 3,9 %. Donc, on parle de très, très peu d’Africains qui migrent, car ces chiffres sont vraiment faibles ! », souligne-t-il, Même s’il reconnait que l’incidence de l’arrivée de ces migrants dans les pays d’accueil « peut être ressentie comme importante du fait de la surmédiatisation », partout où la poussée de partis d’extrême droite tend à créer des réactions xénophobes. Il s’insurge, à ce propos, dans la rubrique de fin intitulée « du piment sur l’attiéké » (la question qui fâche) sur l’amalgame qui est fait entre racisme antinoir, notamment, et racisme antiblanc que l’on ne nommerait pas assez. « Vous avez en face de vous un Africain, mais qui ne se considère ni blanc, ni noir. Il est noir de peau et alors ? », clame-t-il, précisant que migrer n’est qu’un point de départ. « Pour le reste, c’est une culture, une ouverture d’esprit, une adaptation à chacune des sociétés dans lesquelles j’ai vécu. J’invite tout le monde à venir chez moi en Afrique. Je leur offrirai le meilleur accueil qui soit avec tous les miens. »
Les trois experts qui le challengent sont Mathieu Borderon, géographe à l’IGN, l’Institut national de géographie et de foresterie. Il l’interroge sur les conséquences du réchauffement climatique pour l’Afrique. Avec deux degrés d’augmentation de la température planétaire, l’entièreté de l’habitabilité de l’Afrique risque de plus être assurée, comme cela se produit déjà autour du Lac Tchad. Des milliers de réfugiés climatiques pourraient se voir contraints de prendre le chemin de l’exil.
Le président de France Fraternité, PierreHenry, qui a dirigé l’association France terre d’asile entre 1997 et 2020 et travaille sur les questions migratoires depuis plus de 30 ans, l’interroge sur les millions de déplacés en RDC, au Soudan, en Somalie, du fait de conflits récurrents, et lui demande s’il pense que l’Afrique est devenue le terrain de jeu d’une nouvelle guerre froide ?
A l’instar de Claude Fischer Herzog, présidente de ASCPE les entretiens eurafricains, il s’indigne de l’externalisation des politiques migratoires au mépris, souvent, des règles de droit international concernant l’asile. Cette dernière, chiffres à l’appui, défend quant à elle les bienfaits de l’immigration du travail en France comme en Europe, et comme aux Etats-Unis encore aujourd’hui. Elle l’interroge sur ses recommandations pour que cette immigration du travail redevienne un enjeu de coopération avec les pays africains.
Conçue et réalisée par la journaliste Christine Holzbauer Gueye, l’émission Mon Heure d’Afrique (MHA) défend -depuis son lancement en 2021- un point de vue africain indépendant par le biais de reportages réalisés en Afrique par des télévisions africaines partenaires. Spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, ce reporter chevronné a sillonné le continent en tant que correspondante de grands journaux français à partir de Bamako (Mali) puis de Dakar (Sénégal), où elle a vécu plus de quinze ans, avant son retour en France en 2016. En parallèle à l’émission qu’elle produit, réalise et présente, elle a créé une association éponyme destinée à promouvoir la liberté d’expression en Afrique et dans les diasporas africaines par l’amélioration des contenus audiovisuels qui soient impartiaux et vérifiés.
L’association Mon Heure d’Afrique accompagne les Journalistes Reporter d’Image (JRI) et les chaines partenaires qu’elle sollicite pour la réalisation de reportages dans ses émissions. Elle propose ou participe à des séminaires pour aider les rédactions des chaînes africaines nationales ou locales à lutter contre les fakes news. MHA aide également les télévisions africaines qui n’en auraient pas encore à créer une rubrique « Vrai ou Faux » et à la diffuser de façon pérenne sur leurs antennes.