Ci-gît Mustafa Kemal Atatürk, père de la Turquie moderne et pionnier audacieux de la laïcité. En ce jour, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye, fervent défenseur du pragmatisme et de la neutralité de l’État, s’incline en hommage sur la tombe d’Atatürk, marquant ainsi son respect pour un homme qui a redéfini le destin de la Turquie et de l’islam politique.
La réforme d’Atatürk, commencée dès 1923 avec la fondation de la République turque, est un témoignage de son engagement inébranlable pour une Turquie laïque et moderne. En 1924, il abolissait le califat, institution autrefois centrale du pouvoir religieux dans l’Empire ottoman, pour séparer l’État des influences religieuses et privilégier les fondements rationnels. Son choix d’introduire l’alphabet latin en 1928 en lieu et place de l’arabe visait à rapprocher la Turquie des valeurs occidentales, un acte qui renforça l’éducation et l’industrialisation du pays. Atatürk déclarait : « La souveraineté ne peut être donnée, elle est prise », une maxime qui résume son attachement à une indépendance nationale soutenue par des institutions laïques fortes.
Le président Faye, en tant que chef de l’un des rares pays africains où la laïcité est constitutionnellement affirmée, trouve en Atatürk une source d’inspiration. Le Sénégal, aux côtés de la Turquie, a maintenu une voie équilibrée où l’État veille à rester neutre dans les affaires religieuses, permettant un développement inclusif pour tous les citoyens. « La religion est une affaire privée », disait Atatürk, rappelant ainsi que le progrès d’une nation réside dans l’unité de ses citoyens au-delà des confessions.
Les chiffres témoignent de la réussite de la Turquie moderne : un PIB atteignant 819 milliards de dollars en 2023 et un secteur industriel innovant qui place le pays parmi les leaders régionaux. Ces accomplissements, bâtis sur des réformes laïques, montrent la pertinence de la vision d’Atatürk, selon laquelle l’État doit privilégier la raison, l’éducation et le progrès technique pour prospérer.
Ainsi, le geste de Bassirou Diomaye Faye en Turquie dépasse la simple commémoration ; il représente un message fort en faveur de la laïcité et du pragmatisme comme piliers du développement. Reçu plus tard au Palais présidentiel d’Ankara par le Président Recep Tayyip Erdoğan, le sénégalais peut se livrer à une comparaison stratégique entre deux dirigeants turcs séparés par un siècle.
Entre le laïque Attaturk et l’islamiste Erdogan, le point de convergence semble être la quête de la souveraineté et de la puissance. L’on pourrait ajouter un tropisme africain affirmé chez Erdogan qui a d’ailleurs annoncé le relèvement des investissements entre les deux pays et la création d’un conseil d’affaires.