Lors de la 10e édition du Rebranding Africa Forum à Bruxelles (17 au 19 octobre 2024), la République Démocratique du Congo (RDC) était à l’honneur. Patrick Muyaya, Ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, revient sur cette opportunité unique de promouvoir l’image de la RDC et de présenter les ambitions du pays en matière de développement, tout en évoquant les défis régionaux.
La RDC a été choisie comme pays d’honneur pour la 10e édition du Rebranding Africa Forum, une opportunité rare pour un État souvent perçu à travers le prisme de ses défis sécuritaires et économiques. Qu’est-ce qui motive cette présence ?
Parce que la RDC est un pays du présent et de l’avenir pour l’Afrique. Le Rebranding Africa Forum est une référence sur le continent, notamment pour les opportunités d’investissement et le développement économique. Le Président de la République a accepté l’invitation pour mettre en avant notre pays. Nous sommes venus avec la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka, première femme à occuper ce poste dans l’histoire de la RDC, pour illustrer ce changement en cours. Ce changement dépasse la politique : il promeut aussi la place des femmes dans les prises de décision. C’est l’occasion de présenter ce qui se fait en RDC et d’attirer des investisseurs, en leur offrant des informations fiables sur notre pays et ses opportunités.
Le gouvernement de la RDC s’est doté d’un Plan National Stratégique de Développement (PNSD) 2024-2028. Quelles sont les priorités de ce plan ?
Les priorités sont claires. Avant tout, il faut relier le pays, car la RDC a un besoin urgent d’infrastructures. Mais cela va au-delà : il s’agit aussi de répondre aux besoins des populations. Ces priorités sont alignées avec les six engagements du Président de la République : création d’emplois, amélioration du pouvoir d’achat, renforcement de la sécurité pour tous, diversification de l’économie, accès aux services de base et efficacité des services publics.
En parallèle au PNSD, des programmes comme le développement local des 145 territoires visent à relever les défis locaux, en construisant des écoles, des centres de santé et des bâtiments administratifs pour rapprocher l’administration des citoyens. À ce jour, plus de 900 infrastructures ont été réalisées, avec un objectif final de 700 centres de santé, 1 000 écoles et 145 bâtiments administratifs. C’est du concret.
Le Président Tshisekedi a récemment lancé le concept de la « RDC, pays solutions ». Pouvez-vous nous expliquer ce concept ?
C’est très simple. La RDC a un rôle essentiel à jouer face aux grands défis de l’humanité. Par exemple, dans la protection du climat : notre pays abrite la deuxième plus grande forêt tropicale au monde, qui contribue à la régulation climatique mondiale. Nous possédons également des ressources essentielles, comme les minerais critiques pour la fabrication des batteries nécessaires aux énergies vertes, indispensables à la transition énergétique mondiale. La RDC est donc une « solution » pour le monde, car aucune révolution verte ne peut se faire sans elle.
Le conflit entre la RDC et le Rwanda semble de plus en plus marginalisé par rapport à d’autres crises internationales, malgré son impact considérable sur la stabilité régionale. Quel message souhaitez-vous envoyer aux partenaires occidentaux, notamment ici à Bruxelles, siège de l’Union européenne ?
Le message est simple : la crise à l’Est de la RDC est d’ordre économique. Depuis le génocide, le Rwanda entretient une instabilité en RDC pour faciliter le pillage de nos ressources. De nombreux rapports des Nations Unies et d’autres institutions en attestent, dénonçant les crimes commis par le Rwanda dans cette région.
Aujourd’hui, nous explorons des solutions diplomatiques, notamment sous l’égide du Président angolais à Luanda. Mais en parallèle, nous renforçons notre action sur plusieurs fronts : militaire, économique, judiciaire, médiatique et démocratique. Il est essentiel de renforcer notre armée pour sécuriser nos frontières et de mettre en place des mécanismes de traçabilité pour nos ressources, souvent détournées par le Rwanda. Enfin, nous œuvrons pour que les responsables identifiés des crimes soient jugés. Nous menons également une campagne médiatique pour informer la population congolaise afin que chacun ait accès aux mêmes informations.