À l’occasion du Forum de haut niveau sur le pastoralisme « Nouakchott+10 », qui marque une décennie d’actions en faveur des communautés pastorales et agropastorales, le représentant résident de la Banque mondiale en Mauritanie, M. Ibou Diouf, revient sur l’impact du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS) dans le pays. Depuis son lancement, le PRAPS a permis des avancées considérables pour le secteur pastoral en Mauritanie. Vaccination massive de bétail, infrastructures de transhumance, soutien économique aux femmes et aux jeunes : M. Diouf nous livre un bilan des réalisations du PRAPS et des perspectives pour le futur des communautés pastorales.
Quels résultats marquants le PRAPS a-t-il obtenus en Mauritanie ?
Depuis le lancement du Projet Régional d’Appui au Pastoralisme au Sahel (PRAPS), des progrès significatifs ont été accomplis en Mauritanie. Grâce à un investissement de plus de 300 millions de dollars, le projet a permis d’améliorer les infrastructures et les services pastoraux, contribuant ainsi de manière décisive au renforcement de l’économie pastorale du pays.
L’un des résultats les plus significatifs est la vaccination de plus de 100 millions de têtes de bétail. Cette initiative a fortement contribué à limiter les maladies transfrontalières, garantissant ainsi une meilleure sécurité alimentaire pour les populations dépendant de l’élevage. Par ailleurs, des infrastructures cruciales, comme les 4 200 km de couloirs de transhumance aménagés, permettent aux éleveurs de se déplacer en toute sécurité tout en réduisant les conflits d’usage entre différentes communautés. En somme, le PRAPS a contribué à améliorer les conditions de vie des éleveurs, mais a aussi renforcé la stabilité et la sécurité des zones pastorales.
Quel impact ont les infrastructures créées par le PRAPS ?
Avec la création de 362 marchés à bétail et 92 aires d’abattage, les éleveurs disposent désormais de conditions optimales pour vendre leurs produits, ce qui a accru leurs revenus et renforcé la sécurité alimentaire au niveau local.
De plus, les 559 points d’eau créés le long des couloirs de transhumance sont une avancée majeure, car ils ont réduit les tensions autour des ressources naturelles, favorisant une cohabitation pacifique entre les éleveurs. Globalement, ces infrastructures ont permis d’augmenter les revenus des éleveurs de 15 % et ont contribué à la dynamisation économique des zones pastorales. Ces régions bénéficient désormais d’une résilience renforcée face aux défis climatiques et économiques.
Quelles opportunités économiques le PRAPS a-t-il créées pour les femmes et les jeunes ?
Le PRAPS a mis un accent particulier sur l’inclusion économique des femmes et des jeunes, qui jouent un rôle essentiel dans la société rurale mauritanienne. Ce projet a permis de soutenir plus de 55 000 personnes dans le développement d’activités économiques diversifiées. Parmi elles, 86 % sont des femmes, pour qui le PRAPS a ouvert de nouvelles perspectives au-delà du pastoralisme traditionnel. Grâce à des projets de transformation de produits laitiers et de création de micro-entreprises agricoles, ces femmes ont pu générer des revenus stables, renforçant ainsi leur autonomie financière et leur résilience.
En ce qui concerne les jeunes, ils représentent près de 53 % de la population en Mauritanie et bénéficient d’un accès élargi aux infrastructures de marché ainsi que de formations en entrepreneuriat. Ces compétences pratiques leur ont permis d’intégrer des réseaux de vente et d’accroître leur autonomie financière. Ils jouent désormais un rôle actif dans l’économie rurale, contribuant ainsi au développement de leurs communautés et consolidant leur indépendance économique.
Quelles leçons issues du PRAPS en Mauritanie recommanderiez-vous pour renforcer d’autres projets ?
Le PRAPS a permis de tirer des enseignements précieux pour la mise en œuvre d’autres projets similaires. L’une des leçons majeures est l’importance d’une gestion communautaire des infrastructures. Des comités locaux ont été établis pour veiller à l’entretien des infrastructures, garantissant ainsi leur pérennité et une meilleure appropriation par les populations bénéficiaires.
De plus, le renforcement de la coopération entre les autorités locales, telles que les municipalités et les conseils régionaux, ainsi que la collaboration avec les organisations intergouvernementales et les institutions de développement régional, ont été essentiels pour garantir la durabilité des initiatives. Enfin, la flexibilité dans la planification s’est révélée cruciale. Elle a permis au PRAPS de s’adapter rapidement aux imprévus, qu’il s’agisse de variations climatiques ou de défis sécuritaires. Ces approches peuvent inspirer et guider d’autres projets, en particulier ceux opérant dans des contextes similaires.