Par Gaston Kelman*
Nous sommes au mois d’août 2024. Louis Deschamps LothinElesssa, président de la fédération camerounaise de Golf, président fondateur de l’ONG Elessa-Sen, chef d’entreprise innovant, me parle de son intention d’organiser la cinquième édition de l’Open Golf’ Charity Elessa Lothin-Sen foundation(OGCELSF) au Maroc. La fondation a été créée en 2017 en l’honneur de ses parents trop tôt partis.
Venant d’un autre, cette idée m’aurait parue farfelue et j’aurais pensé à une de ces esbroufes camerounaises qui ont autant de force qu’un feu de paille. Mais ici, il s’agit de Lothin Elessa. Et depuis que j’ai rencontré ce fringant quadragénaire et son inséparable pote Steve Oyono Elemva (accessoirement fils de Cogefar le mythique latéral des Lions indomptables d’antan), j’ai compris que pour cette belle jeunesse herculéenne , il n’est pas de défi trop élevé.
Le 26 août 2024, Louis Deschamps Lothin Elessa adresse un courrier à Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid, Président de l’Association de Golf Trophée Hassan II, président de la fédération royale marocaine de Golf et accessoirement jeune frère du roi Mohamed VI. Pour la première fois, le tournoi qui en est à sa cinquième édition, se déroulera hors du Cameroun. Tout le monde aurait pensé à un pays voisin dont les ambitions golfiques seraient comparables à celles du Cameroun. Ou alors, on se serait tourné vers un pays européen – sa Suisse d’adoption par exemple – en le priant à genoux de supporter l’adition. Le jeune chef d’entreprise choisit le turbo africain qu’est le royaume chérifien. Qu’est-ce qui justifie ce choix ?
«L’Etat du Maroc, neuvième plus importante destinationgolfique dans le monde et nation de golf par excellence, joue un rôle très important pour la promotion et le développement du golf africain ». Le Maroc est, avec ses cinquante quatre circuits, la deuxième place golfique d’Afrique après l’Afrique du Sud. Mais on sait que la place qu’occupe l’Afrique du sud n’est pas d’essence «locale». C’est l’héritage golfique britannique implanté dans ce pays par l’apartheid. «Associer l’image de votre illustre association à l’organisation du tournoi international Open Golf Charity de la Fondation Elessa Lothin-Sen contribuerait au perfectionnement des outils de promotion et développement du golf africain». Ce n’est pas tout. L’homme se voudrait aussi ambassadeur économique de son pays. Et en Afrique, en termes de place forte des services, le royaume du Maroc est leader sur tous les tableaux. Lothin Elessa poursuit donc son plaidoyer.
«Par ailleurs, au-delà du sport en lui-même, ce tournoi vise également à développer de manière pérenne une coopération économique» entre le Cameroun et le Maroc. « C’est pourquoi en plus des golfeurs amateurs, une délégation de chefs d’entreprises Camerounais accompagnera la section golf de l’ONG Fondation Elessa Lothin-Sen à ce tournoi et séjournera au Maroc du 31 Octobre au 03 Novembre 2024 ». Si la demande est agréée, la Fondation Elessa-Sen aura été la deuxième accueillie par le Maroc après celle des Etats-Unis d’Amérique dont fait partie Tiger Woods, excusez du peu ! Voilà où se situe l’ambition de Louis Deschamps Lothin Elessa pour son pays.
Le Maroc est épaté par l’ambition du jeune homme. Nul doute que les fins limiers marocains ont mené toutes les enquêtes nécessaires pour savoir de qui il s’agit. Le prince ne va pas ouvrir son pays au premier ostrogoth, au premier bantou venu. Au bout de l’enquête, il répond favorablement. Il ouvre ses bras à l’intrépidité du gars et son chèque pour la prise en charge de sa demande. Tout le monde le sait, quand on traite avec les Subsahariens, c’est généralement comme cela que ça se passe. Le royal hôte tombe à la renverse quand on lui répond en le remerciant de sa générosité, que tout est réglé et qu’ils sont les invités du Cameroun, bien entendu.
L’accueil réservé à la délégation camerounaise est royal. Certes l’audace du jeune homme séduit. Certes le couplage des préoccupations économiques et de la compétition sportive est du plus bel effet auprès de ce peuple en quête de débouchés africains. Si le pays est ainsi fourni en patrimoine golfique, si la direction est confiée à un prince de premier rang, on comprend que ce sport est considéré comme un dispositif stratégique, le golf restant un lieu de rencontre des as des affaires et de la politique pour des négociations en tout genre. Le pays n’a pas consenti cet effort colossal pour les joueurs locaux dont le nombre reste bien limité.
La délégation camerounaise rencontre les hautes personnalités du mouvement golfique local. Et c’est là que le merveilleux commence à prendre le pas sur la prosaïque réalité. De voir le fanion camerounais sous les couleurs de la fondation Elessa-Sen face à celui du royaume, l’une des toutes premières économies d’Afrique, la deuxième place golfique du continent, de voir cette image que nous devons à l’amour qu’un jeune entrepreneur humaniste porte à ses parents défunts, à son pays et aux déshérités de celui-ci, ceci me donne un long frisson.
Le tournoi est très couru. Il fait l’évènement. Jugez-en vous-mêmes. Pardonnez-nous cette litanie de têtes couronnées du Golf et de l’économie, elles méritent toutes d’être signalées. De la part de la fédération marocaines, plusieurs personnes ont pris part aux rencontres et aux réunions.
– Zine Mustapha ; Premier Vice Président de la Fédération Royale Marocaine de Golf
– Karim Guessous : Conseiller Stratège sportif de Son Altesse Royale Le Prince
– Le prince Moulay Rachid , Président de la Fédération Royale Marocaine de Golf et de l’Association de Golf du Trophée Hassan II
– Mohamed Iraqi, Directeur Général de la Fédération Royale Marocaine de Golf
– Jalil Benazouz, Président de plusieurs commissions de la Fédération Royale Marocaine de Golf.
– Kamal Jaidi, Président du Royal Golf Anfa de Mohammedia-Casablanca, Premier Golf du Maroc en termes de membres (près de 4000), le parcours préféré du défunt Roi Hassan ll qui y a un palais intégré au Golf. Monsieur Kamal Jaidi est également Conseiller de Son Altesse Royale Le Prince Moulay Rachid.
– Yohan Fernández, Directeur du Rotana Golf Club Palmeraie de Marrakech où s’est déroulé la 5ème Édition de l’Open Golf Charity Elessa Lothin-Sen Foundation
– Mme Bouchra Proshop, Manager du Rotana Golf Club Palmeraie de Marrakech
– Kamelia Belouchi, Directeur Général d’une société, qui aura été la cheville ouvrière du recrutement des nombreux chefs d’entreprise marocains qui ont participé à notre tournoi international de golf.
Pour le volet économique, Louis Deschamps Mothin Elessa a rencontré des personnalités de premier plan :
– Omar Kabaj, Président d’un grand groupe d’entreprise au Maroc . Ancien Ministre de l’économie sous le Roi Hassan II, Ancien Président de la Banque Africaine de Développent de 1995 à 2005 et actuel président honoraire de ladite banque.
– Ahmed Tazi Medhi, Vice-Président Délégué de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc ( CGEM), le Patronat marocain.
– Alain Ebobisse, directeur général de Africa 50, Fonds d’investissement Panafricain regroupant 36 pays Africains.
Plusieurs autres chefs d’entreprises et directeurs d’importants groupes ont été rencontrés pendant cette 5eme Édition de l’Open Golf Charity Elessa Lothin-Sen Foundation.
« Le Golf a ses enjeux géostratégiques dans le monde ; le Maroc en est pleinement conscient. Il suffit de voir son action par rapport à ce sport. Il faut savoir saisir toutes les opportunités et assigner à chaque sport, une mission. Le Cameroun doit le comprendre. Et mon amour pour mon pays me pousse au bout de la logique golfique. La fondation Elessa-Sen est aussi économique. Alors, il fallait le volant économique». C’est la profession de foi de Lothin Elessa : le Golf au service du développement économique et social de son pays.
Une cinquantaine de chefs d’entreprise marocains ont pris part au tournoi. La visite de l’univers golfique marocain a été un émerveillement de tous les instants. Nous nous arrêterons dans le cadre de cette présentation sur un objet digne d’intérêt : l’Académie royale marocaine des métiers du Golf, l’une des plus performantes du monde. « Je n’en ai pas vu de meilleure », avance le président Lothin Elessa. On y forme à tous des métiers du golf depuis le jardinier jusqu’à l’encadrement, en passant bien entendu par les futurs champions. Cette organisation est au cœur du dispositif golfique marocain et c’est elle qui donne les certifications pour la construction des nouveaux parcours. Le pays qui est ouvert à l’Afrique est prêt à faire descendre ce savoir-faire dans la région subsaharienne.
Ce pont opérationnel Marocain que le Cameroun à travers la fondation Elessa-Sen exploite avec habilité, tire ses sources d’une expérience qui commence à s’enraciner dans la durée. Il remonte au temps où le président Amadou Ahidjo a posé les bases d’une relation privilégiée entre les deux pays. LothinElessa est frappé par le fait que beaucoup de ses partenaires de jeu lui disent avoir joué avec le président Paul Biya, «un excellent golfeur». Monsieur Makhroune du Royal Golf Anfade Mohamedia, excellent moniteur de golf, a séjourné deux mois au Cameroun en 1989 à l’invitation du président de la république pour l’aider à perfectionner son jeu.
Nos chefs d’états ont donc établi des relations dans les domaines macro qu’il appartient aux générations présentes et futures de transformer. Le golf apparaît donc comme une vitrine exceptionnelle. Et le Cameroun qui est la locomotive dans sa sous-région – onze pays, 230 millions d’habitants -doit se saisir de cette opportunité. Voilà la riche moisson de l’action entreprise par un jeune homme qui se donne tant de mal pour son pays.
Le Cameroun est un bien étrange pays. Ailleurs les quadragénaires intrépides sont adulés. Ce pays qui dispose de perles exceptionnelles dans cette tranche d’âge, met sur leur chemin des embuches titanesques. On n’oubliera pas de si tôt la récente croisade psychédélique contre Samuel Eto’o fils, la seule star planétaire africaine toutes disciplines confondues. Ajoutons-y l’acharnement psychédélique d’un zélotard contre Cabral Libii.
Enfin pour terminer ce trio magique LouisDeschamps Lothin Elassa, après avoir conquis la fédération camerounaise de golf, s’est trouvé empêtré dans des cauchemardesques intrigues orchestrées par sa tutelle. Tout autre que lui aurait baissé les bras ou alors aurait perdu son temps en ces luttes picrocholines où on voulait l’entraîner pour des raisons que la raison ignore. C’est mal connaître ce sawa droit sorti du ventre généreux et magique d’une élégante sirène de son Malimba originel. Il a choisi la voie de la hauteur et des défis dignes de sa magnificence, pour laisser le parterre à la vulgue, à la piétaille. Avec sa fondation, il va donner ses lettres de noblesse au golf camerounais, participer au développement sportif et économique de son pays, et faire de cet outil un ambassadeur extraordinaire et itinérant du Cameroun.
Quand Louis Deschamps Lothin Elessa va à la conquête de la Fécagolf, c’est pour lui faire enfin jouer son vrai rôle. En effet, malgré ses efforts de démocratisation, plus qu’un sport, le golf reste à ce jour une plate-forme stratégique où se rencontrent les décideurs. Il trouve sur son chemin, un esprit roturier, un triste sire au narcissisme ignoble et néfaste pour notre pays. Mais rien ne freine l’ardeur de ce quadra bulldozer visionnaire. Il va donc s’appuyer sur sa fondation qui a déjà une longue expérience des relations internationales. Et dans ce domaine, l’ancien major de Sciences Po sait faire.
Louis Deschamps Lothin Elessa est le portrait séduisant de la fière élégance des princes sawa portée à la perfection par un cursus de surdoué qui a doté son esprit d’une vivacité exceptionnelle. Au-delà de ses succès managériaux, si vous voulez connaître son être profond, allez voir sa merveille de gastronomie le restaurant le Malimba. La carte d’une qualité unique est tournée vers la mer. Vous me direz avec raison que « de gustibus et coloribus… ». Alors je vous inviterai à regarder le côté architectural du bâti. Une façade de verre dans le style less is more le plus parfait, où le reflet des nuages fait entre percevoir à l’observateur le plus brut, le moutonnement des flots. Le bâtiment projette sa limpidité vers le ciel. Et cet ensemble vous en dit plus qu’un psychanalyste sur la personnalité du maître des lieux.
L’homme porte chevillée, cette élégance intérieure que l’aisance matérielle bien acquise confère à certaines personnes, bien rares chez nous hélas, que l’on trouve essentiellement dans le modèle américain. Et c’est pour cela que Lothin Elissa est tout en générosité : envers ses parents dont la fondation porte le nom ; envers les plus démunis que cette fondation soutient ; envers le Cameroun, comme le démontre cette dernière initiative, un authentique exploit diplomatique au royaume chérifien.
On peut bien évidement lire dans mon propos les élucubrations et les circonlocutions du poète, de l’artiste séduit par son modèle. Il y a indéniablement de cela. Je l’ai déjà dit, j’aime cette jeunesse. Cependant, l’homme doté de la mauvaise foi la plus ardue y verra aussi l’analyse d’un observateur passionné de sa société et de cette jeunesse qui soulève notre fierté et les montagnes. Et qui est prête à mettre le monde à notre portée. De grâce, laissons la agir.
Quant à moi, l’expérience marocaine a été pour moi un de ces émerveillements toujours plus élevés dont je ne m’habituerai jamais, de la part de mes jeunes amis, en l’occurrence, le président Louis Deschamps Lothin Elessa et son conseiller particulier Steve Oyono-Elemva de Cogefar.
*À propos de l’auteur
Écrivain français d’origine camerounaise, Gaston Kelman, s’est fait connaître par son essai provocateur « Je suis noir et je n’aime pas le manioc », paru en 2003, où il démonte les stéréotypes sur la communauté noire avec une franchise déconcertante. Son ouvrage, « Les hirondelles du printemps africain », publié en 2007, fait écho aux révolutions politiques et économiques qui continuent de redéfinir le destin du continent africain. Régulièrement interpellé sur les débats du continent, Gaston Kelman se positionne comme un disciple de Frantz Fanon.