De mai 2018 à décembre 2022, la Cameroon Development Corporation (CDC), le mastodonte agro-industriel du pays situé dans la région du Sud-Ouest, a cumulé une dette globale d’environ 81,7 milliards de FCFA (129 millions USD). Dans le détail, ce montant résulte de 31 milliards de FCFA (48,9 millions USD) de dette fiscale, de 24 milliards de FCFA (37,9 millions USD) réclamés par la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et 35,7 milliards de FCFA (56,4 millions USD) de dette salariale. Une situation qui, en 2022, amène la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublics (CTR) à classer la CDC parmi les entreprises publiques dont le risque d’endettement est « très élevé ».
A l’analyse, au cours de la période sous revue, cette entreprise publique spécialisée dans la production, la transformation et la commercialisation des cultures d’exportation (banane, huile de palme et caoutchouc) a subi les affres de la crise sécuritaire déclenchée en novembre 2016 dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. La CDC avait dû arrêter ses activités pendant cette période. Et pour cause, apprend-on, le nombre d’employés a chuté de 35% en huit ans, passant de plus de 20.000 en 2016 (avant la crise) à 13.000 employés en 2024. Cette tendance baissière s’est étendue aux exportations (-66,2%). Elles sont ainsi passées de 71.789 tonnes en juillet 2015 à 24.216 tonnes en septembre 2024. Idem pour les ventes qui ont chuté de 63,6%. Etablies à environ 55 milliards de FCFA (près de 87 millions USD) avant la crise sécuritaire, ces ventes sont de 20 milliards de FCFA (environ 32 millions USD) actuellement.Pour relever le deuxième employeur public du Cameroun, en septembre 2022, sous l’impulsion du Premier ministre, son top management a entrepris d’élaborer un plan de redressement. Dont l’une des résolutions est le paiement des arriérés de salaires en deux tranches : 20 milliards de FCFA (environ 32 millions USD) en 2024 et 15,7 milliards de FCFA (près de 25 millions USD) en 2025.
Pour justifier les retards de décaissement de la première tranche malgré une ordonnance du chef de l’Etat à ce propos, la CDC indique que « la National Financial Credit Bank (NFC Bank), retenue pour la cause, n’a pas pu exécuter sa mission car, étant en restructuration, elle était en porte-à-faux avec les exigences de la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) ». A la NFC Bank se sont désormais ajoutées FedhEn Capital, et Société Générale Cameroun.