Profitant du dégel des tensions diplomatiques entre la France et le Maroc, marqué par la récente visite d’État du Président Macron à Rabat, l’ambassadrice du Maroc en France, Samira Sitail, a interpellé les États membres de l’espace Schengen en général, et en particulier la France, concernant les difficultés croissantes rencontrées par les ressortissants marocains dans leurs demandes de visas.
Par Rodrigue Fénelon Massala
Dans son plaidoyer diplomatique, fondé sur les principes de réciprocité et de traitement équitable des demandes de visas, la représentante plénipotentiaire du Royaume chérifien en France dénonce un système qu’elle qualifie d’« indécent ». Elle pointe notamment les frais élevés imposés aux demandeurs marocains, souvent sans garantie d’obtention du précieux sésame.
Selon les chiffres communiqués par la diplomatie marocaine, en 2023, sur 310 057 demandes de visas Schengen déposées auprès des représentations diplomatiques et consulaires françaises au Maroc, 55 615 ont été rejetées, et ce malgré des dossiers jugés complets.
L’ambassadrice a également relevé les multiples obstacles auxquels sont confrontés les demandeurs de visas marocains. Elle a souligné, entre autres, les délais d’attente excessifs, le nombre limité de rendez-vous disponibles et le recours forcé, dans certains cas, à des intermédiaires payants. Mais ce qui ressort le plus dans son discours, c’est le manque de transparence dans le processus décisionnel.
Face à ces dysfonctionnements, la diplomate marocaine plaide pour une révision urgente du système de délivrance des visas. Pour elle, « la crédibilité du système et son image auprès des populations africaines sont en jeu ».
D’après nos sources au Quai d’Orsay, cette prise de position pourrait déboucher sur une refonte significative des procédures d’attribution des visas Schengen pour les ressortissants marocains.
Face à ces enjeux géopolitiques et géostratégiques, la balle est désormais dans le camp des autorités européennes, qui devront apporter des réponses concrètes aux préoccupations soulevées par la plénipotentiaire marocaine en poste à Paris.