“Chaque PME qui réussit représente un pas de plus vers une économie plus robuste et inclusive”
Financial Afrik est allé à la rencontre de Branham Kintombo, Directeur Général du Fonds d’Impulsion de Garantie et d’Accompagnement (FIGA) , une structure publique d’appui au développement des Micros, Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (MTPMEA) mise en place par le gouvernement congolais. Avant d’occuper ce poste, M. Kintombo a exercé pendant douze ans dans le secteur bancaire , notamment chez UBA Congo et à la Banque Congolaise de l’Habitat, où il avait la responsabilité de gérer les risques et les engagements. Ces expériences lui ont permis d’acquérir une expertise solide en matière de structuration financière, de gestion des risques et de développement de stratégies d’accompagnement pour les entreprises. Aussi, pour ce haut cadre, sa mission au FIGA s’inscrit dans la continuité de son engagement à favoriser l’accès au financement, en particulier pour les petites entreprises car, déclare-t-il, «je suis convaincu que ce levier est essentiel à la croissance de notre économie. Diriger le FIGA va au-delà d’une simple mission professionnelle, c’est un engagement personnel pour le développement économique de notre pays. Chaque PME qui réussit représente un pas de plus vers une économie plus robuste et inclusive.”
Depuis votre nomination en avril 2024, quelle a été votre vision pour le FIGA et comment cette vision s’est-elle concrétisée jusqu’à présent ?
Dès mon arrivée, j’ai voulu positionner le FIGA comme un acteur incontournable du soutien aux Micros, Très Petites, Petites et Moyennes Entreprises (MTPMEA). Ma vision repose sur une conviction forte : Nous devons lever les obstacles financiers, mais aussi stratégiques, qui freinent les entrepreneurs congolais. Cette ambition s’est traduite par une série d’initiatives concrètes, dont la première a été l’augmentation de notre capital à 30 milliards de FCFA, permettant de renforcer notre capacité d’action.
Nous avons également lancé des programmes d’accompagnement technique pour aider les entrepreneurs à structurer leurs projets et à améliorer leurs compétences en gestion. À ce jour, plus de 500 MTPMEA bénéficient de nos services, et nous avons pour ambition de doubler ce chiffre dans les deux prochaines années.
Vous avez mentionné l’ambition de positionner le FIGA comme un acteur clé du développement économique. Quels sont les principaux axes stratégiques que vous avez mis en place pour atteindre cet objectif ?
Mon ambition pour le FIGA est claire : nous devons être le catalyseur de la croissance des MTPMEA congolaises. Pour y parvenir, nous avons mis en place une stratégie structurée autour de trois axes majeurs. Premièrement, nous avons renforcé l’accès aux financements en diversifiant nos mécanismes de garantie. Cela permet d’accompagner des entreprises à différents stades de leur développement, que ce soit en phase de démarrage, de croissance ou de relance. Deuxièmement, nous avons introduit un accompagnement personnalisé pour chaque entreprise soutenue, incluant des formations sur la gestion, la finance et la stratégie commerciale.
Cet accompagnement est essentiel pour que les PME puissent non seulement survivre, mais prospérer dans un environnement économique complexe. Enfin, nous avons établi de nouveaux partenariats avec des banques et des institutions financières pour faciliter l’accès au crédit, notamment en partageant les risques à travers des garanties spécifiques adaptées aux besoins des MTPMEA.
Pourriez-vous nous expliquer les réformes structurelles entreprises sous votre direction ?
L’une des premières réformes structurelles a été de renforcer notre gouvernance interne. Nous avons mis en place un processus d’audit rigoureux, renforcé nos mécanismes de contrôle des garanties et instauré une transparence totale dans la gestion des fonds. Nous avons également rationalisé nos opérations pour mieux répondre aux besoins des entrepreneurs en leur offrant un service rapide et efficace. Par ailleurs, l’augmentation du capital à 30 milliards de FCFA a été une étape clé pour augmenter notre capacité à garantir les crédits et à soutenir les entreprises à grande échelle.
« Nous avons non seulement doublé nos ressources financières, mais aussi notre impact potentiel sur l’économie congolaise. » Ces réformes ont permis au FIGA d’être plus agile et de mieux répondre aux attentes du marché.
L’augmentation du capital à 30 milliards de FCFA est un changement majeur. Comment cela renforce-t-il la capacité du FIGA à soutenir les MTPMEA ?
L’augmentation de notre capital à 30 milliards de FCFA a doublé notre capacité d’action. Cela signifie que nous sommes désormais en mesure de garantir des prêts plus importants, mais aussi d’élargir le nombre de bénéficiaires. En 2023, le FIGA a soutenu 200 MTPMEA, et avec ce nouvel apport de capital, nous visons à accompagner plus de 500 entreprises d’ici 2025. Cette augmentation nous permet également de développer de nouveaux produits financiers adaptés aux besoins spécifiques des entreprises, que ce soit pour financer des projets à court terme ou pour garantir des investissements plus conséquents. « Avec ce capital renforcé, nous ne nous contentons pas d’augmenter les chiffres ; nous augmentons l’impact. »
Quelles mesures avez-vous mises en place pour restaurer la confiance des parties prenantes envers le FIGA ?
Restaurer la confiance a été une de mes priorités dès mon arrivée. Nous avons d’abord instauré une transparence totale dans nos opérations, en publiant régulièrement des rapports d’activités et en assurant une communication claire avec toutes les parties prenantes. Nous avons également mis en place un cadre de gestion des risques rigoureux pour assurer que les fonds et garanties soient utilisés de manière optimale.
« La confiance ne se décrète pas, elle se gagne au quotidien. Nous avons montré que le FIGA est un partenaire fiable pour les entrepreneurs et les institutions financières. » Cette approche a déjà commencé à porter ses fruits, avec un regain de confiance de nos partenaires bancaires et une augmentation des demandes de garantie.
Comment la transparence et la rigueur dans la gestion des fonds sont-elles assurées au sein de l’organisation ?
Nous avons mis en place plusieurs mécanismes pour assurer une gestion rigoureuse des fonds. Tout d’abord, chaque projet est soumis à un processus d’évaluation strict avant d’être financé. Ensuite, nous effectuons un suivi régulier des entreprises que nous accompagnons pour nous assurer que les fonds sont utilisés conformément aux objectifs fixés. De plus, nous avons mis en place des audits internes et externes pour garantir la conformité de nos opérations. « Au FIGA, la rigueur n’est pas une option ; c’est une nécessité pour assurer la pérennité de notre action. »
La transparence est au cœur de notre démarche, et chaque franc investi doit générer un retour non seulement pour l’entreprise, mais aussi pour l’économie nationale.
Quels types de partenariats avez-vous renouvelés avec des institutions financières et comment ces partenariats bénéficient-ils aux MTPMEA ?
Nous avons renouvelé plusieurs partenariats stratégiques avec des banques locales et internationales, ainsi qu’avec des institutions de microfinance. Ces partenariats nous permettent d’offrir des solutions de financement plus flexibles et adaptées aux besoins des MTPMEA.
Par exemple, notre partenariat avec le Fonds de Solidarité Africain (FSA) nous permet de bénéficier de mécanismes de co-garantie, ce qui nous aide à réduire les risques financiers pour nos partenaires bancaires. « Ces collaborations sont essentielles pour élargir l’accès au financement, car elles permettent de lever des obstacles que les petites entreprises ne pourraient pas surmonter seules. » À travers ces partenariats, nous avons déjà pu financer plusieurs projets d’envergure et nous comptons en multiplier le nombre dans les années à venir.
Comment envisagez-vous d’améliorer la collaboration avec les banques et établissements financiers dans le futur ?
Notre objectif est de renforcer encore davantage notre collaboration avec les banques et établissements financiers, en mettant en place des mécanismes de co-garantie plus robustes et en créant des produits financiers innovants adaptés aux spécificités du marché congolais. Nous envisageons également d’organiser des forums réguliers entre le FIGA et les institutions financières pour faciliter l’échange d’informations et promouvoir des solutions communes.
Nous voulons construire un véritable écosystème financier où chaque acteur, qu’il s’agisse d’une banque ou d’un entrepreneur, trouve sa place et prospère. Cela passe par une collaboration étroite avec toutes les parties prenantes et un dialogue permanent pour identifier les meilleures solutions pour nos MTPMEA.