De notre Envoyé spécial à Casablanca, Nephthali Messanh Ledy
C’est devant un parterre de plus de 1.000 participants, du secteur public et du privé, que l’Africa Financial Summit (AFIS) 2024 s’est ouvert ce lundi 9 décembre à Casablanca, la capitale économique du Maroc, sous le thème « Une nouvelle ère : le temps des puissances financières africaines est venu ».
La rencontre a lieu dans une « métropole dynamique », dont « l’histoire de l’Afrique, l’Europe et le monde arabe a toujours été un lieu de rencontres et de décisions stratégiques pour le continent », a déclaré Nadia Fettah, la ministre de l’Économie et des Finances du Maroc. « Le Maroc ne prétend pas être le centre de l’Afrique, mais aspire à être au cœur de chacun de ses citoyens en partageant une ambition commune, bâtir un continent prospère, juste et durable. Dans ce contexte, la finance joue bien entendu un rôle important », a-t-elle ajouté.
Selon la ministre, abriter ce sommet à Casablanca témoigne de « cette dynamique collective » et de l’engagement profond du Maroc envers un « avenir meilleur pour notre continent ».
Un « espace économique fragmenté »
Dans son discours, celle qui estime que « la fluidité des capitaux est le socle sur lequel reposent l’innovation, la croissance et la prospérité », n’a pas manqué d’appeler à une combinaison entre souplesse et solidité. « Souplesse pour laisser circuler les flux économiques, financiers et humains, dynamiser l’économie, et solidité pour bâtir des valeurs robustes et résilientes face aux défis économiques et géopolitiques ».
« Pour l’avenir, les besoins de financement pour les infrastructures, la transition écologique et l’inclusion sociale dépassent les 800 milliards de dollars d’ici 2030. La circulation efficace des capitaux devient une nécessité stratégique. Pourtant, le continent est face à des obstacles structurels, culturels, réglementaires et technologiques qui prennent cette dynamique essentielle. L’Afrique, avec ses 54 pays de régulation aux devises variées, reste un espace économique fragmenté. Cette réalité complique la vie de circulation des capitaux et se traduit par des défis majeurs », a-t-elle déploré.
D’ailleurs, dira-t-elle, environ 80% des transactions intra-africaines passent encore par des devises étrangères, augmentant ainsi les coûts et les délais. A cela s’ajoutent les coûts effectifs des transferts d’argent. Un fardeau qui freine les échanges économiques et réduit l’impact des emplois et les envois de la diaspora.
Catalyseur
Cette rencontre, qui a lieu à Casablanca après 2 éditions à Lomé (Togo), rassemble plusieurs gouverneurs de banque centrale, présidents d’autorités de régulation, et des champions du secteur financier panafricain. « Pour la petite histoire, nous avions eu l’idée de cette conférence dès l’annonce du projet de la Zlecaf en 2018 mais c’est à l’issue d’un voyage au Maroc, un an plus tard en 2019, que nous avons pris la décision de la lancer après avoir réalisé combien la vision panafricaine du Maroc dans ce secteur avait été un catalyseur de transformation », a confié Amir Ben Yahmed, président de l’Africa Financial Summit dans son allocution d’ouverture.
« Que ce soit à travers la réussite des groupe Bank of Africa, Attijariwafa ou encore BCP, à travers le succès de la place financière de Casablanca qui a su séduire en une dizaine d’année près de 200 entreprises internationales s’intéressant au continent ou encore la capacité d’acteurs nationaux privés à acquérir seul des filiales importantes de groupe bancaire internationaux », a-t-il poursuivi.
« Ces réussites sont le résultat d’une vision panafricaine, Celle de sa Majesté le roi Mohamed 6 qui a toujours encouragé les acteurs marocains à mettre l’Afrique au cœur de leurs enjeux de développement et à le faire en veillant à promouvoir un esprit de partenariat sud-sud. Celles des différents régulateurs qui ont su encourager l’initiative privée en dehors des frontières tout en veillant à l’encadrer sur le plan prudentiel », a-t-il aussi déclaré.
Le président de l’AFIS a salué, par ailleurs, quelques grands noms du secteur financier qui ont particulièrement illustré l’esprit de son organisation ces 12 derniers mois : il s’agit d’Aigboje Aig-Imoukhuede du groupe nigérian Access, Idrissa Nassa de Coris Group, et Abdeslam Alaoui Smaili, directeur général du groupe Hightech Payment Systems (HPS), fort ovationnés par la foule.