Bank Al Maghrib (BAM) au Maroc et la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans la zone UEMOA constituent certainement les deux meilleurs élèves africains en matière de maîtrise de l’inflation et de l’efficience de la politique monétaire . Ces deux banques centrales, dirigées respectivement par Abdelatif Jouahri et Jean Claude Kaci Brou, illustrent parfaitement la tension entre l’orthodoxie monétaire et les nécessités adaptatives dictées par les conjonctures internes et externes changeantes.
Bank Al Maghrib a abaissé son taux directeur à 2,5%, une décision qui reflète une inflation maîtrisée et des prévisions économiques incertaines à l’échelle globale. Cette mesure, annoncée le 17 décembre lors de la réunion trimestrielle du Conseil à Rabat, est le fruit d’une stratégie qui privilégie la stabilité des prix tout en laissant les politiques économiques stimuler la croissance. La banque a clairement indiqué qu’elle continuerait d’ajuster sa politique monétaire en fonction des nouvelles données économiques, soulignant son engagement envers une gestion réactive et informée.
De son côté, la BCEAO a maintenu début décembre un taux directeur plus élevé à 3,5%, répondant à une inflation légèrement au-dessus de sa cible. Cette décision, prise lors de la quatrième session annuelle de son Comité de politique monétaire à Dakar, s’appuie sur une analyse détaillée de la situation économique, monétaire et financière de la région. Malgré une inflation persistante , encore au delà du seuil de 3%, la BCEAO a choisi de stabiliser sa politique monétaire pour préserver la viabilité économique et financière de l’Union, tout en prenant en compte les risques liés à la sécurité, au climat et aux tensions géopolitiques.
Bien que BAM et la BCEAO adoptent des approches différentes, leurs actions sont guidées par un principe commun : la neutralité et l’autonomie de la banque centrale dans la gestion de l’inflation. Chacune, à sa manière, adapte sa stratégie aux conditions spécifiques de son environnement. Cette divergence reflète la complexité des économies qu’elles régissent et la flexibilité nécessaire pour naviguer dans des eaux économiques souvent turbulentes.
À l’avenir, les défis pour BAM et la BCEAO resteront considérables, notamment en termes de gestion des attentes inflationnistes et de réponse aux chocs externes.