Par Guillaume Soto-Mayor*, Président d’Egregor
Face aux échecs des réponses aux crises systémiques, Egregor est une organisation à but non lucratif dont l’objectif est de multiplier le potentiel d’impact des meilleurs innovateurs sociaux et environnementaux à travers le monde.
La communauté internationale échoue à atténuer les crises systémiques qui secouent notre monde. En Afrique, des conflits violents persistent au Darfour, en RDC ou au Sahel, tandis que les inégalités économiques et sociales continuent d’alimenter des frustrations profondes. Les solutions traditionnelles basées sur des modèles socio-économiques néolibéraux ont non seulement échoué à atténuer ces tensions, mais en ont souvent créé de nouvelles. L’inefficacité des systèmes actuels d’aide internationale, marquée par une allocation des ressources erronée, voire alimentant une pratique criminelle du pouvoir et de l’administration, en est un symptôme criant.
Malgré des décennies d’aide étrangère, la pauvreté a explosé, avec 75 % des personnes les plus démunies vivant désormais sur le continent contre 10% en 1970. Ainsi, en 2019, l’Afrique demeurait le seul continent où les flux d’aide au développement excèdent les flux d’investissements, mais l’aide n’a eu qu’un impact marginal sur la croissance des États, l’amélioration des services publics et des conditions de vie des plus défavorisés. Les mécanismes actuels d’aide étrangère, même quand ils sont bien intentionnés, sont fondamentalement viciés. Une étude de 2020 sur la capture par les élites a révélé que l’aide finit souvent par enrichir une minorité via des comptes offshore, plutôt que de bénéficier aux communautés locales. Cela reflète une gestion inadéquatedes ressources publiques : les fonds destinés au développement sont mal utilisés voire dévoyés par des processus bureaucratiques lourds et inefficaces.
Pire, les start-ups et les associations sont contraintes de produire des chiffres et des indicateurs de réussites clinquants qui ne servent, au final, que les grands bailleurs de fonds. Ces derniers s’en prévalent dans leur communication institutionnelle sans que rien ne change vraiment. Les innovateurs et créateurs ayant le potentiel d’aider de larges communautés par leurs idées, ceux qui pourraient apporter des solutions aux crises, sont piégés dans un cycle sans fin de recherche de financement, de gestion contrainte et de reporting, les obligeant à ajuster leurs projets pour répondre aux attentes changeantes des donateurs, souvent éloignées des réalités locales. Ainsi les bailleurs de fonds imposent des indicateurs de performance quantitatifs, au détriment d’un impact réel et durable. Cette course aux résultats immédiats épuise les ONG et les startups sociales, en les empêchent de déployer pleinement leur potentiel et de répondre aux défis complexes auxquels nous sommes tous confrontés.
La méthode Egregor
Née il y a deux ans de la réflexion d’une vingtaine de professionnels de neuf nationalités différentes, la méthode Egregor adresse les obstacles empêchant les idées utiles à nos sociétés et à notre planète de suffisamment se diffuser. Pour construire notre modèle nous avons confronté nos expériences en parlant avec des centaines d’innovateurs sur les cinq continents. La conviction que nous en avons tiré est qu’il faut recréer de l’espoir dans un avenir meilleur par du concret. En effet, les changements systémiques reposent sur des solutions locales passées à l’échelle, portées par des innovateurs indépendants et soutenues par des partenariats basés sur la confiance et l’éthique.
Ainsi, Egregor agit comme un catalyseur du changement en plaçant les innovateurs sociaux au cœur de la transformation et en levant les plafonds de verre qui freinent toutes les formes d’innovation. Fondée sur la confiance, l’éthique et la collaboration, notre méthode rejette le contrôle et la conformité pour privilégier l’autonomie et la créativité. En renforçant les structures et en valorisant les idées, nous libérons les innovateurs de contraintes gestionnaires éloignées de leurs cœurs de métier, leur permettant ainsi de déployer pleinement leur talent et leur savoir-faire au service de nos sociétés.
Notre mission d’intérêt général, sans recherche de profits, est d’accompagner ces innovateurs en renforçant leurs fonctions supports – ressources humaines, comptabilité, communication, gouvernance – pour accroître leur résilience et leur offrir du temps pour déployer leur action au profit de nos sociétés. Nous coconstruisons ainsi des solutions avec ces acteurs d’exception en Afrique tels que Mandulis Energy en Ouganda ou Idaraty.tn en Tunisie, en leur offrant un appui global combinant soutien financier, assistance technique et partenariats stratégiques.
La capacité d’Egregor à se mettre véritablement au service des structures innovantes repose, cependant, sur notre indépendance totale et la variété de soutiens techniques et financiers que nous recevons. Notre modèle n’existera donc pas sans vous, sans votre aide, petite ou grande, que ce soit par la mise à disposition de vos compétences, méthodes et expertises pour répondre aux besoins identifiés des innovateurs que par la générosité d’une donation. Il est temps de faire différemment, de changer les pratiques, de donner le pouvoir aux acteurs de terrains et d’aider à essaimer les solutions qu’ils portent. Ensemble, nous allons construire un avenir plus juste et durable.
*A propos de Guillaume Soto-Mayor
Guillaume Soto-Mayor est actuellement le président d’Egregor, un catalyseur d’énergies au service de l’innovation sociale et environnementale, consultant indépendant et expert en questions politiques et sécuritaires en Afrique et en Europe, chercheur non résident au Middle East Institute et chercheur principal au CRTG-Working Group ainsi qu’à l’Institut de Tombouctou. Il a également été ingénieur de recherche au sein de l’équipe de recherche en sécurité et défense (SDRTI3C) au CNAM de Paris et est désormais expert associé au SDRTI3C. Il a notamment mené des recherches sur le terrain et des analyses concernant le terrorisme, la criminalité organisée, la violence religieuse, sociale et politique à travers l’Afrique. Il est l’auteur de plusieurs publications académiques et non académiques et intervient régulièrement dans les médias internationaux (BBC, CNN, France 24, RFI, Al Jazeera, etc.). Il est également directeur de l’ouvrage récemment publié *The Economies of Violence* (éditions Brill).
Un commentaire
Je rejoins le postulat de la méthode EGREGOR pour agir ensemble dans un ouvrage que je viens de publier aux éditions de l’Harmattan: Prendre soin des hommes et de la planète, eau, terre, arbres et nutrition ; 120 solutions au SUd