Alors que s’ouvre ce lundi 24 février à Marrakech, la 49e édition des assemblées de la Fédération des Sociétés d’Assurances de Droit National Africaines (la FANAF) , l’expert Abdou Cissé , CEO du Groupe Cisco Consulting-Solviseo, appelle à rendre obligatoire certaines assurances et à innover.
RENDRE OBLIGATOIRE CERTAINES ASSURANCES ET INNOVER EN SYNERGIE FINANCE-ASSURANCE
Pour accompagner les économies africaines vers ledéveloppement durable
Comment sortir du sous financement des économies africaines et particulièrement celles de la zone franc CFA ? Comment accompagner les Etats africains à mieux structurer le financement des PMI et PME ? Sachant que les établissements financiers ne prennent pas de risques devant l’inconnu, comment accompagner les Etats pour atténuer ces risques ?Comment inciter les banques à accompagner d’avantage les entreprises en tenant compte des réels problèmes que cause la présence sur nos marchés des oligopoles (qui ne financent pas assez les économies régionales mais plutôt les projets de leurs entreprises) ?
Pour des solutions à ces problèmes de l’Afrique, il est impératif de donner à l’assurance sa place dans le développement économique en passant par de réelles synergies avec le secteur financier.
Les Etats africains doivent prendre conscience de la nécessité de rendre obligatoires un certain nombre de produits d’assurances sur le marché et d’innover par la création de produits adaptés à nos réalités via une plateforme combinant la finance et l’assurance.
Zoom sur quelques exemples de produits innovants et nécessaires à la transformation Économique de la zone CFA.
P1 : Assurance Temporaire Défaut de Crédit Collectif (Entreprises et Ménages)
– Le contrat Garantie Temporaire Défaut de Crédit Collectif (avec capacité de recouvrement de la valeur résiduelle des biens) est une assurance collective souscrite par lesbanques ou institutions financières pour y faire adhérer leurs clients disposant d’un crédit en cours.
– Le contrat a pour objet de garantir à la personne morale assurée la capacité temporaire de recouvrir les échéances dues et non respectées par ses clients, suite à des défauts successifs de remboursements.
En cas de défaillance du client sur une période donnée, l’assureur compense le manque à gagner de la banque à hauteur d’une franchise aléatoire définie dans les conditions particulières. La banque continue d’exécuter la procédure de garantie et l’assureur dispose d’un droit sur les recours afférents à ces sinistres. Le contrat d’assurance souscrit par la banque aura ainsi un double intérêt :
o La reconstitution des réserves de la banque pour augmenter sa capacité d’octroi de crédit dans le temps ;
o La possibilité de recours dont dispose l’assureur lui permet une reconstitution progressive de ses réserves ; ainsi, l’optimisation dans le temps permet de faire converger la sinistralité assurance vers zéro ; cette sinistralité assurance est strictement bornée par l’écart entre les montants d’indemnisation versés par l’assureur et la valeur résiduelle des biens après recours.
– L’assureur se réserve le droit de fixer une franchise d’indemnisation de la banque en fonction des volumes de crédits octroyés ;
– La modélisation peut passer par l’historique des défauts d’entreprises constatés dans la zone, appliqué à l’encours prêté (entreprises et ménages) selon le terme.
Une innovation en assurance dommage, à rendre obligatoire.
P2 : Plan d’Epargne Populaire (PEP)
Le Plan d’Epargne Populaire est un produit d’épargne en Unités de Compte que les compagnies d’assurance, les banques et les institutions financières peuvent commercialiserselon la fiscalité choisie par l’épargnant. Le fonctionnement de tels contrats d’assurance est simple :
– Sur 100F CFA investis par un épargnant, le contrat prévoit une garantie de taux annuel sur les 75F (entre 3.5% et 4% par exemple), et un investissement des 25F dans un Fonds de placement destiné à développer les petites et moyennes entreprises ou au financement de projets d’Etat.
Pour motiver les épargnants à participer au développement économique en allant sur les marchés, l’assureur pourra garantir à ces derniers qu’en cas de baisse significative de la valeur des titres financiers qui composent le panier du fonds, de reverser au moins les 100F investis (si le contrat n’est pas racheté sur huit années après la souscription).
– Les assureurs créeront ainsi des produits d’épargne qui parlent aux citoyens. L’investissement des contribuables servira à alimenter l’économie réelle, à doper l’épargne individuelle et collective et permettre de fiscaliser l’ensemble de l’activité économique. Les épargnants participeront au dynamisme de nos marchés et l’informel pourra intégrer un système financier formel.
– En exemple concret, plusieurs ressortissants des autres régions viennent travailler et s’installer en capitale ; si l’Etat leur propose des PEP destinés à la réalisation des infrastructures reliant la capitale à leurs régions, ils se sentiront très concernés par les projets et investiront massivement. Le marché aura commercialisé ainsi des produits qui parlent aux citoyens, orientés vers les réalités culturelles africaines pour contribuer aux évolutions économiques et sociales. Des PEP spécifiques pour la Diaspora peuvent être aussi institués.
Une innovation en produit d’assurance vie.
P3 : Assurance Caution Immobilière aux Particuliers (Crédit Logement)
L’Assurance Caution Immobilière aux Particuliers est un contrat collectif souscrit par les banques et les institutions financières qui y font adhérer tous leurs clients emprunteurs pour se loger. Cette assurance peut être proposée comme alternative à l’hypothèque.
– Pour rappel, le crédit hypothécaire nécessite obligatoirement un acte notarié formel et permet à la banque, en cas d’impayés de l’emprunteur, de saisir et faire vendre le bien aux enchères, lui permettant ainsi d’être payée avant d’autres éventuels créanciers.
– L’Assurance Caution Immobilière aux Particuliers offre unegarantie en caution par l’assureur sous forme de sûreté réelle, acceptée par les banques, les institutions financières et l’autorité de contrôle du système bancaire.
– La modélisation peut passer par l’historique des défauts d’entreprises constatés dans la zone, appliqué à l’encours prêté aux ménages pour se loger selon le terme (dettes des ménages spécifiques au logement).
Un produit d’assurance dommage à rendre obligatoire.
P4 : Assurance pour Vente d’immeuble en l’Etat Futur d’Achèvement (VEFA)
– Obligation pour le promoteur immobilier de s’assurer pour sa responsabilité civile professionnelle vis-à-vis du futur acquéreur en cas de retard de livraison lié à des évènements indépendants de sa volonté ou en cas de défaut de livraison pour des raisons diverses.
– Le détenteur du contrat est assuré que la construction sera menée à son terme, même en cas de difficultés financières du promoteur.
– Le contrat garantit le prix de vente définitif (le prix de vente signé ne changera pas hors variations de TVA et clause de révision ne pouvant dépasser 5 % du prix).
– La modélisation passe par la valeur future du bien etabsence de données fiables, la modélisation la tarification peut être fonction du PIB de la construction et du niveau de logement neuf en construction appliqué au PIB total.
Un produit d’assurance dommage à rendre obligatoire.
P5 : Assurance Plan Epargne Retraite Supplémentaire par l’Entreprise
La retraite supplémentaire par l’entreprise doit être gérer spécifiquement par les assureurs. Pour améliorer la retraite de ses salariés, L’entreprise s’engage à une retraite supplémentaire et verse des cotisations (en part employeur et en part salarié). Selon la nature de l’avantage qu’elle souhaite accorder à ses salariés, son engagement peut prendre la forme d’une obligation de moyens ou d’une obligation de résultats. Dans le premier cas, l’entreprise mettra en place un régime à cotisations définies (le montant des cotisations périodiques est conventionnellement fixé) ; dans l’autre cas elle adoptera un régime à prestations définies (au départ à la retraite du salarié, l’entreprise garantie un niveau de pension dont le montant est prédéterminé par convention).
Une innovation en produit d’assurance vie, à rendre obligatoire.
P6 : Prêt à la Participation aux Bénéfices
– Exemple de modèle : Prêt à la participation aux bénéfices, par excellence anti RIBA : Je vous prête 100, vous me donnerez 30% de vos bénéfices et le nominal progressivement (avec réédition annuelles des comptes objectivés de l’emprunteur).
– S’applique le taux contre-actualisé de participation aux bénéfices.
– Contrat de prêt à instituer dans le code monétaire et financier ; un véhicule financier souple, en lien avec la philosophie africaine.
D’autres couvertures comme l’Assurance Externalisation des Indemnités de Fin de Carrière, la Multirisque Habitationet la Responsabilité Civile Professionnelle méritent aussi d’être obligatoires.
Pourquoi est-il nécessaire d’innover ?
En matière d’activité économique, les pays avancés vont à la vitesse d’un effet de levier d’au moins dix (10 fois leur base monétaire) ; ils vont vite au point où un acteur économique qui crée une entreprise ou achète un bien immobilier, reçoit de suite l’actualisation du tiers de ses revenus futurs (sur 15 ans minimum) ; ce qu’aucun acteur économique africain de la zone franc CFA ne peut disposer. Cette différence de potentiel, de croissance économique interne se traduit par la monnaie et par la pression que l’Occident met avec son argent sur lestermes de l’échange. Ceci nous donne le sentiment d’infériorité car ils ont dix fois plus accès à des services qui semblent naturels comme la santé. La cause des causes decette différence de potentiel est la différence d’accès à la monnaie, car nous sommes considérés comme moins solvablessur des critères de notations sans fondement. C’est là où il faut trouver les raisons d’innover en croisant la banque et l’assurance car le taux d’intérêt est une combinaison d’uncoût de refinancement et d’une couverture d’assurance. Ce croisement des deux activités est nécessaire pour financer des projets dont le système d’assurance peut parfaire la capacité de remboursement.
Conclusion
L’Europe continentale et le monde anglo-saxon n’ont eu aucun recours à des emprunts sur les marchés financiers pour construire leurs infrastructures et accéder au développement économique. Ils ont bénéficié d’une large flexibilité monétaire octroyée par leurs banques centrales (prêts sans intérêt et circuit du Trésor) et aussi d’une aide financière par le plan Marshall.
À la fin des accords de Breton Wood, après avoir fini de bâtir toutes ses structures, l’Occident a créé un système financier comme ensemble des institutions dont la matière première est une dette, et le FMI et la BM ont imposé aux pays en voie de développement d’aller se financer sur les marchés.
Ce système financier occidental a explosé en 2008 suite à des dérives de couvertures abusives non contrôlées par une autorité.
Le continent africain a ainsi l’obligation aujourd’hui, de tenir compte des évènements vécus au cours des deux derniers siècles pour bâtir ses propres modèles par ses propres moyens.
En exemple, depuis 65 ans, la zone franc CFA fonctionne avec un modèle financier asphyxié par l’absence de couverture intégrale de l’activité économique par le marché des assurances.
Le moment est venu pour que banquier et assureur se mettent ensemble pour créer une plateforme de synergies entre finance et assurance.
Pour avancer il faut créer ; le continent africain doit regarder le métier d’assurance comme un vecteur directeur des évolutions économiques, sociales et financières.
Abdou Cissé et les Experts du groupe CISCO CONSULTING-SOVISEO