Par Yann Kasay*
Le secteur bancaire africain se doit d’observer attentivement les conclusions issues du Sommet pour l’action de l’IA à Paris. En 2025, l’Afrique doit se redéfinir avec l’IA dans un marché où les investissements atteindront 75 milliards de dollars d’ici 2030 pour le secteur bancaire seul, notre continent ne peut rester spectateur.
Un moment charnière pour la transformation digitale africaine
Le secteur bancaire africain se trouve à un carrefour. Nos institutions font face à des défis structurels, notamment des coûts opérationnels élevés, un accès limité aux services dans les zones rurales et des risques de crédit importants. L’IA peut apporter des solutions agiles et adaptées à ces problèmes. Le secteur bancaire peut d’ailleurs s’inspirer des 10 projets africains issus d’autres secteurs sélectionnés au Forum de Paris sur la Paix qui démontrent notre capacité à développer des solutions locales sur mesure, par et pour l’Afrique qui rayonnent à l’international.
Une opportunité unique d’innovation frugale
L’IA et l’automatisation intelligente pourraient faire économiser 70 milliards de dollars aux banques africaines d’ici 2025. Une opportunité sans précédent d’étendre nos services aux populations encore non bancarisées, tout en maîtrisant nos coûts. Nos atouts sont là : une population jeune et technophile, des régulateurs ouverts à l’innovation, et l’agilité pour adopter les technologies récentes sans l’inertie des systèmes hérités qui freinent les banques occidentales.
Un appel à l’action collective
Le moment est donc venu pour les acteurs africains d’investir dans la formation aux technologies de l’IA, de créer des partenariats avec les centres de recherche africains, et de développer des solutions “at scale” adaptées à nos marchés. Notre voix doit porter dans les discussions sur la gouvernance de l’IA pour faire valoir notre réalité africaine. La présence de plusieurs délégations africaines au Sommet de Paris pour l’IA doit marquer le début d’une ère. Nous ne pouvons plus être de simples consommateurs de technologies importées. Notre secteur bancaire en pleine croissance doit devenir un laboratoire d’innovation, où l’IA servira l’inclusion financière et le développement du continent.
L’histoire nous jugera sur notre capacité à transformer cette opportunité en réalisations concrètes. Le temps de l’action est venu.
*A propos
Yann Kasay est Entrepreneur, consultant spécialisé dans l’accompagnement de dirigeants africains dans l’intégration de solutions IA adaptées aux réalités du continent.