Comme nous l’annoncions en exclusivité le 18 janvier 2025, Société Générale Mauritanie a été cédée au consortium formé par Enko Capital et Oronte, suite à un accord signé avec le groupe bancaire français. Dans un entretien exclusif accordé le 24 mars 2025 à Financial Afrik, Cyrille Nkontchou et Eric-Bastien Ballouhey, les deux hommes aux commandes de cette reprise, détaillent leur vision et les ambitions qu’ils nourrissent pour la banque mauritanienne. « Nous voulons faire de Société Générale Mauritanie un centre d’excellence bancaire et un acteur majeur du financement de l’économie nationale », affirme d’emblée Eric-Bastien Ballouhey, bien connu dans le paysage bancaire local. Et pour cause, c’est lui qui avait ouvert la banque en 2005, en partenariat avec Société Générale. Aujourd’hui, dans un retour aux sources à forte valeur symbolique, il entend donner une nouvelle impulsion à l’institution.
Consolider, moderniser, financer
En attendant la prochaine validation formelle du régulateur, les repreneurs ont déjà tracé les grandes lignes de leur feuille de route. « Dans les actions immédiates, nous allons renforcer les ressources humaines », précise Ballouhey. À moyen terme, la stratégie repose sur trois piliers : la consolidation interne, l’amélioration de l’efficacité opérationnelle, et la modernisation digitale, avec l’intégration d’outils technologiques de dernière génération. Mais au-delà de la seule transformation interne, les nouveaux propriétaires entendent positionner la banque comme un levier stratégique dans le financement de l’économie mauritanienne. « Nous mobiliserons des capitaux vers la Mauritanie pour accompagner des secteurs prioritaires, notamment le gaz, l’agriculture, les infrastructures », annonce Cyrille Nkontchou, soulignant l’importance de cette transformation dans un contexte économique dynamique.
Une ambition régionale assumée
L’acquisition intervient à un moment charnière, alors que la Mauritanie finalise le lancement de sa Bourse des valeurs mobilières. Une initiative que les nouveaux acquéreurs saluent et à laquelle ils comptent activement contribuer. « Le marché des capitaux est au cœur de notre expertise chez Enko Capital. Nous souhaitons accompagner l’État mauritanien dans ce processus, participer à l’animation du marché et créer un espace de financement durable pour les secteurs stratégiques », précise Nkontchou. Ce dernier n’exclut pas non plus l’ouverture du capital au secteur privé ni le développement d’une activité de gestion d’actifs (asset management).
Des profils aguerris
Avec une solide expérience dans le capital-investissement, les marchés financiers et la gestion d’actifs, Cyrille Nkontchou est un acteur bien connu de la finance africaine. Il a été investisseur dans Ecobank Côte d’Ivoire, administrateur de BGFI au Cameroun et il siège actuellement au conseil du groupe bancaire AFG ; il est également le frère et l’associé d’Alain Nkontchou, président du conseil d’administration du groupe Ecobank jusqu’en juin 2024, et co-fondateur de Enko Capital. Ancien de la banque Merrill Lynch, il connaît parfaitement les rouages de la finance internationale et continentale.
De son côté, Eric-Bastien Ballouhey, qui a débuté sa carrière dans les années 1990 chez Société Générale et State Street Banque et également à la tête des Grands Moulins de Mauritanie, entreprise créée en 1999, mise sur la continuité, l’expérience et la capacité à attirer les meilleurs talents pour réussir cette nouvelle aventure. À la question de savoir si cette opération pourrait être le prélude à d’autres acquisitions en Mauritanie ou en Afrique, Ballouhey, sourire en coin, glisse : « Pour le moment, nous sommes concentrés sur cette opération… mais nous ne nous interdisons rien. »