Un récent rapport du MCB Group, intitulé «Exploiter le potentiel commercial de l’Afrique : stratégies pour une croissance durable », met en lumière les opportunités et les défis du commerce sur le continent africain. Pour l’Afrique de l’Ouest francophone, plusieurs enjeux spécifiques se dégagent, nécessitant une attention particulière pour favoriser une croissance économique durable.
Selon Thierry Hebraud, PDG de MCB Ltd, les opportunités commerciales africaines sont «tangibles et durables», à condition d’adopter des solutions financières adaptées. Malgré les défis posés par les effets durables de la pandémie de COVID-19 et les tensions géopolitiques, la croissance du PIB africain devrait atteindre 4,2 % en 2025, stimulée par la reprise économique et la levée progressive des contraintes sur les chaînes d’approvisionnement.
L’un des principaux défis de l’Afrique de l’Ouest francophone réside dans le déficit d’infrastructures de transport et de communication. Ce manque entrave le commerce intra-régional et limite l’accès aux marchés internationaux. Le rapport souligne que le commerce intra-africain ne représente que 16 % du commerce total du continent, en grande partie à cause de ces insuffisances infrastructurelles.
À cet égard, l’Accord de libre-échange continental africain (ZLECAf), bien qu’ambitieux, peine encore à se concrétiser pleinement. Les défis liés à sa mise en œuvre, tels que les disparités réglementaires, les réticences politiques, et les insuffisances infrastructurelles continuent d’entraver la fluidité des échanges et freinent son plein potentiel d’intégration économique régionale.
Pour remédier à cette situation, des initiatives telles que le projet d’autoroute Abidjan-Lagos sont en cours. Ce corridor, traversant cinq pays, vise à faciliter les échanges commerciaux et à renforcer l’intégration économique régionale.
L’Afrique de l’Ouest francophone dépend encore largement de l’exportation de matières premières, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations des prix mondiaux. Le rapport du MCB Group préconise une diversification économique, notamment en développant des secteurs tels que l’agriculture durable et les énergies renouvelables. Ces secteurs offrent des opportunités pour accroître la valeur ajoutée locale et créer des emplois.
Par ailleurs, le secteur informel joue un rôle prépondérant dans les économies ouest-africaines. Bien qu’il offre des emplois à une large part de la population, il pose des défis en matière de productivité et de mobilisation des ressources fiscales. Une meilleure structuration de ce secteur pourrait améliorer les recettes fiscales et renforcer les capacités des États à investir dans des infrastructures essentielles.
Le rapport met en avant le rôle du Mauritius International Financial Centre (MIFC) en tant que plateforme facilitant les investissements en Afrique. Pour l’Afrique de l’Ouest francophone, des institutions telles que la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) jouent un rôle crucial dans la stabilité monétaire et la facilitation des transactions transfrontalières. La réforme en cours du franc CFA, visant à le remplacer par l’Eco, pourrait également influencer les dynamiques économiques de la région.
Pour exploiter pleinement le potentiel commercial de l’Afrique de l’Ouest francophone, des investissements accrus dans les infrastructures, une diversification économique, une meilleure intégration du secteur informel et une stabilité monétaire renforcée sont autant de leviers pour stimuler une croissance durable et inclusive dans la région.