Reconnue coupable de complicité de détournement de fonds publics par instigation, la patronne du Rassemblement national (RN) a écopé de quatre ans de prison dont deux ferme aménageable sous surveillance électronique, 100 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire. De quoi doucher ses ambitions présidentielles ?
Ce jugement prononcé par le tribunal correctionnel de Paris, ce lundi 31 mars, avec application immédiate au procès des assistants parlementaires du FN, constitue une nouvelle étape dans la carrière politique de la cheffe de file des députés du parti d’extrême droite.
Reconnue coupable d’avoir détourné des fonds publics européens pour rémunérer des assistants parlementaires européens entre 2009 et 2016, alors qu’ils travaillaient en réalité pour le FN, Marine Le Pen voit en effet sa carrière politique fortement bouleversée. En raison de cette condamnation, elle perd son mandat de conseillère départementale du Pas-de-Calais, mais conserve pour l’instant son siège de députée.
Cette décision de justice empêche alors la triple candidate malheureuse à l’élection présidentielle de se présenter en 2027, sauf en cas de succès en appel. Une éventuelle annulation ou réduction de sa peine pourrait modifier le paysage politique à venir.
Marine Le Pen et ses avocats ont immédiatement annoncé leur intention de faire appel, suspendant ainsi l’application immédiate de certaines sanctions. L’affaire pourrait donc rebondir devant la cour d’appel, voire la Cour de cassation, prolongeant l’incertitude sur son avenir politique.
En attendant, cette condamnation marque un tournant pour la droite nationale, qui doit désormais envisager une stratégie alternative pour les prochaines échéances électorales. L’issue de cette affaire aura sans aucun doute des répercussions majeures sur la scène politique française dans les années à venir.
« La justice n’est pas politique »
Interrogé sur 2027 et une potentielle candidature pour remplacer Marine Le Pen à la présidentielle, Jordan Bardella, président du Rassemblement national depuis 2021, dit «refuser de [se] mettre dans cette hypothèse tant que nous n’aurons pas combattu cette injustice.»
«Marine Le Pen […] m’a tout donné en politique […] la moindre des choses que je lui dois c’est de continuer le combat avec elle jusqu’au bout», a-t-il ajouté.
« La justice n’est pas politique, cette décision n’est pas une décision politique mais judiciaire, rendue par trois juges indépendants, impartiaux », a déclaré l’un des deux plus hauts magistrats de France, Rémy Heitz, en réaction aux critiques contre la condamnation.